Peu après le lever du soleil samedi dernier, des centaines de partisans du Hamas se sont frayés un chemin à travers les barricades entre la bande de Gaza et Israël. Les troupes lourdement armées ont infiltré de nombreux villages israéliens le long de la frontière et ont traversé le désert voisin, où un festival venait d'atteindre son apogée.
Entre-temps, plusieurs témoins oculaires se sont exprimés sur les affrontements les plus sanglants depuis la guerre du Kippour il y a 50 ans. L'attaque du Hamas a débuté à 6h30 environ, heure locale, par une pluie coordonnée de roquettes et des entrées simultanées en parapentes et à pied. Une attaque qui semble avoir été bien planifiée.
Une attaque commanditée?
Selon les informations d'une source de l'agence de presse Reuters, le Hamas prétend depuis deux ans ne pas souhaiter de conflit avec Israël, tout en gardant secrets ses plans militaires.
En se référant à une autre source proche du Hamas, Reuters écrit qu'Israël pensait contenir la bande de Gaza en offrant notamment des «droits» économiques aux travailleurs gazaouis. «Nous pensions que le fait qu'ils viennent travailler et apporter de l'argent à Gaza amènerait un certain niveau de calme. Nous nous sommes trompés», a déclaré un porte-parole de l'armée.
Mais pendant cette période, des combattants ont été formés et entraînés, à la vue de tous. «Ils nous ont eus», constate un porte-parole de l'armée.
«Le Hamas a donné l'impression à Israël qu'il n'était pas prêt à se battre», révèle la source. Parmi les éléments les plus frappants de ses préparatifs, le Hamas a reproduit une colonie israélienne dans la bande de Gaza, dans laquelle il s'est entraîné à un débarquement militaire et à mener un assaut, rapporte la source proche du mouvement. Les manœuvres ont même été filmées: «Israël les a sûrement vues, mais était convaincu que le Hamas n'était pas désireux de s'engager dans une confrontation», déclare une des sources.
Les partisans du Hamas ont kidnappé des civils
Comment sont-ils parvenus à pénétrer sur le territoire israélien? Les roquettes rudimentaires ont souvent du mal à échapper au système de défense antimissile israélien, nommé le «Dôme de fer». Mais le nombre important de projectiles a toutefois mis à rude épreuve ce système qui n'a pas pu résister.
Les assaillants auraient conduit des bulldozers contre les barrières électrisées en ciment fortifiés et seraient entrés à moto dans les villages proches de la frontière. Ils y ont recherché de manière ciblée des civils, comme le rapporte le «New York Times».
Lorsque Amir Tibon, 35 ans, s'est réfugié dans un bunker samedi matin, il savait que cette fois-ci, quelque chose était différent: le bruit des tirs était assourdissant.
«Les terroristes étaient d'abord dans notre quartier, puis devant notre fenêtre, a-t-il raconté au 'New York Times'. Nous pouvions les entendre parler.» Par le biais de groupes WhatsApp, les voisins ont tenté de s'avertir mutuellement. Les assaillants auraient tenté de s'introduire dans les abris.
Massacre sanglant lors d'un festival
Des tireurs isolés surgissent régulièrement dans les rues des villages à la frontière. Or, cette fois-ci, ce n'était pas un homme seul qui se trouvait devant leur porte, mais un groupe de combattants du Hamas, armés de fusils et de lance-roquettes, qui a fait irruption dans leur quartier. «Nous n'avons pas compris ce qu'il se passait», déclare une habitante de la localité d'Ofakim, dans le sud d'Israël.
Au même moment, des milliers de jeunes Israéliens et de touristes étrangers dansaient lors d'un festival de musique dans le désert du Néguev. La scène joyeuse s'est transformée en massacre. «Comment cette fête a-t-elle pu avoir lieu si près de Gaza?» se questionne une source israélienne.
«Nous avons commis une erreur»
Le Hamas a également profité d'une plus grande mobilisation israélienne en Cisjordanie, après quelques heurts, pour attaquer par le sud , depuis la bande de Gaza. «Le Hamas a probablement réussi au-delà de ses espérances. Il va maintenant devoir faire face à Israël qui est déterminé à le décimer», analyse un ancien négociateur pour le Moyen-Orient, Dennis Ross.
En effet, le général à la retraite Yaakov Amidror, ancien conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré aux journalistes que l'attaque représentait «un énorme échec du système de renseignement et de l'appareil militaire dans le sud». Avant de conclure: «Nous avons commis une erreur. Nous n'allons pas commettre à nouveau cette erreur et nous détruirons le Hamas, lentement, mais sûrement.»