Les gens souffrent du renchérissement en Suisse et dans le monde. Pour maîtriser l'inflation, les banques nationales du monde entier augmentent les taux d'intérêt. Depuis juin 2023, le taux d'intérêt en vigueur dans la zone euro est de 4%. En Grande-Bretagne, il est déjà de 5%. Aux Etats-Unis, il se situe dans une fourchette de 5 à 5,25%.
Plus sur le marché immobilier
La Suisse, avec un taux directeur de 1,75%, se situe nettement en dessous de la moyenne. «Dans de nombreux pays voisins, l'inflation évolue à un niveau nettement plus élevé», souligne Patrick Schnorf, partenaire de l'entreprise de conseil en immobilier Wüest Partner. Malgré tout, les cinq hausses de taux d'intérêt successives de la Banque nationale suisse (BNS) ont eu des conséquences en Suisse, notamment sur le marché de l'immobilier. Les taux d'intérêt hypothécaires augmentent avec le taux directeur, ce qui rend l'achat d'une maison nettement plus onéreux.
Des taux d'intérêt hypothécaires allant jusqu'à 7%
En Suisse, ceux qui achètent une maison doivent compter sur un taux hypothécaire de 3% environ. Dans d'autres pays européens, ce taux se situe plutôt autour de 4 à 5%: en Grande-Bretagne, il s'élève à 5%, par exemple, et même à 7% aux États-Unis. La Suisse s'en sort donc bien dans ce domaine également, même si un net ralentissement de la demande immobilière a été enregistré, explique Patrick Schnorf. La demande continue toutefois de dépasser l'offre locale. Parallèlement, le nombre de nouveaux logements en construction est plus faible que ces dernières années.
Alors que les prix de l'immobilier chutent dans d'autres pays, ils restent assez stables en Suisse. «On n'observe pas de baisse des prix sur un large front. Et ce n'est pas attendu dans un futur proche», explique Patrick Schnorf.
À quoi cela est-il dû? D'une part, bien sûr, au fait que l'effet de l'inflation est relativement modéré en Suisse. Aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, le choc des taux d'intérêt a des effets plus conséquents. En Suisse, des éléments contribuent à limiter les effets sur le marché immobilier.
Il s'agit notamment des restrictions en matière d'octroi de prêt, comme la règle de la capacité financière. Celle-ci fait défaut dans d'autres pays. C'est la raison pour laquelle les prix de l'immobilier sont en baisse depuis un certain temps déjà en Allemagne, mais aussi aux États-Unis. Beaucoup d'individus ne peuvent tout simplement plus se permettre de payer les taux d'intérêt en hausse.
La Suisse reste stable
La bulle immobilière tant crainte est-elle possible en Suisse? Et si oui, qu'est-ce qui pourrait la faire éclater? «Les biens résidentiels se trouvent dans une zone surévaluée, mais pas dans une bulle», rassure Claudio Saputelli, responsable de l'analyse immobilière chez UBS.
La hausse des taux d'intérêt hypothécaires a certes freiné la hausse des prix des logements en propriété, mais il s'agit d'une évolution saine. «Il ne faut pas oublier d'où nous venons», rappelle Claudio Saputelli. Pendant la pandémie, les prix de l'immobilier ont crevé le plafond. «Un ralentissement se profile, mais une correction majeure n'est pas en vue.»
Le pire est-il passé?
Selon l'UBS, de nouvelles hausses des taux d'intérêt de la BNS ne changeront rien à la situation. «Nous ne nous attendons pas à de grandes corrections sur le marché des logements en propriété», souligne Claudio Saputelli. La banque s'attend à ce que la BNS baisse les taux d'intérêt à partir du deuxième semestre de 2024. «Tout cela n'est que temporaire, la pression de l'inflation a disparu», conclut-il.
C'est une bonne nouvelle pour les propriétaires de logements. Les hypothèques devraient donc à nouveau partir à la baisse. L'UBS s'attend à ce qu'elles repassent sous la barre des 3% dans les douze prochains mois.