Une politique «dure, mais juste»
Les cantons «trop» tolérants en matière d'asile dans le viseur du PLR

Après l'UDC, c'est au tour du PLR de montrer les dents en matière d'asile. Les libéraux-radicaux pointent du doigt les cantons mauvais élèves, dont Vaud, et demandent que la même rigueur soit valable partout vis-à-vis des requérants déboutés.
Publié: 11.02.2023 à 09:28 heures
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Dernière mise à jour: 11.02.2023 à 12:18 heures
Le vice-président du PLR, Andri Silberschmidt, juge essentiel que les personnes dont la demande d'asile a été rejetée quittent rapidement la Suisse.
Photo: keystone-sda.ch
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Tobias Ochsenbein

En cette année d'élections fédérales, l'UDC n'aura pas l'apanage du domaine de l'asile: le PLR veut à son tour une ligne de conduite plus dure. Concrètement, les libéraux-radicaux demandent que quiconque n'obtient pas l'asile en Suisse soit expulsé de notre pays de manière conséquente.

Les demandeurs d'asile déboutés bénéficient de soins médicaux et d'une aide d'urgence, jusqu'à leur renvoi. Celui-ci doit être appliqué par les cantons, qui sont responsables des expulsions. Le hic? L'application de la loi est défaillante. Pas acceptable, aux yeux du PLR.

Le premier problème est que les pays qui devraient «récupérer» les personnes déboutées ne coopèrent pas toujours. Mais il y a aussi un souci dans les cantons, qui assument différemment leurs responsabilités. Une situation qui complique les choses en matière de politique d'asile et provoque une surcharge, estiment les libéraux-radicaux.

Offensive dans la moitié des cantons

Voilà pour le constat. Et le remède? Le PLR va déposer des interventions simultanées dans plus de dix cantons, dévoile en primeur à Blick le vice-président du parti, Andri Silberschmidt. «Les demandes d'asile sont en constante augmentation depuis des mois, argumente le jeune conseiller national zurichois (28 ans). Pour pouvoir garantir la protection des personnes menacées, il est essentiel que les personnes dont la demande d'asile a été rejetée quittent rapidement la Suisse.»

La situation est très alarmante, argumente le PLR: le canton d'Argovie a déjà fait savoir en ce début d'année qu'il ne pourrait bientôt plus faire face à l'afflux de réfugiés. Or, la Confédération s'attend à recevoir 2500 demandes d'asile par mois jusqu'au printemps, et ce, sans compter les réfugiés ukrainiens et leur statut S. La recherche d'hébergements est sans relâche et l'option de tentes est sur la table, a récemment révélé la «NZZ am Sonntag».

«Davantage de transparence»

Dans le viseur d'Andri Silberschmidt: certains cantons mauvais élèves, dont Vaud. Le plus grand canton romand est beaucoup plus tolérant que Zurich, par exemple: il renvoie toujours plus tard et de manière toujours moins restrictive. Si bien que les autorités vaudoises ont été réprimandées par la Confédération. «Nos interventions doivent créer de la transparence et permettre de savoir quels cantons assument correctement leurs responsabilités», plaide le Zurichois.

Les libéraux-radicaux ciblent par ailleurs le permis F, à savoir les étrangers admis à titre provisoire. Déboutés, ils ne peuvent pas être renvoyés, par exemple s'il y a la guerre dans leur pays d'origine. Après cinq ans, les personnes qui entrent dans cette catégorie peuvent demander une autorisation de séjour. Conditions? Ne pas dépendre de l'aide sociale, et travailler. Pour le vice-président du PLR, c'est une «voie royale».

«Pas une réponse à l'UDC»

«Prétendre que ces personnes ne restent que 'provisoirement' en Suisse, c'est de la poudre aux yeux!», avance Andri Silberschmidt. Pour le conseiller national, il est inacceptable que des étrangers soient au bénéfice d'un permis F depuis dix ans.

Car l'objectif en matière d'asile devrait toujours être l'intégration, économique et sociale. «La pénurie de main-d'œuvre qualifiée le montre clairement: nous avons besoin de ces personnes», plaide le jeune entrepreneur. Le PLR a donc posé de nombreuses questions sur ce régime de l'admission provisoire, sur l'exécution des renvois ou encore les autorisations de formation.

Le domaine de l'asile est aussi disputé que les requérants sont nombreux: l'UDC tente depuis longtemps de marquer des points sur cette thématique. Le mois dernier, dénonçant la «faillite» du système d'asile suisse, le parti a plaidé pour la solution pour le moins radicale de traiter les demandes d'asile directement à l'étranger.

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«Prétendre que ces les titulaires d'un pays F ne restent que 'provisoirement' en Suisse, c'est de la poudre aux yeux!»
Andri Silberschmidt, vice-président du PLR
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L'UDC est très engagée sur sa thématique de prédilection. «Ce n'est pas étonnant, avec les élections fédérales qui approchent», souffle-t-on du côté du Centre. Mais le cinquième parti du pays (en 2019) rappelle que le baromètre des préoccupations des Suisses indique une inquiétude de la population plus forte en matière de prévoyance, par exemple. «En conséquence, nous mettons l'accent sur des thèmes qui ont une vraie influence sur le porte-monnaie de la classe moyenne et des retraités», plaide le porte-parole du parti, Thomas Hofstetter.

Andri Silberschmidt, pour sa part, insiste sur le fait que les interventions de son parti ne constituent pas une réaction aux propositions UDC en matière d'asile, mais qu'elles sont prévues depuis bien plus longtemps. «Le PLR s'est toujours engagé pour une ligne dure, mais juste en matière de politique migratoire.»

Ce qui signifie concrètement lutter contre le tourisme social, limiter l'immigration en provenance de pays tiers et remédier aux dysfonctionnements dans le domaine de l'asile. Des points qui avaient déjà été évoqués lors de l'assemblée des délégués du PLR l'été dernier, rappelle le Zurichois. À neuf mois des élections fédérales, son parti ne laissera pas l'UDC seule sur son propre terrain.

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