Faute d'acheteurs
Ces riches ne parviennent pas à se débarrasser de leurs villas suisses

La propriété de l'ex-patron de Raiffeisen, Pierin Vincenz, est à vendre depuis presque un an déjà. Le marché de l'immobilier de luxe est un terrain difficile. Voici des coûteuses villas suisses qui ne trouvent pas d'acheteur.
Publié: 21.06.2023 à 23:10 heures
1/16
Cela fait presque un an que Pierin Vincenz, l'ex-patron condamné de Raiffeisen, a dû mettre en vente sa luxueuse villa surplombant Teufen (AR).
Photo: Ginesta Immobilien AG
RMS_Portrait_AUTOR_581.JPG
Dorothea Vollenweider

Cela fait presque un an que Pierin Vincenz, l'ex-patron de Raiffeisen condamné, a dû mettre en vente sa luxueuse villa surplombant Teufen (AR). Depuis, il ne s'est rien passé. Le palais en béton sur le versant ensoleillé de la commune la plus avantageuse d'Appenzell est toujours sur le marché. Pourtant, Pierin Vincenz aurait bien besoin de cet argent: son procès a englouti d'énormes sommes.

L'agence immobilière de luxe Ginesta annonce toujours la propriété sur son site Internet pour 10 à 15 millions de francs. Ce prix est-il trop élevé ou l'esthétique de la maison ne plaît-elle pas? Interrogé à ce sujet, le CEO Claude Ginesta ne souhaite pas s'exprimer.

Pierin Vincenz n'est pas le seul banquier à avoir fait la une des journaux avec son bien immobilier – et à ne pas trouver d'acheteur. Le financier russe Igor Akhmerov tente depuis plus de quatre ans de trouver un nouveau propriétaire pour son somptueux palais avec entrée privée au bord du lac de Zurich. Sans succès jusqu'à présent.

Autrefois mise en vente par Sotheby's International Realty, la villa fait désormais partie du portefeuille de Ginesta. L'agent immobilier zurichois réussira-t-il là où la concurrence internationale a échoué jusqu'à présent? Ou la villa est-elle invendable pour 20 à 25 millions de francs?

La clientèle n'est pas la seule à être exigeante

La commercialisation de biens immobiliers à prix élevés prend souvent plus de temps que celle d'un objet moyen. «Plus l'objet est spécial, moins il y a d'acheteurs potentiels», explique Katharina Hofer, économiste à l'UBS spécialisée dans le marché de l'immobilier de luxe.

Y a-t-il donc trop peu de multimillionnaires à la recherche d'un logement noble? Pas tout à fait. Le nombre de personnes disposant d'une fortune supérieure à 10 millions de francs suisses a augmenté d'environ 8% par an en Suisse entre 2011 et 2021. Le problème: la clientèle riche n'ouvre plus son porte-monnaie aussi généreusement qu'auparavant.

«Par rapport à l'essor des années précédentes, le marché de l'immobilier de luxe est devenu plus exigeant», explique Katharina Hofer. «Une année boursière turbulente en 2022 a pesé sur la fortune des riches, ce qui a entraîné une baisse correspondante de la demande», poursuit l'économiste.

Des acheteurs recherchés d'urgence

Un autre exemple illustre à quel point il est difficile de vendre un bien immobilier de luxe en Suisse: La villa Erb, à Winterthur (ZH), est toujours vide deux ans après sa rénovation complète. Depuis sa vente forcée en 2020, la villa Wolfensberg, autrefois en mauvais état, a été transformée en une propriété de luxe – comprenant un espace bien-être au sous-sol. Jusqu'à présent, ce grand relooking n'a servi à rien. Le nouveau propriétaire, la société immobilière Leemann + Bretscher, n'arrive pas à convaincre. La raison: dans cette catégorie de prix, il est difficile de trouver un acheteur qui soit attiré par la paisible banlieue de Zurich.

Le sort de la famille du légendaire entrepreneur Egon Zehnder (décédé à 91 ans) sera-t-il différent? Depuis peu, sa propriété de tous les superlatifs à Küsnacht (ZH) est à vendre. Le terrain, qui surplombe le lac de Zurich, s'étend sur plus de 3600 mètres carrés. Son coût: plus de 20 millions de francs. Est-ce trop?

Le calme après le boom

Le secteur du luxe s'est renchéri de 8,5% par an en moyenne au cours des deux années de pandémie – c'est-à-dire trois fois plus que la moyenne sur dix ans. «Les surévaluations qui en découlent font l'objet d'un examen de plus en plus critique», explique l'économiste Egon Hofer. En d'autres termes, les acheteurs potentiels hésitent de plus en plus à payer sans négociations.

Cela se répercute sur les prix des objets de luxe. Ainsi, l'année dernière, ceux-ci ont augmenté en moyenne de près de 4% en Suisse, soit plus faiblement que l'ensemble du marché. Pour 2023, l'UBS prévoit même un léger recul. Les mois – ou les années – à venir nous diront si ces nobles propriétés trouveront des acheteurs.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la