Benjamin Netanyahu a raison. C’est une guerre que le mouvement palestinien Hamas a déclenchée contre l’État hébreu ce samedi 7 octobre, en tirant plus de 5000 roquettes à l'aube et en lançant des commandos armés à l’intérieur de son territoire.
Tout y est: le symbole du cinquantième anniversaire de la guerre du Kippour, déclenchée le 6 octobre 1973; la volonté du Hamas de passer à l’action pour faire oublier sa gouvernance désastreuse de la bande de Gaza, et le désir des extrémistes palestiniens de profiter des fractures d’une société israélienne blessée par les réformes antidémocratiques de son premier ministre allié à l’extrême-droite.
Tout est donc programmé pour un conflit de haute intensité entre Israël et son pire ennemi. Avec, comme toujours, le risque d’énormes dégâts collatéraux pour les pays de la région, et pour l’ordre international déjà mis à rude épreuve par la guerre en Ukraine.
Pour les Européens, c’est-à-dire pour nous, le calendrier ne pouvait pas être plus terrible. Imaginons juste que le Proche-Orient s’embrase, et que le Hamas, soutenu par l’Iran, parvienne à porter un coup rude à la sécurité d’Israël. Automatiquement, les États-Unis, protecteurs de l’État hébreu et partenaire privilégié de l’Égypte comme de l’Arabie saoudite, se retrouveront happés dans l’engrenage.
Imaginons aussi que, pour desserrer l’étau du Hamas et infliger une leçon à Téhéran, l’aviation israélienne décide de bombarder les présumés sites nucléaires iraniens. Le prix du pétrole se remettra à flamber. Les détroits du Moyen-Orient se retrouveront en grand danger. Le commerce mondial en subira les conséquences. Vladimir Poutine, qui fête ce samedi ses 71 ans, pourra regarder s’installer un désordre et un chaos qui lui profitent. Avec l’espoir que les populations arabes, indignées par la répression assurée de se déclencher sur les Palestiniens, se solidariseront contre l’Occident…
Les images de l’attaque du Hamas
Contrairement à ce qu'il se passe en Ukraine, la guerre déclenchée par le Hamas n’est pas une menace directe contre le continent européen. Mais elle porte en revanche tous les ingrédients d’une bombe à fragments multiples.
Benjamin Netanyahou ne va pas se priver de surjouer au chef de guerre, pour faire oublier les dommages que sa politique inflige à l’état de droit et à la démocratie israélienne. L’Iran va tout faire pour entretenir cet incendie que son allié du Hamas vient de rallumer. L’Arabie saoudite, enfin, se retrouve piégée puisque personne, dans le monde arabe, ne comprendrait que Riyadh continue aujourd’hui de négocier avec Jérusalem.
La population et la diaspora israéliennes, enfin, n’ont pour seule option que la mobilisation et le soutien à la contre-offensive. Tous ceux qui, en Europe, exigent d’édifier des murs ou de lancer des blocus pour se protéger de la rive sud de la Méditerranée, ont aujourd’hui une raison de plus de justifier leurs phobies.
Soif de revanche
L’Autorité palestinienne, déconsidérée et corrompue, est prise dans un étau atroce. Poussés à bout par les colons israéliens, ceux qui plaidaient encore en son sein pour une paix possible à deux États n’y croient plus ou ont été marginalisés. Tandis que du côté Israélien, les erreurs des services de renseignement risquent d’accélérer la main mise de Netanyahou et des siens sur les forces armées.
L’Union européenne, elle, est impuissante. Cette guerre nous concerne tous parce qu’elle démontre que même une armée technologiquement surpuissante, comme Tsahal, ne met pas un pays à l’abri de la soif meurtrière de revanche. Surtout quand un nombre de plus en plus important de dirigeants et de groupes armés, de la Russie à la bande de Gaza en passant par le Haut-Karabakh, en ont fait leur seul et unique agenda.