Donald Trump enrage. Contre tout le monde, sauf lui-même bien sûr, car le Président américain ne reconnaît quasi jamais avoir commis la moindre erreur. Pourquoi enrager après cent jours passés à la Maison Blanche? Parce que plusieurs de ses cartes maîtresses et de ses promesses les plus en vue sont en train de s’enliser. Voici les 5 bourbiers dont Trump va devoir s’extraire. Et ce ne sera pas simple.
L’Ukraine, la paix ou l’impasse
Commençons par le principal dossier international que Donald Trump avait d’abord promis de régler en «une journée» avant de promettre une trêve pour ses cent jours de présidence. Or nous y sommes et la seule trêve sur le papier, pour le moment, est celle que Vladimir Poutine a décrétée du 8 au 10 mai, pour coïncider avec la célébration à Moscou du 80e anniversaire de la capitulation nazie, signée à Berlin le 9 mai 1945.
La frustration, sur l’Ukraine, est évidente. L’accord sur les terres rares n’est toujours pas signé alors qu’il doit permettre à Trump de présenter son intervention comme profitable pour les Etats-Unis. La Russie vient juste d’accepter les négociations sans conditions, mais les contours de celles-ci sont plus que flous. Les Européens tiennent bon aux côtés de Kiev. Trump va-t-il lâcher prise?
La Chine, tout sauf KO
Bien sûr, le bras de fer engagé avec Pékin ne fait que commencer. Mais ce début-là n’est pas très prometteur. Donald Trump avait-il mal anticipé la réaction de la Chine à ses augmentations brutales de tarifs douaniers? Est-ce calculé? A-t-il vraiment parlé à Xi Jinping? En tout cas, la deuxième puissance économique mondiale n’est pas du tout KO. Et l’étau industriel se resserre plutôt sur les Etats-Unis, qui viennent d’accepter d’exempter des hausses douanières une bonne partie des sous-traitants automobiles…
Impossible toutefois d’éviter l’ouragan commercial. Les droits de douane de 145% imposés à la Chine ont fait chuter les expéditions de marchandises de 60%, selon Bloomberg. Les experts mettent déjà en garde contre les pénuries d’approvisionnement et les licenciements à venir dans des secteurs tels que le camionnage, la logistique et la grande distribution.
Elon Musk, l’allié frustrant
Attention danger! Propulsé à la tête du DOGE, ce «Département de l’efficacité gouvernementale» chargé de couper massivement dans les dépenses de l’administration fédérale, Elon Musk s’est transformé en bombe politique ambulante. Il est d’ailleurs sur le départ, contraint de s’occuper à nouveau de ses affaires pour remédier à la chute des ventes de Tesla, son constructeur d’automobiles électriques ouvertement boycotté en Europe.
Les coupes budgétaires en question, de toute façon, sont loin des montants promis: Donald Trump évoquait 200 milliards de dollars. Mais les chiffres fournis par le DOGE tournent plutôt autour de 160 milliards. Alors qu’Elon Musk s’était vanté d’amputer d’un tiers le budget fédéral d’environ 6 300 milliards de dollars annuels. Frustrant.
La Réserve fédérale, un mur
Va-t-on vers une guerre ouverte? Donald Trump a, pour l’anniversaire de ses cent jours à la Maison Blanche, le regard tourné vers la Cour suprême. Si la plus haute juridiction américaine avalise ces jours-ci sa révocation de deux membres d’une commission fédérale du travail, un vent de doutes va sans doute assaillir la Réserve fédérale, la banque centrale des Etats-Unis.
Son patron, Jérôme Powell (nommé par Donald Trump en 2018), est en effet en désaccord avec le président sur la politique économique à suivre. Son mandat de 14 ans au sein du Conseil des gouverneurs de la Fed doit s’achever en janvier 2028. Donald Trump a donné le ton: pour lui, le patron de la Fed est un «major loser» (un sacré perdant). Puis il a promis de ne pas «le virer». Ambiance.
Le Pentagone, ce casse-tête
Il arrive que Donald Trump prenne ses précautions. C’est le cas à propos de son très controversé Secrétaire à la Défense Pete Hegseth, sur la sellette depuis la diffusion d’informations secrètes sur une frappe contre les Houthis du Yemen dans une boucle de la messagerie Signal. Pour célébrer ses cent jours à la Maison Blanche, le président s’est rendu sur la base de la garde aérienne de Selfridge (Michigan) aux côtés de celui qu’il a placé aux commandes du Pentagone.
Difficile en revanche d’imaginer son maintien à ce poste si la défiance perdure au plus haut niveau de l’armée. Une dizaine de Généraux de haut rang ont été limogés ces trois derniers mois. La lutte contre les programmes militaires de soutien à la diversité est une priorité. Mais gare au malaise des uniformes.