Oskar Freysinger à Martigny
«Eric Zemmour est de loin le meilleur pour la France»

Oskar Freysinger est toujours là! L'ex-homme fort de l'UDC romande était à Martigny, ce jeudi soir, dans le cadre d'une réunion des soutiens helvétiques d'Éric Zemmour. Le Valaisan au catogan a accepté d'évoquer son admiration du candidat à la présidentielle française.
Publié: 18.02.2022 à 06:05 heures
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Dernière mise à jour: 18.02.2022 à 09:24 heures
Oskar Freysinger, ancien conseiller d'État valaisan, s'est confié à Blick.
Photo: Keystone
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Jeudi soir, 20h15 à Martigny (VS). Oskar Freysinger, entouré par plusieurs de ses camarades de parti, est confortablement installé au bar d’un hôtel quatre étoiles. L’ancien conseiller d’État valaisan n’est pas là par hasard.

Un peu plus tôt se déroulait une réunion de sympathisants du candidat d’extrême droite à la présidentielle française Éric Zemmour. Et la figure tutélaire de l’Union démocratique du centre (UDC) en Suisse romande de 2003 à son retrait en 2017 est d’humeur joueuse. À notre initiative, il accepte de se mettre à table.

«Éric Zemmour est de loin le meilleur pour la France!», lance Oskar Freysinger à Blick. Contrairement à certains de ses pairs, le Saviésan — désormais sans mandat électif — ose se mouiller. «Je le soutiendrai sans réserve», nous glisse celui qui raconte avoir progressivement noué des liens d'amitié avec le Français, après avoir gagné l'initiative anti-minarets en 2009. Récit d’une soirée… détonante.

Des dizaines de personnes affluent

Il est 18h30. Personne ne s’attendait à ce que près de 70 personnes se pressent dans une salle de conférences de l’hôtel pour venir rencontrer les têtes dirigeantes de la section suisse (et liechtensteinoise) du parti d’Éric Zemmour. Pas même les organisateurs de la réunion, nous avoue Nicolas Rivard, avocat à la ville et porte-parole de «Reconquête!», la banane jusqu’aux oreilles.

La participation annoncée de deux personnalités de premier plan est probablement la raison de ce petit succès. D’abord, le conseiller national valaisan UDC Jean-Luc Addor. Ensuite — en visioconférence, malgré quelques larsens — Antoine Diers, directeur-adjoint de la stratégie de campagne du polémiste identitaire.

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«Une des moustaches les plus célèbres de France!», plaisante l’orateur chargé de le présenter, en clin d’œil à sa forte présence dans les médias français, notamment dans l’émission de Cyril Hanouna. Un monde à milles lieues de la cité octodurienne. Et pourtant...

Un drôle de chemin de crêtes

Tous les intervenants du soir sont-ils acquis à Éric Zemmour? Oui, mais non. Pas vraiment. Au moment de prendre la parole, Jean-Luc Addor tente un drôle de numéro d’équilibriste. Alors qu’il était présenté dans l’invitation à l’événement en ses titres et fonctions, le parlementaire fédéral assure qu’il ne s’exprime finalement… qu’en son nom propre. «Mais j’assume parfaitement qui je suis, du parti d’où je viens», nuance-t-il immédiatement.

Ce qui explique ses pudeurs de gazelle, c’est que le conseiller national est membre d’un parti cultivant un souverainisme chatouilleux. Malin, le conservateur ne veut pas donner l’impression qu’il se mêle de la campagne électorale d’un pays étranger — il est tout à fait conscient que l’UDC s’est bien trop souvent émue de l’influence venue d’au-delà de nos frontières sur la politique suisse pour sortir du bois. Or, en avouant à qui veut l’entendre qu’il partage les valeurs d’Éric Zemmour, c’est précisément ce que Jean-Luc Addor est en train de faire.

De gauche à droite: Oskar Freysinger, Jean-Luc Addor et plusieurs membres de l'Union démocratique du centre (UDC).
Photo: D.R.

«De quoi parlons-nous?», demande-t-il à la foule bigarrée. «Qu’est-ce qui a poussé cet homme, que les journalistes aiment par exemple qualifier de polémiste pour tenter de le décrédibiliser, à quitter le confort des studios radio?» L’élu s’autorépond: «Ce dont nous parlons n’est rien de moins qu’une civilisation. La nôtre. Une civilisation commune, que nous partageons avec nos voisins français. Une civilisation européenne, même. Ainsi que des valeurs autour desquelles cette civilisation s’est construite.»

Selon Jean-Luc Addor, la civilisation qu’il décrit est aujourd’hui «menacée». Il énumère plusieurs raisons: «La perte de nos valeurs fondatrices, l’islamisation ou encore le mondialisme». Toujours d’après le conseiller national valaisan, «ici, en Suisse, nous pouvons encore parfois nous sentir préservés de certaines choses».

Ce qui ne serait pas le cas en France. «Ce pays est en première ligne sur différents fronts, dans certaines villes et dans certains quartiers, tonne-t-il. Le grand remplacement, à savoir des Français qui se sentent étrangers dans leur propre pays, n’est pas un fantasme. Et Éric Zemmour s’est engagé pour notre civilisation, un peu comme un lanceur d’alerte.»

Les débats seront décisifs

Antoine Diers, quant à lui, s’élance sur une voie plus enjouée. Même s’il estime «qu’à droite, nous sommes parfois un peu trop bien élevés quand il s’agit de convaincre les opposants». Il éclate de rire: «Depuis peu, les sondages donnent Éric Zemmour devant Valérie Pécresse (candidate Les Républicains, ndlr.). Vous me connaissez, je prends les sondages uniquement quand ils sont bons. Plus sérieusement, nous sommes en train de réussir ce que nous voulons depuis le début: réunir les droites.»

Le directeur-adjoint de la stratégie de campagne se frotte les mains. «J’ai hâte d’assister aux débats qui vont arriver, souffle-t-il. Pour l’instant, seul Jean-Luc Mélenchon (candidat de La France insoumise, ndlr.) ose débattre face à Éric Zemmour. Mais plus le temps passe, plus les autres vont être obligés de s’y mettre. Et nous avons le candidat le plus fort dans cet exercice.»

Assis au premier rang, Oskar Freysinger interroge Antoine Diers. «Est-il envisageable qu’Emmanuel Macron essaie d’éviter une confrontation directe dans un débat avec Éric Zemmour?» Le spin doctor du candidat français opine du chef: «Il pourrait essayer de faire comme Jacques Chirac, qui se drapait dans une posture morale en disant qu’il ne débattrait jamais avec l’extrême droite. Mais, poursuit-il, je pense qu’aujourd’hui, cette posture serait défavorable à Emmanuel Macron.» C’est-à-dire? «L’espèce de nazification d’Éric Zemmour ne marche pas. Le nazi juif, personne n’y croit. Emmanuel Macron aurait davantage à perdre en refusant le débat.»

«Déglinguer» Macron

À une autre personne du public qui lui demande quand est-ce qu’Éric Zemmour va «enfin parler des scandales d’État», Antoine Diers affirme que tout est sous contrôle. «Nous attendons qu’Emmanuel Macron se déclare candidat à sa réélection, qu’il daigne descendre avec son char jupitérien dans l’arène, pour le déglinguer. Nous sommes prêts à lui envoyer un paquet de missiles à ce moment-là.»

Il rebondit: «Éric Zemmour est entouré par les plus grands experts! Dont certains hauts fonctionnaires qui, sous couvert d’anonymat, lui donnent des notes. Rassurez-vous, Éric Zemmour connaît tous les dossiers, c’est une force de travail incroyable.»

Par-dessus tout, Antoine Diers aime souligner que le parti d’Éric Zemmour est «la droite normale»: «La droite de ceux qui veulent vivre en paix, payer moins d’impôts et limiter l’immigration». Il insiste: «Notre candidat permettra à chacun de vivre sa religion normalement. Nous devons dire aux musulmans, aux homosexuels, aux femmes, et à toutes les autres cibles de l’islam radical qu’Éric Zemmour est le candidat qui se bat pour leurs libertés. C’est lui, leur meilleur défenseur!»

«Éric Zemmour est un remède»

Revenons à Oskar Freysinger et au bar de l’hôtel. Pourquoi préfère-t-il l’ancien journaliste à Marine Le Pen, pourtant mieux placée dans les sondages? La réponse fuse: «L’intelligence, rétorque-t-il. Je suis désolé, mais Éric Zemmour est largement meilleur…»

Selon l’ex-ministre cantonal, les connaissances historiques du candidat français représentent un véritable atout. Une boussole politique, même. «Il est incroyable dans les débats, souffle l’homme au catogan. À la place de Macron, je me ferais du souci. Cette fois, il n’aura pas une Marine Le Pen qui se décompose en face de lui.»

Ce ne sont toutefois pas seulement ses qualités de tribun qui séduisent l’ancien homme fort de l’UDC romande, mais aussi le fond de ses thèses. «Plusieurs ont pensé pouvoir le piéger, mais tous se sont mordu les doigts, jubile Oskar Freysinger. Éric Zemmour est aussi un remède contre une sorte de rétrogression de la culture qui sévit largement, y compris — pardonnez-moi — chez les journalistes.»

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