Compétitivité, le mot d'ordre
Le plan européen pour résister à Trump est lancé

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l'a promis le 29 janvier à Bruxelles: l'Union a un plan pour transformer son économie et riposter à Donald Trump. C'est parti?
Publié: 29.01.2025 à 15:40 heures
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Dernière mise à jour: 29.01.2025 à 18:31 heures
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La présidente de la Commission européenne a présenté la «boussole pour la compétitivité» mercredi 29 janvier.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

C’est parti. La promesse est faite. Le plan existe, en tout cas sur le papier de la Commission européenne. Sa présidente Ursula von der Leyen l’a affirmé mercredi 29 janvier lors du lancement d’un paquet de propositions et de mesures baptisées «Boussole pour la compétitivité»: le marché européen est une force sur laquelle il faut absolument s’appuyer pour riposter aux menaces d’attaques commerciales de Donald Trump.

Promesse. Plan. Feuille de route. Une première différence s’impose avec les décisions en provenance de Washington, et elle est logique: ce ne sont pas décrets que la Commission européenne vient d’annoncer, car elle n’est pas en mesure de les signer et de les faire entrer en vigueur au sein des 27 États membres qui conservent le dernier mot.

Le calendrier

Gare donc au calendrier: les États-Unis version Trump veulent aller vite, très vite. La Commission européenne est dès lors engagée dans une course qui va l’obliger à accélérer. Trois objectifs sont maintenant mis sur la table, tous conformes aux recommandations du rapport récent de l’ancien premier ministre italien Mario Draghi.

Objectif 1: Mettre en place une 28e législation pour les entreprises (en plus des 27 législations en vigueur) qui permettent à celles-ci de choisir d’emblée un fonctionnement européen. En clair: les entreprises enregistrées sous ce nouveau statut européen (à définir) auront la tâche facilitée et simplifiée et elles pourront opérer d’emblée sur l’ensemble du marché de 450 millions de consommateurs.

Objectif 2: Transformer le Vieux Continent, où le stock d’épargne des ménages est évalué à 1 400 milliards d’euros (contre 800 milliards aux États-Unis), en une terre accueillante pour le capital-risque. C’est un changement culturel, car pour attirer les capitaux, il faudra leur promettre une rentabilité équivalente, et donc moins de taxes. Aujourd’hui, 5% des capitaux injectés au niveau mondial pour l’innovation le sont sur le sol de l’UE. 52% aux Etats-Unis et 40% en Chine.

Objectif 3: Réduire drastiquement la complexité, sans abandonner les objectifs de décarbonation de l’économie. Cette promesse de simplifier les normes vise avant tout le «pacte vert européen» adopté définitivement en juin 2024. La volonté affichée de la Commission est de s’attaquer à l’empilement de normes et de règles qui résultent des nouvelles obligations écologiques, en particulier pour l’industrie et le secteur automobile.

Cette «boussole pour la compétitivité» que la Commission européenne propose aux États membres vise à mobiliser les ressources économiques de l’Union face à l’offensive américaine, et à la riposte attendue de la Chine si une guerre commerciale survient. L’intelligence artificielle, sans surprise, est aussi au cœur de ce plan. Une stratégie européenne de l’IA sera proposée d’ici la fin 2025, avec pour but de doper les investissements européens dans ce secteur où Donald Trump a annoncé dès le 22 janvier au moins l’injection de 500 milliards de dollars par trois géants: Softbank (Japon), Oracle et Open AI (Etats-Unis).

Problème: les procédures au sein de l’Union européenne, elles, n’ont pas changé. Il faut maintenant que les États membres négocient, puis que le Parlement européen se saisisse de ces propositions. Pour copier Washington, Ursula von der Leyen a défendu l’idée de «Business Acts», des paquets de décisions par secteur, faciles à comprendre et à mettre en œuvre pour les entreprises. Quels délais? Quelle ampleur? Quel degré de simplification de la part d’une bureaucratie communautaire qui s’est longtemps nourri de la complexité ? 25% de normes et règles en moins a promis Von der Leyen, Est-ce crédible ?

Premier horizon

Le premier horizon évoqué par Ursula von der Leyen est la seconde moitié de 2025, lorsque le Danemark assurera la présidence tournante de l’UE. Cela tombe bien: le gouvernement danois est aujourd’hui sous pression maximale de Trump au sujet du Groenland. Aura-t-il d’ici là résisté, ou cédé aux demandes de Washington?

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