C'était une publicité quelque peu provocante: pendant longtemps, la commune de Bettmeralp (VS) a fait de la réclame avec le slogan «Bettmeralp – The better Alp». Les hôtes comme les locaux étaient entièrement d'accord. Mais c'est désormais du passé.
Aujourd'hui, la situation des habitants de Bettmeralp n'est pas meilleure que celle d'autres communes touristiques. Celui qui y chercherait un logement abordable se trouverait fort dépourvu. «La situation est catastrophique», déclare le président de la commune Martial Minnig au journal local «Walliser Bote».
Un coup d'œil sur les portails immobiliers confirme ce sombre tableau. Le marché est asséché. On ne trouve qu'un seul appartement à louer: 3,5 pièces pour 1900 francs par mois. Plus un chalet de 5,5 pièces et 142 mètres carrés. Prix de vente: 2,75 millions de francs. Un terrain à bâtir d'environ 700 mètres carrés pour près de 600'000 francs cherche aussi un acheteur.
Le terrain est donc bien plus cher que dans de nombreuses autres communes du Haut-Valais. Et ce n'est même pas parce qu'on pourrait y construire un chalet de luxe: seule la construction d'une résidence principale est autorisée.
Le manque de logements, un futur problème pour l'école
Le manque de logements abordables pour les habitants et le personnel touristique hypothèque l'avenir de la commune. Il rend également difficile le retour des personnes qui ont quitté la commune – que ce soit pour étudier ou travailler. Le président de la commune, Martial Minnig, se réjouit des 61 enfants scolarisés pour 480 habitants. «Le grand défi est toutefois de maintenir cet effectif et l'école à long terme», déclare-t-il au journal local.
Problème: les résidences principales qui étaient déjà en place ou autorisées le 11 mars 2012 ont pu être transformées en appartements de vacances sans aucune restriction. De quoi faire grimper les prix au plafond, même pour les anciens objets. Sur place, nombreux sont ceux qui en ont profité. «Les locaux ont, eux aussi, vendu des appartements en permanence ou les louent comme résidences secondaires onéreuses», explique Martial Minnig.
Que peut faire la commune?
Le conseil municipal cherche une solution d'urgence à cette crise du logement. Au printemps, un projet de construction de logements abordables sera présenté à la population lors de l'assemblée primaire. Mais tout n'est pas gagné d'avance. La commune ne possède plus de terrains à bâtir ou d'immeubles vides. De plus, la construction sur le plateau d'Aletsch est au moins un tiers plus chère qu'au fond de la vallée.
La commune pourrait également agir sur les prix élevés des logements pour remédier à cette situation. «Les instruments nécessaires à cet effet existent déjà dans les plans d'affectation», expliquait Damian Jerjen, directeur de l'association suisse pour l'aménagement du territoire Espace Suisse, à Blick début janvier. «Les changements d'affectation sont soumis à autorisation. Les communes peuvent ainsi interdire les changements d'affectation dans des cas particuliers ou dans tout un périmètre de village», poursuit Damian Jerjen.
Autre possibilité: la commune fixe un pourcentage de résidences principales dans une zone. Si cette proportion n'est pas atteinte, plus aucun logement ne pourra être transformé en résidence de vacances.
Des centres de village animés toute l'année
Lorsqu'il n'est plus possible de changer d'affectation au centre du village, les prix de l'immobilier baissent mécaniquement. Les locaux peuvent ainsi à nouveau se permettre d'acheter. Ou alors, les logements sont mis sur le marché à des loyers abordables.
Autre effet désirable: «Les centres des villages sont animés toute l'année grâce aux résidences principales. Actuellement, on y trouve souvent des lits froids pendant neuf mois de l'année», explique Damian Jerjen. Outre les restrictions, les communes peuvent également miser sur des incitations. Les maîtres d'ouvrage pourraient être récompensés par un bonus de densité et donc par davantage de surface habitable s'ils construisent des résidences principales à prix avantageux.