Les chiffres de l'asile sont en hausse. En octobre, la Confédération a enregistré plus de 3200 demandes, soit environ 20% de plus qu'en septembre. Le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a dû revoir ses prévisions pour 2022 encore une fois nettement à la hausse.
En effet, les Ukrainiens ne sont de loin pas les seuls à se réfugier chez nous: de plus en plus de personnes d'Afghanistan, de Turquie, de Syrie ou du Burundi arrivent également en Suisse. Le SEM prévoit désormais un total de 22'000 à 25'000 demandes d'asile pour l'année en cours. Ce chiffre doublerait presque par rapport à l'année dernière, lorsque la pandémie rendait la mobilité encore plus difficile.
La cheffe du SEM, Christine Schraner Burgener, a déjà évoqué «la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale». Voilà qui ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde avec l'UDC. Le parti en a toujours fait son thème central et l'UDC ne serait pas l'UDC si elle ne capitalisait pas sur une augmentation forte des demandes d'asile, encore plus en année électorale.
Pour le comité directeur du parti, une chose est claire: cela ne peut pas continuer ainsi. La Suisse doit à nouveau renforcer sa propre protection des frontières. C'est la conclusion à laquelle est parvenue la direction du parti, samedi en Valais, en marge de la détermination du ticket pour le Conseil fédéral.jju
«Les communes ne savent plus quoi faire»
«Tant la protection de la frontière extérieure de l'UE avec Frontex que le système Schengen fonctionnent de toute évidence de moins en moins bien», déclare le vice-président de l'UDC et conseiller national, Marcel Dettling. «De nombreux faux demandeurs d'asile peuvent, grâce à des bandes de passeurs, traverser librement plusieurs États sûrs avant d'arriver dans notre pays».
Il y aurait un phénomène en cascade des responsabilités: débordée par les nombreuses procédures, la Confédération s'en remet aux cantons, qui doivent rapidement mettre à disposition des possibilités supplémentaires d'hébergement. Les cantons, eux, demanderaient... aux communes de prendre leurs responsabilités. «Celles-ci sont déjà à bout de souffle et ne savent plus quoi faire», assure Marcel Dettling.
«Nous devons protéger la Suisse»
Pour le vice-président de l'UDC, une chose est sûre: «Nous devons protéger la Suisse». Il faut des contrôles systématiques aux frontières jusqu'à ce que la situation se soit calmée dans l'ensemble de l'espace européen. «D'ici là, l'armée doit apporter son aide aux frontières si nécessaire. Nous devons à nouveau prendre les choses en main de manière autonome».
Une intervention militaire à la frontière suisse ne serait pas une première. Déjà pendant la pandémie de Covid, des policiers militaires et un bataillon de milice sont intervenus aux frontières, armés. Les militaires ont ainsi assumé des tâches de sécurité pour la circulation des personnes, le soutien à la régulation du trafic ainsi que la surveillance des points de passage frontaliers et des sections de terrain.
Lors de la prochaine session d'hiver, l'UDC veut déposer des interventions en ce sens au Parlement. «Mais en réalité, il faudrait agir directement. Le Conseil fédéral doit prendre ses responsabilités», coupe Marcel Dettling.