Lectrices, lecteurs, c’est la rentrée pour vous aussi! Bonne nouvelle: pas de cahiers à noircir ni de cours à ingurgiter, mais des romans nouveaux comme s’il en pleuvait!
Le magazine spécialisé «Livre Hebdo» en annonce 466 à paraître entre fin août et fin octobre, dont 321 romans français et 145 traductions – c’est beaucoup, mais déjà 5% de moins qu’en 2022, et surtout moins que le record établi en 2010, avec ses 701 nouveautés de la rentrée.
Vous avez ainsi rendez-vous ces prochaines semaines avec des noms aussi familiers que Sorj Chalandon, Alexandre Jardin, Bernard Werber, Agnès Desarthe, Eric-Emmanuel Schmitt, Elisa Shua Dusapin ou Eric Fottorino et, parmi les grands auteurs étrangers, le miraculé Salman Rushdie, le prix Nobel nigérian Woyle Zolinka ou encore le Pulitzer 2023 Hernan Diaz.
Pour vous aider à ne pas vous noyer dans cette vague de nouveautés, nous avons choisi pour vous cinq romans de la rentrée tout à la fois romanesques, émouvants et franchement emballants, cinq romans signés d’auteurs français, suisses ou internationaux, bref, cinq romans qui font définitivement du bien à la tête, au cœur et à l’âme.
Ressusciter Lucrèce de Médicis
Inoubliable! La très aimée romancière irlandaise Maggie O’Farrell nous emmène dans la Renaissance italienne, plus précisément à Ferrare en 1560, où l’on célèbre les noces du duc Alfonso et de Lucrèce de Médicis, 15 ans. A peine quelques mois plus tard, elle le sait: son époux veut l’assassiner.
Vibrant, poignant, sensuel et incarné, «Le Portrait de mariage» fait revivre le destin lumineux et dramatique d’une jeune femme à la soif étourdissante de liberté. Tout en nous projetant au cœur de l’aristocratie toscane et sa vie de cour magnifique et cruelle où les femmes devaient se contenter du rôle de monnaie d’échange.
A méditer lors de notre prochain week-end à Florence.
«Le Portrait de mariage», de Maggie O’Farrell. Belfond, 412 p.
L’amour au temps de la Révolution
Ils s’aimaient d’amour tendre, Samuel et Virginie, sur les bords du Léman, entre Genève et Meillerie. Las: la jalousie vient détruire la belle harmonie. Et la Révolution de 1792, à Genève puis à Paris, sépare les amants.
Embrigadé comme soldat dans le régiment suisse du colonel de Châteauvieux, Samuel se retrouve pris dans les tourmentes de l’Histoire. Et l’écrivain Daniel de Roulet de régler ses comptes à un ancêtre encombrant, seigneur du château de Choully à Genève.
Ne vous laissez par arrêter par la forme! Non, ce n’est pas de la poésie mais une «prose coupée» fluide et épurée. C’est simple: en lisant, on a l’impression d’entendre un air de balade populaire à la fois heureuse et mélancolique. On frémit, on pleure, on aime.
«Le bonnet rouge», de Daniel de Roulet. Héros-Limite, 154 p.
Vole comme Amélie
A lire «Psychopompe», on se sent pousser des ailes! Trois raisons à cet agréable phénomène: pour ce 32e roman, l’écrivaine belge a été touchée par la grâce et livre l’un de ses plus beaux textes. Dense, émouvant, spirituel, poétique, c’est, malgré sa brièveté, un grand texte.
Ensuite, il raconte la passion dévorante d’Amélie pour les oiseaux, au point qu’elle est elle-même, en quelque sorte, devenue l’un d’entre eux. Écrire, pour elle, c’est voler.
Enfin, c’est l’un de ses livres les plus intimes: «Psychopompe» contient les clés de compréhension de la vie, l’œuvre et la personnalité de la fantasque, déroutante et talentueuse artiste. Alléluia.
«Psychopompe», de Amélie Nothomb. Albin Michel, 158 p.
Gâteau de mariage pour un enterrement
Quelle enthousiasmante découverte que ce premier roman qui connait un succès planétaire depuis que Barak Obama l’a fait figurer sur la liste de ses meilleures lectures de l’année 2022!
A la mort de leur mère, Byron et Benny se retrouvent dans le bureau d’un avocat à écouter sa confession, et la révélation d’un immense secret de famille. Des plages sauvages des Caraïbes à Londres en passant par la Californie et l’Italie, des années 1960 à nos jours, Charmaine Wilkerson déroule une histoire de famille, et de quête des origines, avec générosité, empathie et maestria.
Au cœur de l’histoire, un gâteau de mariage qui attend depuis 30 ans au congélateur le «bon» moment pour être mangé. Un concentré de nourriture affective.
«Les parts oubliées», de Charmaine Wilkerson. Buchet Chastel, 506 p.
Se faire masser est-il féministe?
Si vous apprenez qu’on vous a observé nue à votre insu et que vous ne vous sentez pas offensée pour autant, cela fait-il de vous une mauvaise féministe? Souheila, jeune parisienne en crise existentielle et conjugale, pousse un jour la porte d’un salon de massage thaïlandais. Elle y retourne chaque semaine mais n’en dit rien à son fiancé.
Lorsque le salon se retrouve au cœur d’un scandale, la vie de Souheila se retrouve chamboulée, et elle à devoir se justifier auprès de son fiancé comme des associations féministes qui veulent la défendre. Décidément, la fille de et philosophe n’a pas fini de nous surprendre avec ce livre drôle, corrosif et lucide!
«Le salon de massage», de Mazarine Pingeot. Mialet-Barrault, 316 p.