Temu, Shein, AliExpress: ils sont le fer de lance des boutiques en ligne étrangères qui inondent le marché suisse de marchandises à bas prix. Ensemble, ces trois plateformes ont déjà réalisé près d'un milliard de francs de chiffre d'affaires en Suisse l'année dernière. La croissance se poursuit et avec elle le bouleversement du commerce électronique suisse.
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Cela ne convient pas du tout à certaines associations économiques. Fin mai déjà, l'association professionnelle Swiss Retail Federation a porté plainte contre Temu auprès du Secrétariat d'État à l'économie (Seco). Les reproches? «Publicité mensongère», «pratiques commerciales déloyales» et distorsion de la concurrence. Car les plateformes étrangères ne sont pas tenues de respecter la législation suisse, surtout en ce qui concerne la sécurité des produits ou les mesures de protection de l'environnement. De plus, Temu & Co. sont exonérés d'impôts pour les produits de moins de 62 francs – contrairement au commerce en Suisse.
Selon la directrice de l'association Dagmar Jenni, trop peu de choses ont été faites à Berne. Contrairement à l'Union européenne, la Suisse n'accorde pas encore assez d'attention à ce sujet. C'est pourquoi, à l'approche des fêtes de fin d'année, période importante pour le commerce, Swiss Retail Federation et onze autres associations professionnelles et de protection des consommateurs lancent une nouvelle offensive. Dans une lettre adressée au Conseil fédéral, les associations demandent que la Confédération prenne des mesures contre les plateformes étrangères.
Les associations veulent l'égalité des chances
L'objectif n'est pas d'éliminer la concurrence, explique Dagmar Jenni. Mais plutôt de créer des conditions d'égalité: «Pour une concurrence loyale, la Confédération doit mettre officiellement en garde Temu et les plateformes similaires et informer le public de manière proactive sur les comportements déloyaux.» Selon lui, il n'est plus temps de «faire preuve d'indulgence». «Comment puis-je exhorter nos membres à respecter les dispositions légales si les plateformes à bas prix n'en sont pas inquiétées?», demande Dagmar Jenni.
Etant donné que Temu & Co. ont un impact sur l'économie nationale et menacent d'autres secteurs avec leurs produits bon marché, le public doit être informé plus clairement des risques. Il existe suffisamment d'exemples concrets à cet égard. Ainsi, une enquête de l'Association suisse des jouets a montré que 15 des 18 jouets commandés sur Temu et Shein devraient être interdits. En outre, la pratique de l'envoi par avion génère des émissions de CO2 jusqu'à 50 fois supérieures à celles d'un envoi conventionnel par conteneur.
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Pour la sécurité des consommateurs, il est important que les marchandises importées et vendues en Suisse répondent aux normes locales de sécurité des produits. En outre, les directives sur la protection des données doivent être améliorées. Les commerçants en ligne ayant leur siège à l'étranger doivent être obligés de désigner une représentation juridique en Suisse afin de garantir le respect des lois locales.
Dagmar Jenni n'attend pas de changements d'ici la fin de l'année. L'important est de maintenir le sujet sous les feux de l'actualité, «parce que beaucoup de personnes achètent sans réfléchir sur ces plateformes».