Susanna Kley s'oppose à l'administration, aux juristes et aux politiciens
Le combat de David contre Goliath chez les riches Zurichois

Depuis trois ans, un litige concernant un lotissement de luxe fait rage au bord du lac de Zurich. Au centre: Susanna Kley, une habitante, qui se bat contre l'administration, les juristes et les politiciens. Et n'envisage pas d'abandonner.
Publié: 11.07.2023 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 11.07.2023 à 08:11 heures
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Susanna Kley est désespérée: après avoir obtenu gain de cause sur des irrégularités, elle a été dénoncée par la partie adverse.
Photo: Babic Sebastian (bbs)
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Sebastian Babic

Depuis son appartement de Wollerau, dans le canton de Schwytz, Susanna Kley bénéficie d'une vue fantastique sur le lac de Zurich. Mais, bien que le coup d'œil soit totalement idyllique, les choses sont loin d'être aussi harmonieuses. Depuis des années, un conflit fait rage entre la quinquagénaire, les maîtres d'ouvrage, les juristes... et certains politiciens.

Susanna Kley a grandi dans la région, avant de partir à la découverte du monde. À son retour d'Israël et de Malaisie, elle ouvre à tout juste 30 ans sa propre entreprise de conseil en ressources humaines, entreprise qu'elle gère toujours avec succès.

Lorsqu'il y a quelques années, son attention est attirée par hasard sur le projet de lotissement de luxe «Panorama» à Wollerau, elle est enthousiasmée. Elle opte pour l'un des «petits» appartements avec vue dégagée sur le lac de Zurich: «Un rêve s'est alors réalisé pour moi».

Lâchée par son avocat

L'euphorie ne dure toutefois pas longtemps. Nous sommes en novembre 2020, lorsque Susanna Kley remarque les premières irrégularités dans la construction. Les coûts estimés par l'administration communale pour les travaux d'environnement lui semblent excessifs.

Susanna fait ses calculs et constate que la somme articulée par les autorités est probablement deux fois plus élevée que ce qui était réellement nécessaire. Grâce à elle, les habitants de ce nouveau lotissement auraient ainsi économisé environ 70 000 francs, affirme-t-elle.

En même temps, elle remarque que certaines pièces de la cave ont manifestement été aménagées sans permis de construire valable – parfois avec des chauffages au sol complets.

Elle s'adresse alors à l'entreprise de construction. Comme celle-ci se défend à plusieurs reprises, Susanna se plaint un an plus tard directement auprès du conseil communal. Et c'est là que commence son aventure juridique...

Au début, la Schwytzoise se fait conseiller par un avocat. Mais après que celui-ci lui a déconseillé de poursuivre son recours, car ce dernier n'avait «aucune chance», la voilà seule, en tant que profane, à manœuvrer dans la jungle des paragraphes de la loi sur la construction.

Avec beaucoup de succès! Après que son recours a été rejeté par le conseil municipal, Susanna obtient gain de cause sur toute la ligne en deuxième instance auprès du Conseil d'Etat.

Une claque pour le conseil communal

Le verdict du gouvernement schwytzois n'est pas tendre envers le conseil communal: «Sans justification compréhensible, l'instance précédente est arrivée à la conclusion que l'installation d'un chauffage au sol dans une cave n'était pas fondamentalement interdite».

En outre, le gouvernement critique clairement la procédure d'autorisation de construire: «Tout d'abord, l'instance communale doit mener une procédure correcte d'autorisation de construire a posteriori. (...) D'autre part, il n'appartient de toute façon pas au Conseil d'Etat de rattraper les manquements de l'instance précédente dans la procédure de recours.»

Susanna obtient donc gain de cause sur tous les points pertinents. Le conseil municipal doit se pencher une nouvelle fois sur les aménagements des caves, présumés illégaux. Dans le pire des cas, il faudra les démolir complètement. Une entreprise coûteuse pour toutes les parties concernées.

Qu'en pense le conseil communal? Interrogé par Blick, il dit ne pas être autorisé à s'exprimer sur cette histoire, en raison de la procédure en cours.

Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Entre-temps, Susanna fait l'objet de plaintes pénales, notamment pour diffamation. Car la tenace quinquagénaire n'est pas tendre, lorsqu'elle adresse ses reproches à la partie adverse, même dans la correspondance officielle.

Elle a déjà dû se présenter trois fois à la police pour être interrogée. «C'est la première fois de ma vie que j'ai affaire à la police ou à la justice», tient-elle à préciser.

Les politiques contre-attaquent

Les autorités cantonales ne laissent pas non plus passer le train les bras ballants. Une motion a été déposée au Grand Conseil de Schwytz – peu de temps après la plainte de Susanna Kley – visant à rendre plus difficile à l'avenir pour les particuliers de dénoncer directement les infractions à la loi sur les constructions.

Le cosignataire est Roger Brändli, 47 ans, président du Grand conseil fraîchement démissionnaire et, selon les déclarations de Susanna Kley, l'avocat personnel d'un des membres du conseil d'administration de l'entreprise qui a construit le lotissement.

Interrogé, Roger Brändli rejette tout lien avec les événements survenus dans le lotissement Panorama. «Je ne connais même pas le cas d'aménagement de cave mentionné», assure-t-il à Blick.

Susanna, quant à elle, commence à désespérer. Elle affirme qu'entre-temps, on veut tout simplement la dégoûter de son appartement par tous les moyens: «De mon point de vue, j'ai été dénoncée uniquement parce que je me suis plainte. Rien de ce que j'ai dit ne justifie ces poursuites». Et d'affirmer: «Je ne céderai pas pour autant. Il faut mettre un terme à ces magouilles entre les élites».

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