À 66 ans, la conseillère d’Etat vaudoise Béatrice Métraux souhaite laisser la place à la relève, annonce-t-elle ce vendredi à «L’Echo du Gros-de-Vaud», le journal de sa région. Elue pour la première fois au gouvernement en 2011, la ministre écologiste a permis à la gauche d’être majoritaire depuis. Elle avait remplacé l’agrarien Jean-Claude Mermoud (UDC), décédé en fonction.
Les discussions et la stratégie autour de sa succession provoqueront probablement les derniers frissons de la campagne pour les élections cantonales de mars 2022. L’UDC et le PLR ont désigné leurs candidats et le PS devrait, quant à lui, plébisciter ses trois sortantes: Nuria Gorrite, Cesla Amarelle et Rebecca Ruiz.
Qui chez les Verts ira briguer un siège au Conseil d’Etat? Le député Vassilis Venizelos est le grand favori. Mais rien n’est joué et l’assemblée du parti agendée en novembre pourrait réserver des surprises. Avec, en toile de fond, l’alliance de gauche dominée par les socialistes, qui crispe de plus en plus certains Verts aux dents longues.
Alberto Mocchi, leur président, devra guider ses troupes. Une tâche compliquée dans cette période charnière. Son parti a le vent en poupe, mais aucune garantie d’arriver seul à ses fins. Un deuxième siège vert au gouvernement, possible? Et d’ailleurs, le syndic du village de Daillens — qui fut le collaborateur personnel de Béatrice Métraux entre 2012 et 2016 — a-t-il lui aussi des ambitions cantonales? Le jeune dirigeant de 34 ans se livre à Blick.
C’est une page qui se tourne avec le retrait de Béatrice Métraux. Qu’en gardez-vous?
C’est une ministre qui a toujours été extrêmement intègre et qui a fait du très bon boulot. J’en ai vraiment l’image d’une femme qui est restée éloignée des jeux de pouvoir. Humainement, elle a aussi toujours fait passer le bien commun et les idéaux qu’elle défend avant ses intérêts personnels.
Et de son bilan?
Elle a remis sur les rails un service pénitentiaire en difficulté au début des années 2010. Elle a aussi insufflé tout au long de son mandat un point de vue environnemental au sein du collège gouvernemental vaudois. Elle n’a vraiment pas à rougir de son bilan. On peut aussi parler du plan climat du Conseil d’Etat qui ne serait pas celui qu’il est aujourd’hui sans Béatrice Métraux.
Depuis son élection en 2011, les choses ont changé: les Verts ont le vent en poupe. Seriez-vous tenté par un deuxième siège au Conseil d’Etat?
Maintenant s’ouvre la phase où nous allons choisir nos candidats et notre stratégie. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 25 octobre puis nous aurons une assemblée en novembre. Pour la direction, la vraie priorité est de nous renforcer au Grand Conseil. Là, il y a une majorité de droite et il est donc difficile de faire passer des projets écologistes. On aimerait se rapprocher des 30 élus, contre 22 actuellement.
Lors des dernières élections communales, les Verts avaient décidé de se soulever contre le joug socialiste à Lausanne. Pourriez-vous à nouveau tenter de sortir de la logique d’une alliance dominée par le parti à la rose?
On voit que l’alliance avec le parti socialiste fonctionne bien. Ce n’est pas qu’un mariage électoral, j’insiste là-dessus. Nous avons beaucoup de valeurs et d’idées en commun. C’est avec le PS qu’on arrive à créer des majorités. Il est illusoire de penser que nous y arriverons tout seuls. La direction est donc plutôt favorable à l’idée de partir avec un candidat et avec le parti socialiste au premier tour. Nous devons garder la majorité de gauche au Conseil d’Etat.
En plus du député yverdonnois Vassilis Venizelos, qui est le candidat naturel des Verts vaudois? Vous avez une jolie délégation à Berne. Une Léonore Porchet, un Daniel Brélaz, une Sophie Michaud Gigon, une Valentine Python ou même une Adèle Thorens au Château Saint-Maire, c’est possible?
Daniel Brélaz pas. Car il est en fin de carrière politique, il a été assez clair là-dessus. Pour le reste, les candidatures sont ouvertes et ce n’est pas à moi de dire qui doit se présenter.
Et vous, vous avez des ambitions cantonales?
Je serai candidat au Grand Conseil sur la liste des Verts du Gros-de-Vaud, c’est tout. Je vais par ailleurs piloter les élections en tant que président de parti mais mon rôle s’arrête là.
L’initiative cantonale «pour le climat» que votre parti a déposée en 2019 demande notamment d’ancrer la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution cantonale et donc de montrer l'exemple. Attendez-vous aussi que tous les Verts soient exemplaires?
On aimerait en tout cas. J’estime que si des personnes s’engagent dans un parti écologiste, c’est parce que le climat leur tient à cœur. Elles doivent donc personnellement s’engager dans ce sens. Il ne faut cependant pas tomber dans une sorte de moralisme et passer son temps à scruter les faits et gestes de nos représentants.
Donc, un élu qui ferait des milliers de kilomètres en avion durant ses vacances à l’instar de la députée valaisanne Magali Di Marco, ce n’est pas acceptable?
[Il soupire] Ce n’est pas à moi de juger Madame Di Marco. Je pense toutefois que si on se bat pour des idées, il faut garder une certaine cohérence entre nos actes et notre discours.
Dès lundi, Extinction Rebellion va bloquer la ville de Zurich parce que rien ne change sur le front du climat. La preuve d’un échec pour les Verts?
Non, au contraire! Il faut justement plus de Verts. Cela ne va pas assez vite car il en manque dans les Exécutifs. Les manifestations, du genre de celles d’Extinction Rebellion, sont complémentaires à notre action. La société civile s’exprime, on l’entend et on agit. Mais pour nous aussi cela ne va pas assez vite, les Verts partagent ce constat. Croyez-moi, nous pouvons changer les choses et mettre en place des politiques publiques écologistes. Mais nous n’avons pas encore la majorité.