Le nombre de morts a atteint 313 dans la bande de Gaza, a annoncé dimanche matin le ministère de la Santé du territoire palestinien sous contrôle du Hamas, où l'armée israélienne a ciblé des positions du mouvement armé pour la deuxième journée consécutive. Depuis la veille, 1990 personnes ont été blessées dans l'enclave palestinienne, ajoute le ministère dans un communiqué, au lendemain d'une offensive d'envergure lancée par le Hamas palestinien contre Israël, déclenchant une nouvelle guerre entre les deux camps.
Les combats, les plus meurtriers depuis des décennies, ont fait «plus de 200 morts» et «plus de 1000 blessés» du côté israélien, selon l'armée israélienne qui a accusé le Hamas d'avoir «massacré des civils» jusque dans leurs maisons.
Qualifiant Gaza de «cité du mal», le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a juré d'utiliser «toute la puissance» de l'armée pour venger «une journée noire». «Ce qui s'est passé aujourd'hui est sans précédent en Israël», a-t-il reconnu lors d'une allocution télévisée. «Tous ces endroits où le Hamas se cache [...] nous allons en faire des ruines», a-t-il promis.
«Nous sommes sur le point de remporter une grande victoire», a affirmé de son côté Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas.
Bateaux et parapentes
Les hostilités ont commencé samedi à l'aube par un déluge de roquettes tirées de la bande de Gaza vers les localités israéliennes voisines et jusque vers Tel-Aviv et Jérusalem. Profitant de l'effet de surprise, des combattants du Hamas à bord de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés se sont joués de l'imposante barrière de sécurité érigée par Israël autour de la bande de Gaza, attaquant des positions militaires ou des civils en pleine rue.
«J'ai vu beaucoup de corps», a dit à l'AFP Shlomi, un Israélien, à côté de cadavres recouverts sur une route près du kibboutz Gevim, dans le sud du pays.
«Il y a encore 22 endroits où nous sommes en train de combattre contre des terroristes venus en Israël par les airs, par la mer et par la terre», a déclaré samedi soir le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l'armée israélienne. Cet officier a fait état de «centaines» d'infiltrés encore présents sur le sol israélien après une «puissante invasion terrestre».
Cette spectaculaire escalade survient cinquante ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël totalement par surprise en plein Kippour (le jour du grand pardon juif), entraînant la mort de 2600 Israéliens et faisant au moins 9500 morts et disparus du côté arabe en trois semaines de combats.
Israéliens capturés
Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont affirmé dans une vidéo avoir «capturé plusieurs soldats ennemis» et les Brigades al-Qods, la branche militaire du Jihad islamique palestinien, ont aussi déclaré détenir «de nombreux soldats» israéliens. Le porte-parole de l'armée a confirmé que des «soldats et des civils israéliens» avaient été enlevés.
Le commandant des brigades Al-Qassam, Mohammad Deif, a annoncé avoir déclenché une opération baptisée «déluge d'Al-Aqsa» contre Israël et avoir tiré plus de «5000 roquettes» pour «mettre fin à tous les crimes de l'occupation».
L'armée israélienne a pour sa part compté plus de 3000 tirs de roquettes. Elle a déclenché l'opération «sabres d'acier» et mené des frappes aériennes sur l'enclave palestinienne, détruisant entre autres les trois immeubles de plus de dix étages de la «tour Palestine». Médecins sans frontières a déclaré qu'une frappe avait touché un hôpital dans l'enclave, causant plusieurs décès.
Affrontements en Cisjordanie
Les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza se poursuivaient dimanche à l'aube, selon des journalistes de l'AFP. L'armée israélienne continue pour sa part à frapper le territoire, détruisant plusieurs bâtiments présentés comme des «centres de commandement» du Hamas.
Le conflit provoque des perturbations à l'aéroport de Tel-Aviv et les écoles resteront fermées dimanche, début de la semaine en Israël.
En Cisjordanie occupée, six Palestiniens ont été tués et 120 blessés lors d'affrontements avec les forces israéliennes et des colons, selon le ministère palestinien de la santé.
Cette flambée de violence a été condamnée par de nombreux gouvernements à travers le monde. Le président américain Joe Biden a assuré samedi Israël de son «soutien inébranlable».
Selon un haut responsable de la Maison-Blanche, les Etats-Unis et Israël ont eu samedi une «discussion approfondie» sur les besoins d'aide militaire de l'Etat hébreu.
(ATS)