«Pas de surenchère» mais du «sérieux». Malgré des défections d'élus partis chez Éric Zemmour, pour lequel «penche» désormais sa nièce Marion Maréchal, Marine Le Pen entend «tracer sa route» de candidate «des solutions concrètes».
Elle réunit quelque 3000 personnes à Reims pour une «convention présidentielle». «On présente notre projet», mais «ce n'est pas un meeting pour chauffer des militants», prévient son proche conseiller et beau-frère Philippe Olivier, alors qu'Éric Zemmour attend le même jour environ 8000 partisans à Lille.
Soutien d'Orban
Un message vidéo de soutien du premier ministre hongrois ultraconservateur Viktor Orban pourrait être diffusé, selon un élu RN interrogé sur une information de FranceInfo.
Au coude-à-coude avec Valérie Pécresse dans les sondages, derrière Emmanuel Macron, mais devant Éric Zemmour, Marine Le Pen a édulcoré son discours. Elle ne veut plus supprimer la double nationalité ni sortir de l'euro, et met l'accent sur le pouvoir d'achat. Même si elle prévoit toujours de refondre en profondeur la Constitution pour contrer l'immigration.
«Je suis lassée du bruit et de la fureur. J'ai envie d'efficacité et de sérénité», dit-elle dans un entretien au Figaro.
Marine Le Pen y fustige le «communautarisme» d'Éric Zemmour, autour duquel elle croit retrouver «une série de chapelles», «venues puis reparties» de l'ancien Front national: «il y a les catholiques traditionalistes, les païens, et quelques nazis. Tout cela ne fait pas une posture présidentielle», lâche-t-elle.
Pas en «guerre»
Au RN, on minimise les départs chez Éric Zemmour de trois eurodéputés et quelques conseillers régionaux. Marine Le Pen s'est même réjouie mercredi que «ceux qui (...) faisaient la taqiya (dissimulation, ndlr) au sein de la campagne partent. Tant mieux».
«Zemmour, il est derrière, il n'est pas qualifié, on ne va pas faire de surenchère», souligne-t-on dans son camp où on cherche plutôt à réveiller le duel de 2017 face à Emmanuel Macron, dont le bilan est jugé «catastrophique».
Éric Zemmour assure de son côté ne pas être en «guerre» contre Marine Le Pen, dont il rêve de réunir l'électorat avec celui situé à la droite de LR.
Il organise néanmoins le même jour qu'elle son deuxième grand meeting, après celui du 5 décembre qui avait rassemblé plus de 10'000 personnes à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Cette réunion avait été marquée par des violences d'un groupuscule d'extrême droite contre des militants de SOS Racisme, tandis qu'un individu avait empoigné le candidat avant son entrée en scène.
La maire PS de Lille Martine Aubry a déjà indiqué que le candidat Reconquête! n'était «pas le bienvenu» dans sa ville, et appelé les Lillois à se joindre à un rassemblement en fin de matinée, initié par SOS Racisme.
Une deuxième manifestation «d'antifas» est prévue en début d'après-midi à quelques centaines de mètres du lieu du meeting.
Primaire ou pas
«S'il y a une frange violente de manifestants, cela montrera qui sont les antidémocrates et les fascistes», rétorque l'entourage d'Éric Zemmour.
Après avoir beaucoup insisté sur la lutte contre l'immigration, «la peur que» la France soit «ensevelie par une autre civilisation» ou avoir plaidé pour soutenir la «ruralité» plutôt que les «banlieues», Éric Zemmour compte centrer son intervention sur les questions économiques et sociales.
Selon l'ancien LR Guillaume Peltier, après une période de «stabilité» en janvier dans les sondages, le but du mois de février est «d'installer le match entre Valérie Pécresse et nous». «C'est la plus fragile» parmi les prétendants au second tour, considère le camp Zemmour qui multiplie les attaques contre la candidate LR sur les réseaux sociaux.
Les deux réunions publiques vont «être un moment intéressant pour savoir si on est en face d'une primaire» entre Marine Le Pen et Éric Zemmour ou «de deux candidatures vraiment différentes», estime le sondeur Jérôme Sainte-Marie.
Selon lui, Mme Le Pen a un électorat «populaire» identifié, «les travailleurs pauvres du privé, employés, ouvriers ou commerçants indépendants», alors que chez Éric Zemmour, «il y a une différence entre ses cadres, qui viennent de la bourgeoisie catholique 'Manif pour tous'» et l'électorat, qui n'a «pas vraiment de sociologie».
(ATS)