Angoisse chez les démocrates
Kamala Harris, le feu d'artifice qui n'impressionne plus

Kamala Harris est désormais comparée à un feu d'artifice par ses détracteurs: d'abord une explosion séduisante, puis plus rien. A l'inverse, le missile balistique Trump semble garder toute sa puissance électorale. L'analyse de notre envoyé spécial aux Etats-Unis.
Publié: 14.10.2024 à 05:08 heures
|
Dernière mise à jour: 15.10.2024 à 05:42 heures
1/6
Kamala Harris a impressionné lors de la convention démocrate de Chicago , du 19 au 22 aout. Et maintenant?
Photo: IMAGO/ZUMA Press Wire
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Ce «columnist» a tapé juste et fort. Je veux parler de Daniel Henninger, éditorialiste au Wall Street Journal, le respecté quotidien financier américain. J’ai découvert son dernier édito à l’aéroport de Chicago O’Hare, en débarquant du vol United Airlines en provenance de Paris.

Son argument: Kamala Harris est un «feu d’artifice». Elle commence par éblouir tous ceux qui la regardent. «Wow, look at that!» écrit mon collègue avec ironie. Puis l’effet retombe et le bruit des pétards se dissipe dans la nuit. Vrai ou faux? Voici cinq raisons de s’inquiéter pour la candidate démocrate.

Pas de «punchlines» décisive pour Kamala

La dernière attaque de l’actuelle vice-présidente contre son adversaire porte sur sa santé. Pour elle, «Donald Trump n’est plus capable de présider les Etats-Unis». Avis médical à l’appui, Kamala Harris met en avant sa bonne santé contre celle de l’ancien président septuagénaire. Lequel tirait auparavant à boulets rouges contre la condition physique et mentale déclinante de Joe Biden.

Blick in the USA, l'Amérique vue par notre envoyé spécial

Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.

Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.

Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!

Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.

Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.

Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!

Ok. Et après? La réalité est que Trump, à 78 ans, n’a bien sûr rien du jeune homme pressé joué dans le film «The Apprentice» (sorti ce 11 octobre aux États-Unis) par l’acteur Sebastian Stan. Mais un bilan de santé ne fait pas une «punchline». Jusque-là, Kamala Harris avait traité son adversaire de menteur, de repris de justice et d’un admirateur des dictateurs. Sans guère d’effet. La frappe décisive manque encore.

Pas de primaires, le refrain qui fait mal

Je l’ai entendu partout, dans la bouche des supporters de Donald Trump, dès mon arrivée aux États-Unis. Kamala Harris n’aurait pas dû être la candidate du parti démocrate. Elle est donc illégitime. Et encore moins respectueuse des règles démocratiques que Donald Trump.

On vous explique: même s’il a refusé de participer aux débats télévisés, et qu’il a délibérément ignoré ses adversaires du Parti républicain, Trump a bel et bien remporté les primaires du «Grand Old Party», confirmées par la convention républicaine de Milwaukee (Wisconsin). Kamala, elle, a été adoubée par ses pairs, après le retrait de Joe Biden, le dimanche 21 juillet. Pour ses adversaires, le feu d’artifice de la convention démocrate de Chicago était donc «truqué». Le piège parfait.

Pas de bilan économique, mais l’inflation qui tue

Qui a écrit: «L’économie américaine est à l’aube d’un nouvel épisode digne du boom des années vingt»? La banque suisse UBS, dans l’un de ses derniers bulletins consacrés aux Etats-Unis. Bingo, donc, pour Kamala Harris? Si l'UBS a raison, la réponse est oui. «Le géant européen de la finance estime que l’Oncle Sam se rapproche d’un scénario «années folles», estimant à 50% la probabilité d’un nouveau cycle économique en plein essor.

Cette expression fait référence à la même décennie il y a un siècle, «lorsque la croissance économique massive a entraîné un boom de la construction et une augmentation de la prospérité pour les familles», commentait ces jours-ci le magazine Fortune, dédié, comme son nom l’indique, à la richesse et à ceux qui la font. Sauf qu’un argument tue tout cela: l’inflation. «Les gens regardent les prix qui augmentent à Walmart, pas le taux de croissance» nous a redit, à l’Université de Lansing, Michigan, le politologue Matthew Grossmann. Depuis février 2020, les prix ont augmenté en moyenne de 20% aux États-Unis. Un vrai souci pour Kamala.

Pas assez de courage médiatique

Il faut franchir l’Atlantique pour s’en rendre compte. Pour beaucoup d’électeurs, y compris dans le camp démocrate, Kamala Harris, magistrate de profession, peine à sortir de sa zone de confort. Elle pratique «l’esquive». Elle n’accepte pas, comme Donald Trump, de répondre à tous ceux qui la critiquent, voire la détestent. Et quand elle est interrogée, ses réponses sont évasives, jamais «straight» (directes).

On comprend mieux pourquoi la candidate s’est finalement risquée, le 8 octobre, à enchaîner les entretiens télévisés dans les émissions de Howard Stern ou dans le podcast «Call her Daddy». Sauf qu’il reste beaucoup à faire. «La décision de s’ouvrir est un changement radical après avoir largement évité les interviews depuis qu’elle a remplacé Joe Biden en tête de liste, et c’est une reconnaissance qu’elle doit faire beaucoup plus pour vaincre Trump», notait dans un éditorial, la chaîne PBS.

Pas de regrets, et trop loyale envers Biden

C’est le chapitre le plus douloureux sans doute. Kamala Harris, candidate à la Maison Blanche en raison du retrait de Joe Biden, évite assez logiquement d’apparaître comme une traîtresse. Interrogée dans l’émission «The View» sur la chaîne ABC, la vice-présidente sortante a répondu qu’elle ne répéterait pas à l’identique la politique du président sous lequel elle a travaillé pendant quatre ans. «Nous sommes évidemment deux personnes différentes et j’apporterai ces sensibilités à ma façon de diriger.» Problème: elle n’a pas été en mesure d’identifier une décision pour laquelle elle aurait choisi une autre voie. «Il n’y a rien qui me vienne à l’esprit», a-t-elle déclaré.

La loyauté donne rarement lieu à un feu d'artifice.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la