Un commentaire de Richard Werly
Pourquoi l'économie décidera du sort de l'Amérique

Donald Trump n'a formulé, durant le débat télévisé, qu'une proposition pour remporter la victoire et revenir à la Maison-Blanche: redonner des emplois et du pouvoir d'achat aux Américains. Kamala Harris ne l'emportera que si elle parvient à convaincre sur ce sujet.
Publié: 11.09.2024 à 07:50 heures
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Dernière mise à jour: 11.09.2024 à 08:45 heures
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Le débat télévisé entre Donald Trump et Kamala Harris a eu lieu à Philadelphie, sur ABC News.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick
Les télespectateurs américains ont-ils trouvé, dans ce débat télévisé, matière à confirmer ou à changer leurs votes pour l'élection présidentielle du 5 novembre?
Photo: keystone-sda.ch

Kamala Harris ne pouvait pas espérer déstabiliser davantage Donald Trump. La raison est simple. L’ancien président américain est arc-bouté sur une peur tangible, qui ronge des millions de ses compatriotes: celle de perdre leur emploi, de gagner moins, et donc de régresser socialement dans un pays où l’ascenseur social, par la réussite, demeure le principal moteur. La stratégie du candidat républicain durant le débat télévisé était, sur ce point, à la fois évidente et implacable: toujours ramener l’économie au centre de ce duel. Toujours se faire l’avocat des millions d’Américains angoissés par leurs fins de mois et par le délitement social qui accompagne cette baisse de leur pouvoir d’achat.

La question, maintenant, est de savoir comment son adversaire démocrate, clairement à l’aise dans son rôle d’aspirante à la présidence des États-Unis, va s’y prendre pour convaincre qu’elle peut changer la vie des gens, au-delà des chiffres macroéconomiques et des programmes d’aides aux entrepreneurs qu’elle promet de mettre en œuvre si elle est élue. La différence, au fond, était là lors de ce débat devant les caméras d’ABC News: Trump parlait aux Américains, Harris parlait à l’Amérique. Deux approches pour deux styles. Le premier, dans le registre du bouclier contre les désastres. La seconde, dans le rôle de tremplin vers un pays et une société obligés de se réinventer.

«It's the economy...»

Bill Clinton l’avait dit lors de sa campagne victorieuse de 1992 contre le vétéran et président sortant George W. Bush: «It’s the economy stupid» (C’est l’économie, évidemment). Le slogan reste vrai. La première puissance mondiale, accro au déficit et à la dette, est une énorme machine qu’il faut faire tourner, et qui doit pour cela se montrer impitoyable avec tous ceux qui se mettent en travers de sa route. C’est là, dans cette affirmation de puissance décomplexée, que Trump marque encore des points, en particulier dans les sept «swing states» (Arizona, Caroline du Nord, Géorgie, Michigan, Nevada, Pennsylvanie et Wisconsin) qui feront la différence, le 5 novembre, en termes de grands électeurs. Ce qui décidera de l’issue du scrutin.

Trump, le bouclier

Kamala Harris a déjà presque gagné sur les autres sujets. Tous ceux qui hésitaient à voter Trump en raison de ses exagérations, de ses excès de langage, de sa défense hypocrite de valeurs qu’il n’a jamais lui-même respecté, ont pris leurs distances avec l’ancien président lorsque Joe Biden a retiré sa candidature. Restent tous les autres: tous ces électeurs américains qui voient encore dans Trump le seul capable de défier les concurrents internationaux de l’Amérique, ou ceux qui selon eux la détruisent de l’intérieur. Là, Kamala Harris, pour l’emporter, peaufine le «plan» qu’elle a plusieurs fois invoqué lors du débat.

L’économie décidera, comme toujours, du sort politique des États-Unis d'Amérique. C’est ainsi, au fond, que Biden l’a emporté sur fond de pandémie de Covid-19 en 2020, tant les réponses de l’administration Trump semblaient erratiques. Quatre ans plus tard, l’ex-magnat de l’immobilier revient à la charge en défenseur de tous ceux qui ont beaucoup à perdre dans l’Amérique de demain.

L’ignorer pour se concentrer sur les questions sociétales et raciales serait une erreur. C’est en comptant d’abord les dollars dans leurs poches, et sur leur compte en banque, que beaucoup d’électeurs américains voteront le 5 novembre.

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