Dans le canton du Valais, où l'enneigement est très sûr, deux remontées mécaniques de taille moyenne se retrouvent pourtant dans les cordes. L'entreprise touristique Grächen TUG doit être assainie et se trouve en sursis concordataire. Les Belalp Bahnen doivent également prendre des mesures radicales. Les stations peinent à trouver des investissements.
L'argent nécessaire pourrait toutefois venir d'un groupe d'investisseurs franco-suisse. La Compagnie des Alpes, active depuis 1989 dans les montagnes françaises, veut entrer au capital de la station Belalp, rapporte le «Walliser Bote». L'investisseur Christian Mars confirme au journal local: «Nous croyons au potentiel du domaine skiable de Belalp.» L'homme d'affaires, originaire de Neuchâtel, donne au groupe français une touche suisse.
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Des hôtels et restaurants seront aussi rachetés
Le groupe d'investisseurs a présenté ses projets aux remontées mécaniques de Belalp. Ils veulent investir 50 millions au cours des cinq prochaines années. Leur entrée au capital est toutefois soumise à plusieurs conditions. Outre les remontées mécaniques, ils veulent aussi acheter des hôtels, des restaurants, des magasins et construire un complexe touristique.
Une telle entrée en matière porte un nom: l'intégration verticale. De grandes entreprises arrivent dans des domaines skiables et reprennent plusieurs commerces et établissements en un tour de main. Le plus grand exploitant de domaines skiables au monde, le groupe américain Vail Resorts, a montré l'exemple en s'installant à Andermatt UR et Crans-Montana (VS).
Mais les assainisseurs doivent d'abord se mettre au travail. La montagne de dettes des Belalp Bahnen, qui s'élève à 21,5 millions de francs, est trop importante et doit être réduite de plus de la moitié. Pour ce faire, le canton, la Banque cantonale du Valais et la commune, donc les contribuables, devraient renoncer à beaucoup d'argent. «La mise en œuvre du plan d'assainissement tourne à plein régime», déclare Michel Berchtold, président du conseil d'administration des Belalp Bahnen, interrogé par Blick.
Les discussions vont bon train
Michel Berchtold souligne qu'il existe différentes options qu'il faut examiner soigneusement. «C'est pourquoi il n'est pas judicieux pour l'instant de spéculer sur certains investisseurs éventuels.» Des discussions seraient en cours avec des investisseurs potentiels de la région, de Suisse et même internationaux.
Le président du conseil d'administration se réjouit néanmoins de l'intérêt de la Compagnie des Alpes. Mais il s'agit en principe de trouver la meilleure solution possible pour toutes les parties concernées, en «concertation avec le canton et la commune de Naters». Michel Bertchold précise: «En particulier pour les créanciers des Belalp Bahnen et pour la région économique et touristique de Naters.»
Les grands groupes ont un avantage
Roland Schegg estime que c'est bon signe lorsque de gros investisseurs s'intéressent à un domaine skiable – à condition que l'alchimie avec les commerçants locaux soit bonne. «De manière générale, il n'y a que peu de remontées mécaniques qui génèrent suffisamment de cash-flow. Beaucoup d'entre elles ont des flux de trésorerie plutôt médiocres, voire mauvais, et résistent donc mal aux crises», explique le professeur de tourisme à la Haute école HES-SO Valais.
Roland Schegg reconnaît aux grands groupes spécialisés un avantage: «Ils disposent des connaissances nécessaires et d'une clientèle avec des abonnements, dont les chemins de fer peuvent également profiter. De plus, ils peuvent économiser des coûts grâce à des économies d'échelle dans l'informatique ou le management.»
Sur la crise des stations de ski
Intérêt également pour Grächen
Une société sœur de la Compagnie des Alpes a récemment repris deux domaines skiables au Canada et veut entrer dans le capital de trois autres domaines.
Christian Mars et ses collègues investisseurs pourraient-ils même sauver deux remontées mécaniques valaisannes? «Nous sommes intéressés à aider Grächen», déclare ce dernier dans le journal local. On aimerait soutenir les stations de ski dont on pense qu'elles peuvent faire face à l'augmentation des coûts d'exploitation et au réchauffement climatique. Aucun contact n'a encore eu lieu.
A Grächen, on privilégie encore une solution locale. Si cela ne fonctionne pas, le groupe d'investisseurs pourrait tout à coup se voir très bien accueilli.