Silvia et Albert Ulrich, tous les deux aux alentours de 70 ans, sont assis sur la terrasse de leur résidence secondaire à Anzère, en Valais. Il fait un temps d'automne magnifique, mais l'humeur des deux propriétaires de l'Oberland zurichois ne s'y prête pas. Albert Ulrich nous en donne la raison: «La commune prélève notre argent de manière indécente, en se moquant de notre avis.» L'homme est président de l'association Anzère R2, qui défend les intérêts des propriétaires de résidences secondaires, et compte environ 70 membres. En effet, l'idylle de vacances des Ulrich s'est transformée en cauchemar bureaucratique et juridique.
Comme dans de nombreuses autres communes valaisannes, une querelle fait rage entre les propriétaires de résidences secondaires et la commune d'Ayent, dont fait partie le village d'Anzère. L'élément déclencheur est le calcul des taxes de séjour qui doivent être payées pour chaque nuitée.
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Une augmentation inacceptable
Auparavant, les propriétaires de résidences secondaires déclaraient combien de fois ils avaient passé la nuit dans leur chalet, et les taxes étaient fixées sur cette base. Aujourd'hui, la commune facture de manière forfaitaire, et selon des critères assez opaques. «Chez nous, par exemple, on a simplement pris six lits comme base de calcul», explique Albert Ulrich.
La maison des Ulrich dispose certes d'un vaste espace de séjour, mais ce sont les chambres à coucher, ou plutôt le nombre de lits qu'elles contiennent, qui sont déterminantes pour le calcul des taxes de séjour. Les Ulrich n'ont qu'une chambre à coucher avec deux lits. «Personne d'autre que nous ne passe la nuit ici.» De plus, aucune autorité de la commune n'est jamais venue vérifier les conditions réelles du logement. Les taxes de séjour se sont tout de même multipliées, passant de 100 ou 150 francs par an à environ 1200 francs par an. Pour les Ulrich, c'est inacceptable.
L'argent n'est pas le premier souci. «La question est de savoir quelle valeur les destinations touristiques et les communes accordent aux propriétaires de résidences secondaires», constate Albert Ulrich.
Menace du Tribunal fédéral
Lorsque la commune d'Ayent a présenté pour la première fois un nouveau règlement sur la taxe de séjour avec des forfaits pour les propriétaires de résidences secondaires, les Ulrich ont porté plainte jusque devant le tribunal cantonal valaisan. Les critères de calcul des forfaits étaient trop opaques et les montants demandés, trop élevés. Cette année, le Conseil d'État valaisan a de nouveau examiné une plainte des propriétaires de résidences secondaires et leur a donné raison. La commune d'Ayent doit réviser son règlement.
Le gouvernement valaisan a en outre décidé que les forfaits de taxe de séjour perçus pour l'année 2022 devaient être remboursés, à hauteur, justement, d'environ 1200 francs. La raison: il n'existe pas de règlement valable sur la taxe de séjour à Ayent.
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Le règlement est actuellement en cours de révision, comme l'explique le président de la commune Christophe Beney à Blick. Il ne peut pas encore révéler quand il sera mis en place, ni la teneur et l'ampleur des modifications. Mais il peut se préparer à une chose: la résistance d'Albert Ulrich et de son association.
S'opposer plutôt que s'entendre
Sur les pentes ensoleillées au-dessus de Sion, les réactions sont rudes: «Nous n'avons été associés à aucune décision, nous n'avons pas eu notre mot à dire dans l'élaboration du nouveau règlement, bien que nous payions des impôts en plus des taxes de séjour!», s'énerve Albert Ulrich.
Le président de la commune voit les choses différemment. Il est toujours prêt à prendre en compte les suggestions d'Albert Ulrich, même s'il ne peut réprimer une remarque acerbe. «L'association Anzère R2 n'est rien d'autre qu'un groupement de quelques propriétaires de résidences secondaires qui ne font qu'exprimer un avis critique et non constructif sur la gestion touristique de notre commune.»
La plupart ne reçoivent rien en retour
L'attitude critique du Zurichois lui a tout de même valu un remboursement, le seul de la commune. Interrogé par le Blick, le président de la commune explique: «La loi dit que toute facture concernant une taxe qui n'est pas contestée dans les 30 jours est considérée comme acceptée par le destinataire. Dans ce cas concret, nous n'avons eu qu'une seule personne qui a déposé un recours auprès du Conseil d'État.»
Albert Ulrich déclare à ce sujet: «Je ne m'explique pas comment une destination touristique peut agir ainsi avec ses contribuables de longue date.»