Bouleversé par l'attaque la plus meurtrière sur son territoire depuis sa création, Israël a officiellement déclaré la guerre dimanche au Hamas. Alors que Tsahal pourchasse les combattants infiltrés et cherche à libérer leurs otages, le bilan après 48 heures de combat atteint plus de 1000 morts au total.
Cherchant à reprendre la main après cette attaque de grande ampleur - terre, air, mer - en plein Shabbat, le repos hebdomadaire juif, les forces israéliennes ont continué dimanche de traquer les membres du Hamas dans le sud d'Israël et poursuivi leurs frappes aériennes contre des cibles à Gaza, où de nouveaux bâtiments ont été détruits.
Le premier ministre Benjamin Netanyahu a mis en garde contre une guerre «longue», qui a fait près d'un millier de morts au total en moins de 48 heures, selon de nouveaux bilans officiels publiés dimanche. Plus de 600 personnes ont été tuées en Israël et 2000 blessées, dont 200 sont «dans un état critique», selon des données du gouvernement.
«L'ennemi est encore sur le terrain» en Israël, «nous renforçons nos forces surtout près de Gaza et nettoyons la zone», a déclaré dimanche soir le porte-parole de l'armée israélienne, promettant de traquer «les terroristes partout où ils seront».
Reprendre le contrôle
Dans la bande de Gaza sous le contrôle du Hamas depuis 2007, 413 Palestiniens incluant 78 enfants et 41 femmes ont été tués, ont annoncé les autorités locales, et 2300 blessés.
L'armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats pour reprendre le contrôle total des régions désertiques près de la bande Gaza, sauver les otages israéliens qui s'y trouveraient encore et évacuer l'ensemble des habitants de la région d'ici à lundi matin. Le Hamas a fait «plus de 100 prisonniers», a indiqué dimanche le Bureau de presse du gouvernement (GPO).
«Des civils et des soldats sont aux mains de l'ennemi, c'est le temps de la guerre», affirmé le chef de l'armée israélienne Herzi Halevi.
Une Française a été tuée dans cette attaque du Hamas, a annoncé dimanche le ministère français des Affaires étrangères, précisant que plusieurs ressortissants n'avaient pu encore être localisés.
Le président israélien Isaac Herzog a appelé à «l'unité dans le peuple, au Parlement et dans un gouvernement d'urgence»
«11 septembre»
Israël a été en outre attaqué à sa frontière nord avec le Liban. Le Hezbollah libanais, un allié du Hamas et de l'Iran, a tiré des obus sur un secteur contesté à la frontière, entraînant une frappe de drone israélienne sur une cible du Hezbollah dans le sud du Liban.
En Egypte, deux touristes israéliens ont été tués par un policier qui a tiré sur eux à Alexandrie, selon le ministère israélien des Affaires étrangères.
Le Hamas et le Jihad islamique, autre groupe armé palestinien, ont affirmé avoir capturé de «nombreux soldats». «Ce qui s'est passé est sans précédent en Israël», a reconnu M. Netanyahu.
«Israël a été pris de court par cette attaque sans précédent», a déclaré pour sa part Jonathan Panikoff, directeur de l'initiative Scowcroft pour la sécurité au Moyen-Orient: «J'ai entendu de nombreuses comparaisons avec le 11 septembre (2001 aux Etats-Unis), et beaucoup d'Israéliens ont du mal à comprendre comment cela a pu se produire.»
Un ancien soldat israélien a déclaré que la guerre israélo-arabe de 1973, qui reste un traumatisme national en Israël, était «peu de chose» comparée au raid du Hamas de samedi, ajoutant qu'il s'agissait d'un «très grave échec». L'offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après cette guerre qui avait pris Israël totalement par surprise, entraînant la mort de 2600 Israéliens en trois semaines de combats.
Face à la contre-offensive israélienne, «nous craignons la destruction et la fin de la société civile dans la bande de Gaza», a déclaré Chadi al-Assi, un habitant de Gaza de 29 ans.
«Nous agissons pour détruire l'ennemi», a confirmé le général Daniel Hagari, annonçant que les frappes de l'armée avaient «touché 800 cibles de l'ennemi dans (la bande de) Gaza».
«Légitime défense»
Les Brigades Al-Qassam, branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché cette opération et tiré plus de 5000 roquettes vers Israël pour «mettre fin aux crimes de l'occupation». Israël occupe depuis 1967 la Cisjordanie, un territoire palestinien, et la partie orientale de Jérusalem, et impose un blocus à Gaza depuis 2007.
Israël a suspendu les livraisons d'électricité, de nourriture et de biens vers le territoire palestinien.
Le ministère de l'Education israélien a annoncé la fermeture des écoles jusqu'à mardi au moins.
L'attaque du Hamas a été condamnée par les Occidentaux. Dimanche, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a rejoint plusieurs de ses partenaires estimant qu'Israël avait «le droit de se défendre» face aux attaques «barbares» du Hamas, et le président américain, Joe Biden, a ordonné «un soutien supplémentaire» des Etats-Unis. De l'aide supplémentaire avec de nouvelles munitions ont commencé à être envoyées dimanche soir, rapprochant le groupe aéronaval US en Méditerranée.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir dimanche une réunion d'urgence sur la situation.
De son côté, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a exhorté dimanche Israël et le Hamas à «soutenir la paix» et à épargner les civils.
Pour sa part, «l'Iran soutient la légitime défense de la nation palestinienne», a déclaré dimanche le président iranien, Ebrahim Raïssi. Il appelle «les gouvernements musulmans à se joindre à la communauté musulmane pour soutenir la nation palestinienne».
(ATS)