La colère monte chez les responsables de la politique étrangère au Conseil des Etats. Ils exigent à l'avenir que le département des Affaires étrangères du conseiller fédéral PLR Ignazio Cassis soient contraints de leur rendre des comptes. Leur motif? Ils sont irrités par le fait que la Suisse ait approuvé à l'Assemblée générale de l'ONU une résolution qui exige un «cessez-le-feu humanitaire» immédiat dans le conflit au Proche-Orient.
Cette résolution contraint Israël à ne plus mener d'opérations militaires malgré les attaques du Hamas. Ce faisant, la Suisse neutre s'est rangée du côté des critiques de la politique d'Israël – en accord avec Ignazio Cassis. Le Hamas se réjouit, Israël parle d'une «honte». En Suisse aussi, la décision est controversée.
La décision ne bénéficie pas d'un large soutien
Pour la Commission de politique extérieure (CPE) du Conseil des Etats, la faute réside aussi dans le fait que la décision ait été prise par le seul Département des affaires étrangères (DFAE) – et que ni le Conseil fédéral dans son ensemble ni les commissions du Conseil national et du Conseil des Etats n'aient été impliqués. Elle n'est donc pas «soutenue par l'ensemble de la classe politique».
En effet, il ne semble pas y avoir d'unanimité au sein du Conseil fédéral. Un exemple parmi d'autres, le ministre de l'Energie UDC Albert Rösti avait souligné lors d'une cérémonie commémorative à la synagogue de Berne que l'Etat d'Israël avait, selon lui, le droit de se défendre pour se protéger lui-même et sa population.
Contrairement à la Suisse, de nombreux Etats partenaires occidentaux ont refusé d'approuver la résolution. Les Etats-Unis, le plus proche allié d'Israël, mais aussi l'Autriche ou la Hongrie ont voté contre. L'Allemagne, l'Italie, la Finlande, la Suède ou les Pays-Bas se sont abstenus.
Ignazio Cassis ne doit plus agir de son propre chef
La résolution a été contestée parce qu'elle ne fait aucune référence au fait que la dernière escalade a été déclenchée par l'attaque du Hamas survenue le 7 octobre. Par ailleurs, Israël voit dans l'appel à un cessez-le-feu une tentative de lui retirer le droit à l'autodéfense.
«En appelant à un 'cessez-le-feu humanitaire immédiat, durable et soutenu, qui conduise à l'arrêt des combats', la résolution répond au besoin le plus urgent: permettre un accès rapide, sûr et sans entrave de l'aide humanitaire aux populations dans le besoin», avait argumenté le DFAE. La Suisse a certes voté oui, mais elle condamne «avec la plus grande fermeté» les «attaques terroristes choquantes et injustifiables» du Hamas contre Israël.
Pour la CPE du Conseil des Etats, il est clair que Cassis ne doit plus agir de sa propre initiative lors de telles résolutions de l'ONU. Elle exige désormais l'implication du Parlement.