«Ce sera fini pour notre domaine skiable»
L'avenir de cette station valaisanne est suspendu à la mise en place d'une taxe de 5 francs

Lors d'une assemblée dans la petite commune de Gampel (VS), la mise en place d'une taxe a suscité de vives débats. Son application pourrait avoir des conséquences désastreuses pour tout le domaine skiable et treize emplois saisonniers seraient mis en danger.
Publié: 27.02.2024 à 10:09 heures
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Dernière mise à jour: 27.02.2024 à 10:33 heures
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Yannick Murmann, le directeur des remontées mécaniques de Gampel-Jeizinen, est très inquiet pour l'avenir de son entreprise.
Photo: Meul Martin (eum)
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Martin Meul

Certaines stations de ski sont menacées par le manque de neige. Et puis il y a le domaine skiable valaisan de Jeizinen, situé non loin de la petite commune de Gampel. Ce qui menace ici l'exploitation? La modique somme de... 5 francs: «Treize postes saisonniers sont en jeu à cause de ça», déplore le directeur technique de l'exploitation, Yannick Murmann. Et ce, bien que le petit domaine ait connu un véritable essor ces dernières années.

L'avenir du domaine skiable est aujourd'hui suspendu à une route, que Yannick Murmann ne peut désormais plus emprunter à cause de cette fameuse taxe de 5 francs.

Un vote fatal

L'histoire commence début décembre. La commune de Gampel fait voter un nouveau règlement sur les routes forestières lors d'une assemblée générale. Point central du règlement: l'utilisation des routes forestières ne seront plus gratuites. Un forfait journalier de cinq francs sera demandé aux automobilistes, les propriétaires de chalets d'alpage devront s'acquitter d'un forfait annuel de 50 francs par véhicule, le tout affecté à l'entretien des routes.

Mais la mesure ne passe pas: «Il y a quelques années, nous avons investi 1,3 million de francs dans le restaurant. Nous ne voulions pas de cette taxe», explique Thomas Tscherry, membre du conseil d'administration d'une société anonyme qui possède un restaurant sur le domaine skiable de Feselalpe. L'architecte craint aujourd'hui qu'en été, les clients ne montent plus au restaurant s'ils doivent payer cinq francs de taxe routière. «Le prix de la bière risque d'être plus cher», prévient-il.

Sous l'impulsion de Thomas Tscherry, le projet de nouveau règlement a été rejeté par 44 voix contre 40.

Problème: comme la commune ne dispose d'aucun règlement concernant les routes forestières, personne n'a désormais le droit de les emprunter. Ni les propriétaires de chalets, ni les usagers qui souhaitent accéder aux remontées mécaniques. Seuls les médecins, les forestiers ou les employés du service d'entretien sont encore autorisés à circuler sur les routes forestières de Gampel.

Au bord de la faillite

Pour le directeur technique remontées mécaniques Yannick Murmann, toute cette affaire ressemble à une condamnation à mort: «Sans cette route, rien n'est possible, car elle nous permet d'effectuer les travaux de révision nécessaires en été. «C'est grâce à elle que nous pouvons acheminer du matériel et les engins dans la région.»

Yannick Murmann ne décolère pas: «Si cela reste ainsi, nous ne pourrons pas exploiter les remontées mécaniques l'hiver prochain!» Sa colère est d'autant plus grande qu'en plus de son emploi, douze autres sont en jeu. «Sans le domaine skiable, le tourisme ici s'effondrera, y compris les restaurants et le train qui permet d'arriver à Gampel», ajoute le directeur technique.

Tout le monde se pose désormais la question: que faire? Plusieurs signatures ont commencé à être récolté en préparation d'une assemblée extraordinaire. Il en faut un peu plus de 300. «L'objectif de cette assemblée est d'adopter d'une manière ou d'une autre un règlement qui nous permette de continuer à utiliser la route», martèle Yannick Murmann.

Mais le temps presse car en temps normal, les travaux de révision des remontées mécaniques commencent dès la fin de la saison. Or même si cette nouvelle assemblée extraordinaire est convoquée rapidement, les délais seront sans doute très courts pour que les installations soient prêtes pour l'hiver prochain.

«Ce n'était pas une erreur»

Thomas Tscherry, lui, est sous le feu des critiques: car en bloquant l'adoption du nouveau règlement, il a non seulement plombé les remontées mécaniques, mais aussi son propre restaurant. Mais il campe sur ses positions: «Ce n'était pas une erreur de refuser le règlement!» Selon lui, celui présenté par la commune n'était tout simplement pas bon.

L'homme espère qu'une «solution viable» sera rapidement trouvée, soit par le biais d'un nouveau règlement, soit par une prise en charge de la route par la commune. D'ici là, une autorisation exceptionnelle doit permettre aux remontées mécaniques et aux clients des restaurants d'utiliser la route cet été.

Interrogé à ce sujet, le conseiller communal responsable de Gampel, Beno Kippel, explique qu'un nouveau règlement est en cours d'élaboration: «Mais les taxes resteront en vigueur, car c'est ce que prescrit la loi». Le conseiller communal ne peut toutefois pas encore dire quand le règlement sera mis en place. Ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour Yannick Murmann: «Si nous ne pouvons pas ouvrir l'hiver prochain, ce sera fini pour notre domaine skiable», dit-il.

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