De nouveau mis en examen
Sarkozy, l'accusé qui fait de plus en plus mal à la République

«Participation à une association de malfaiteurs»: le nouveau motif de mise en examen de Nicolas Sarkozy est celui qui fait le plus mal. L'ancien président français est-il désormais un boulet judiciaire pour la République?
Publié: 06.10.2023 à 20:03 heures
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Dernière mise à jour: 11.10.2023 à 17:43 heures
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L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine est au coeur de la nouvelle mise en examen de Nicolas Sarkozy pour « recel de subornation de témoin » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée ».
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Nicolas Sarkozy de nouveau mis en examen! Alors qu’un procès de l’ancien président français est déjà prévu en 2025 à propos des soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007, les chefs d’inculpation retenus ce vendredi 6 octobre contre celui qui dirigea le pays entre 2007 et 2012 confirment sa descente aux enfers judiciaire. L’ex-chef de l’Etat, âgé de 68 ans, vient d’être mis en examen pour «recel de subornation de témoin» et «participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée».

Peut-il espérer sortir blanchi des différentes affaires dans lesquelles il est impliqué? Ou va-t-il rester dans l’histoire comme le président le plus condamné de l’histoire républicaine? Voici les cinq raisons d’être pessimiste pour l’avenir et la réputation de l’ancien leader de la droite, toujours populaire dans sa famille politique.

En vidéo, Nicolas Sarkozy jure ne pas être corrompu

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Raison N°1: Nicolas Sarkozy est un accusé à temps plein

Il suffit de scruter la liste des affaires politico-judiciaires dans lesquelles il se retrouve, soit mis en examen, soit comme témoin assisté. L’ancien président français, qui ne cesse de se dire harcelé par la justice, doit s’occuper à plein temps des procédures judiciaires. En plus d’être deux fois inculpé dans l’affaire des soupçons de financement libyen (il l’avait déjà été pour «corruption passive, association de malfaiteurs, financement illégal de campagne électorale, et recel de détournement de fonds publics libyens») et d’attendre un premier procès en 2025, Nicolas Sarkozy a été le 17 mai 2023 condamné à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite «des écoutes téléphoniques». Il avait été condamné à la même peine en 2021. Il va maintenant aller en cassation dans ce dossier.

Raison N°2: Les accusations portées contre Sarkozy sont lourdes

Il y a des mots qui font très mal pour un ancien chef de l’État. C’est le cas de l’autre côté de l’Atlantique pour Donald Trump, dont la saga judiciaire tient l’Amérique en haleine. En France, Nicolas Sarkozy est inculpé de «corruption passive» et, à présent, de «participation à une association de malfaiteurs». Il est désormais accusé d’avoir influencé, avec neuf autres coaccusés, l’ex-émissaire libyen très sulfureux Ziad Takeddine. Celui-ci, après l’avoir longtemps accusé, avait complètement retourné sa veste en novembre 2020 affirmant «M. Sarkozy n’a pas eu un financement libyen». «M. Kadhafi ne pouvait le faire parce qu’il ne le faisait jamais» avait-il ajouté. Il avait aussi accusé le magistrat Serge Tournaire, de lui avoir fait «dire des propos qui sont totalement contraires» à ceux tenus devant lui. Or selon le Parquet National Financier, ce revirement était le résultat de pressions et de promesses financières…

Raison N°3: La défense de Sarkozy patine

L’ancien président français monte dès qu’il le peut lui-même au créneau pour se défendre. A chaque nouvelle étape de son calvaire judiciaire, il parle sur les plateaux TV et jure de son innocence, accusant les magistrats de le cibler. Une fois dans l’arène judiciaire en revanche, tout devient plus compliqué. Les faits ne plaident pas en sa faveur. Sa condamnation à deux reprises dans l’affaire des écoutes téléphoniques confirment que, pour la justice, l’ex-chef de l’État a bien tenté d’influencer un juge alors que des éléments pouvaient laissent penser le contraire. Il devient de plus en plus difficile de croire à une cabale montée de toutes pièces, comme il l’affirme.

Raison N°4: L’emprise politique de Sarkozy s’estompe

Nicolas Sarkozy demeure populaire. A chacune de ses sorties en librairie pour présenter son dernier livre «Le Temps des combats» (Ed. de l’Observatoire), la foule se presse et l’applaudit. Mais dans son camp politique, ses soutiens sont de moins en moins nombreux. La droite française cherche au contraire à se distancer. Fin septembre, son ex-bras droit Brice Hortefeux a été battu aux élections sénatoriales. Emmanuel Macron, qui le consultait, le tient aussi à l’écart. Motif: Sarkozy n’a pas réussi à convaincre ses ex-fidèles de rejoindre l’actuelle majorité présidentielle. Sa «valeur d’usage» politique décline.

Raison N°5: Nicolas Sarkozy est de moins en moins «Sarko»

La force de l’ancien président français est d’avoir été un chef de bande. Il avait autour de lui une tribu de conseillers et de proches prêts à se battre pour lui. On parlait alors de «la firme». Cette réalité appartient au passé. Pire: personne n’a envie de payer judiciairement pour lui, dans ce dossier libyen d’autant plus lourd qu’il y est question de sécurité nationale et de corruption au sommet de l’État. Attention: le volet libyen de l’affaire peut encore se dégonfler en procès. Les preuves manquent. Mais les magistrats auraient-ils à nouveau mis en examen Nicolas Sarkozy s’ils n’avaient pas établi un «faisceau concordant» d’indices? Le risque pour «Sarko» de se retrouver seul est de plus en plus grand.

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