La guerre au Proche-Orient a tué plus de 3300 Palestiniens depuis le 7 octobre. 13'000 autres ont été blessés (bilan le 18 octobre à 13h). De nombreux civils cherchent depuis lors à se protéger dans les quelque 20 hôpitaux de la bande de Gaza. Ceux-ci étaient jusqu'à présent considérés comme des refuges de l'enclave côtière soumise aux tirs israéliens incessants. Mais mardi soir, une explosion s'est produite à l'hôpital Al-Ahli.
Que s'est-il passé?
L'hôpital Al-Ahli, situé dans la ville de Gaza, accueillait mardi des milliers de réfugiés et de blessés. Vers 19 heures, une explosion a retenti. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, au moins 500 personnes ont été tuées – un bilan qui risque de s'alourdir selon les médecins sur place. De nombreuses victimes sont à déplorer.
Comment Gaza réagit-elle?
Du côté palestinien, Israël a été tenu pour responsable de l'attentat contre l'hôpital. Mai al-Kaila, médecin et ministre palestinienne de la Santé, a accusé Israël de commettre un «massacre». Le président palestinien Mahmoud Abbas a décrété un deuil national de trois jours après le bombardement de l'hôpital. Depuis le 7 octobre, plus de 115 attaques ont eu lieu contre le système de santé palestinien. Parmi ces attaques, 51 d'entre elles ont eu lieu dans la bande de Gaza, le reste en Cisjordanie.
Pourquoi Israël a-t-il été accusé?
Hananya Naftali est un influenceur israélien connu et reconnu, ainsi qu'une bonne connaissance du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Au mariage de Hananya Naftali, le Premier ministre avait déclaré: «Il travaille pour moi. Je vais vous dire ce qu'il fait, il produit du contenu pour moi.»
Peu après l'événement à l'hôpital, Hananya Naftali a alimenté les spéculations selon lesquelles Israël aurait commis une attaque. Il a écrit sur X (anciennement Twitter): «L'armée de l'air israélienne a attaqué une base terroriste du Hamas dans un hôpital de Gaza. Plusieurs terroristes sont morts.» Peu de temps après, il a retiré le post.
S'en est suivi une déclaration dans laquelle il s'excuse pour son «affirmation erronée». Il précise ensuite: «Comme l'armée israélienne ne bombarde pas les hôpitaux, j'ai supposé qu'Israël visait l'une des bases du Hamas à Gaza.»
Le post de l'influenceur couplé aux bombardements incessants de la bande de Gaza ont fait supposer les médias du monde entier qu'Israël était responsable.
Que dit Israël?
Israël rejette toutefois ces accusations avec véhémence. Benjamin Netanyahu a écrit sur X: «Les terroristes barbares à Gaza sont ceux qui ont attaqué l'hôpital, pas les Forces de défense israéliennes (FDI).»
Parallèlement, le porte-parole militaire Daniel Hagari a déclaré dans un message vidéo: «Les informations dont nous disposons indiquent que les responsables sont les jihadistes islamiques.» L'armée indique qu'une roquette du Jihad islamique (autre groupe armé implanté dans la bande de Gaza) aurait été mal allumée et se serait ensuite abattue sur le parking de l'hôpital.
Quelles sont les preuves dont dispose Israël?
Tsahal a partagé des vidéos montrant le lancement d'une roquette depuis Gaza et sa mise à feu ratée. Quelques secondes plus tard, sans pour autant pouvoir vérifier de manière indépendante le lien entre les deux événements, une explosion retentit près de l'hôpital.
L'armée a également partagé des images satellites montrant le parking de l'hôpital détruit. S'il s'était agi d'un projectile israélien, il y aurait eu un certain type de cratère, selon l'armée. Mais pour l'Etat hébreu, la destruction pourrait être expliquée par une grande quantité de propulseurs de missiles. Daniel Hagari a déclaré ce mercredi: «Le carburant a provoqué une plus grande explosion que l'ogive elle-même.» C'est pourquoi des véhicules auraient pris feu.
Voulant prouver son innocence, Tsahal a publié une conversation téléphonique entre deux membres présumés du Hamas. Selon le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, l'armée a écouté la discussion. Dans l'enregistrement, l'un des membres déclare: «C'est la première fois que nous voyons tomber une roquette comme celle-ci. Nous pensons qu'il appartient au Jihad islamique.» Il poursuit en disant que le shrapnel ne peut pas être attribué à l'armée israélienne et qu'ils ont tiré la roquette «depuis le cimetière derrière l'hôpital». Ces affirmations n'ont toutefois pas pu être vérifiées de manière indépendante.
Que dit le Jihad islamique?
Le groupe palestinien rejette les accusations d'Israël. «Comme d'habitude, l'ennemi sioniste tente de se soustraire à la responsabilité du massacre brutal qu'il a commis en inventant des mensonges.» Le groupe armé affirme que les accusations sont «fausses et infondées» et qu'Israël «utilise ces mensonges pour justifier ses attaques contre les hôpitaux». Il précise qu'un avion militaire israélien a largué une bombe, mais sans fournir d'indices concrets ni de preuve vérifiable.
Comment le monde réagit-il?
Au Liban, Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a appelé à observer une «journée de colère» mercredi, accusant Israël d'avoir commis un «massacre». Le groupe a appelé les habitants du monde arabe à exprimer leur indignation lors de manifestations.
Dans certaines régions du monde, de nombreux heurts ont eu lieu. En Iran et en Turquie, des manifestants ont défilé dans les rues. L'Iran tient son ennemi juré Israël pour responsable de l'attaque. Cette opinion est également partagée par l'Arabie saoudite. Le ministre des Affaires étrangères condamne Israël pour ce «crime odieux».
Le président américain Joe Biden se range en revanche du côté d'Israël. Il a déclaré mercredi: «D'après ce que j'ai vu, il semble que cela ait été fait par l'autre équipe, pas par Israël. Mais il y a beaucoup de gens en dehors qui ne sont pas sûrs.»
Le président français Emmanuel Macron a écrit par X: «Rien ne peut justifier une attaque contre un hôpital. La France condamne l'attaque contre l'hôpital de Gaza.» Il a en outre demandé que «toute la lumière soit faite sur les circonstances». C'est aussi ce que demande le Département fédéral des affaires étrangères suisse: «La Suisse rappelle que les hôpitaux et les civils doivent toujours être protégés conformément au droit international humanitaire.»