La voix suisse la plus en vue dans la campagne électorale américaine est domiciliée dans le pittoresque village de 1600 âmes d'Einigen, au bord du lac de Thoune. Il s'agit du vice-champion olympique de ski-cross Alex Fiva, qui a quitté le canton des Grisons pour l'Oberland bernois il y a trois ans avec sa femme et ses deux enfants.
Fils d'une jeune fille au pair originaire des Grisons et d'un électricien norvégien, le champion du monde 2021 est né il y a 38 ans à Newport Beach, en Californie. C'est pourquoi il possède, en plus de son passeport suisse, la nationalité américaine et donc le droit de vote à l'élection présidentielle à venir. «Mon vote va à Kamala Harris, révèle Alex Fiva. Ce n'est pas comme si elle avait réussi à me convaincre. Mais je la préfère mille fois à Donald Trump!»
Marqué par une grande injustice
Alex Fiva a lui-même un talent politique, comme il le démontre régulièrement en tant que porte-parole des athlètes lors des réunions du conseil d'administration de la Fédération internationale de ski (FIS). «Alex interprète ce rôle de manière exceptionnelle, grâce à sa rhétorique experte, à sa forte opinion personnelle et à sa façon de penser très clairvoyante», fait remarquer le président de Swiss-Ski Urs Lehmann.
Son parcours sportif a été marqué par une grande injustice. Alex Fiva faisait partie des plus grands talents du canton des Grisons. Lors des courses OJ, il était l'un des adversaires les plus redoutables des futurs champions olympiques Carlo Janka et Sandro Viletta. «Comme Viletta, je voulais aller à l'école pour le ski de Stams, en Autriche. Bien que j'aie battu deux Autrichiens en géant et en slalom lors de l'examen d'entrée, ces deux Autrichiens ont été admis au Ski-Gymnasium, tandis que j'ai essuyé un refus, raconte-t-il. On m'a certes suggéré de repasser l'examen d'entrée un an plus tard. Mais j'ai refusé.»
Au lieu de jouer à fond la carte du ski alpin, ce cosmopolite a suivi une formation d'informaticien. Durant l'hiver 2007/08, Alex Fiva s'est essayé pour la première fois au ski-cross. Celui qui pèse 93 kilos lève les yeux au ciel lorsqu'il repense à cette époque. «À l'époque, nous n'avions pas du tout de budget en ski-cross, chaque vol et chaque hôtel devait être payé par nos soins. Heureusement, nous avions un entraîneur, Ralph Pfäffli, qui investissait chaque augmentation de salaire dans l'équipe.»
Avec le ski alpin?
Depuis, Alex Fiva et son sport ont évolué de manière grandiose. Après la médaille d'or en 2021, l'athlète d'exception, qui a si accessoirement triomphé en 2012 dans l'Eurobowl avec les footballeurs américains des Calanda Broncos, a remporté l'argent olympique en 2022 à Pékin. Et comme le ski-cross devient de plus en plus intéressant pour les sponsors en raison de sa médiatisation croissante, il permet désormais de gagner de l'argent.
«Je n'ai certes jamais complètement abandonné ma deuxième activité d'informaticien – je travaille à 40% pour un grand fabricant de vis. Mais si j'ai un hiver réussi, je pourrais vivre uniquement du ski-cross grâce aux sponsors.» Si tout se passe comme prévu, Fiva participera une nouvelle fois aux Jeux olympiques en 2026. Mais avec les Championnats du monde à domicile en Engadine, les skieurs suisses auront déjà un temps fort particulier au programme en mars prochain.
Actuellement, le ski-cross fait partie du monde du ski freestyle. Mais Alex Fiva n'aime pas cela. «Nous avons tous sans exception un lien fort avec le ski alpin. Et contrairement aux freestylers, l'apparence, le style, ne joue aucun rôle chez nous. Ce qui nous importe, c'est d'être rapides». C'est pourquoi il se prononce pour qu'à moyen terme, le ski-cross ne figurent plus dans le programme des Championnats du monde de ski freestyle, mais dans celui de l'alpin.
Au sein de la FIS, certains fonctionnaires de haut niveau partagent l'avis d'Alex Fiva. Urs Lehmann déclare: «En principe, je suis également d'avis que les skieurs de cross s'intégreraient mieux aux skieurs alpins. L'exemple de l'ex-champion du monde de Supe- G Daron Rahlves, qui a participé à des courses de ski-cross après avoir mis un terme à sa carrière en ski alpin, le montre bien. Mais ce thème comporte surtout un problème logistique. Il ne sera pas facile de trouver un organisateur pour les Championnats du monde de ski alpin qui crée une installation de ski-cross séparée en plus des pistes classiques.»
Ce qui est à peu près sûr, c'est que lors du prochain congrès de la FIS, on discutera à nouveau de l'union du ski-cross et du ski alpin.