Le Kremlin se frotte les mains
«Le conflit en Israël fait le jeu de la Russie»

Le conflit en Israël a des répercussions dans le monde entier. L'un des nouveaux bénéficiaires des attaques du Hamas n'est autre que la Russie. Pourquoi Vladimir Poutine peut-il se frotter les mains? Quels sont les liens entre le groupe islamiste et Moscou? Analyse.
Publié: 09.10.2023 à 08:10 heures
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Dernière mise à jour: 09.10.2023 à 08:20 heures
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Israël a déclaré l'état de guerre pour la première fois depuis 50 ans. Sur la photo, des soldats israéliens transportent un blessé vers un hélicoptère.
Photo: keystone-sda.ch
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Chiara Schlenz

C'est la guerre au Proche-Orient. Le Hamas a lancé par surprise des roquettes sur Israël samedi matin. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti son peuple qu'il fallait se préparer à un long conflit.

L'attaque terroriste du Hamas prive la région du peu de stabilité qu'elle avait encore. Au milieu du chaos, un acteur se frotte les mains: la Russie. La visite d'une délégation du Hamas ou celle du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou à Téhéran, ville proche du groupe islamiste, amènent des politologues comme Andrew A. Michta à se poser une question: en quoi le Kremlin peut-il profiter d'une guerre au Proche-Orient?

La Russie peut détourner l'attention

La réponse semble limpide: avec un conflit en Israël, la Russie peut détourner l'attention de l'Occident et l'éloigner de l'Ukraine, explique Andrew A. Michta sur X (anciennement Twitter). Ulrich Schmid, spécialiste de la Russie à l'université de Saint-Gall, confirme à Blick cette hypothèse: «Le conflit en Israël joue en faveur du Kremlin. La Russie peut ainsi détourner l'attention de la guerre en Ukraine. Le Kremlin s'est même déjà positionné comme médiateur de paix.»

Autre manière dont la Russie peut profiter du conflit: reprocher à l'Occident d'avoir négligé la sécurité au Proche-Orient pour défendre l'Ukraine. C'est du moins ce que craignait dimanche l'Institut américain d'études sur la guerre (ISW).

Les experts ont notamment indiqué que le ministère russe des Affaires étrangères avait accusé l'Occident d'avoir récemment bloqué les efforts du Quartet pour le Moyen-Orient, qui comprend, outre la Russie, les Etats-Unis, l'UE et les Nations unies. Cela pourrait à son tour convaincre le Sud global, dont fait partie le Proche-Orient, que l'Occident ne s'intéresse pas à cette région du monde. Cela laisserait la place à la puissance russe dans la région.

Une longue amitié

Il faut toutefois garder à l'esprit que la Russie et le Hamas – qui n'est pas reconnu par la Russie comme un groupe terroriste – entretiennent des relations politiques depuis de nombreuses années. Moscou a officiellement reconnu la victoire du Hamas aux élections palestiniennes de 2006 (ce que le reste du Quartet n'a pas fait). Depuis, les deux parties se sont régulièrement rencontrées – le plus souvent au niveau des ministres ou des vice-ministres des affaires étrangères.

Les liens entre la Russie et le Hamas se sont toutefois renforcés depuis le début de la guerre en Ukraine. L'année dernière déjà, des délégations russes se sont rendues dans la bande de Gaza et des députés du Hamas ont visité la Russie. L'intensification des relations entre la Russie et le Hamas pourrait donc être interprétée comme une démarche de Moscou visant à améliorer ses relations avec les ennemis d'Israël en représailles à l'attitude de ce dernier face à la guerre en Ukraine.

L'expert Ulrich Schmid doute cependant que la Russie ait activement mis la main à la pâte pour soutenir concrètement le Hamas dans sa lutte contre l'Etat israélien. Car même si le Kremlin et Israël ne sont pas du même avis en ce qui concerne la guerre en Ukraine, «Moscou ne mettra pas si facilement en péril ses relations avec Israël», estime-t-il.

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