Grêle, inondations et coulées de boue – le début de l'été a jusqu'à présent été marqué par une météo des extrêmes. Dans la nuit de samedi à dimanche, le Valais a été fortement touché par des inondations. L'A9 ainsi que les lignes de chemin de fer sont totalement sous l'eau.
Tous ces événements créent une situation tendue à l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). La directrice Katrin Schneeberger a néanmoins trouvé le temps de s'entretenir avec Blick à Berne. Comme toujours dans de tels cas, elle reste en permanence en contact avec ses spécialistes, qui établissent des analyses et préparent des alertes pour la population.
Madame Schneeberger, de graves intempéries frappent actuellement la Suisse. Comment vous sentez-vous?
Cela me fait prendre conscience une fois de plus de la force incroyable de la nature. Nous ne pouvons pas imaginer les émotions que cette destruction provoque chez les personnes directement concernées. Les événements tragiques survenus dans le val Mesolcina (GR) montrent l'importance des tâches que nous assumons au quotidien à l'Office fédéral de l'environnement. Il ne s'agit pas seulement de la protection contre les dangers naturels, mais aussi de questions liées à la biodiversité et au changement climatique.
Pourtant, beaucoup ne parlent aujourd'hui que des restrictions sur l'axe nord-sud.
Il est important que l'on puisse à nouveau emprunter le col du San Bernardino le plus rapidement possible. Mais il est tout aussi important que nous avancions dans le domaine du climat. En raison de sa situation géographique, la Suisse est particulièrement touchée par le réchauffement climatique. Des mesures ont également été prises: La loi sur le climat et la loi sur l'électricité ont été acceptées par la population, le Parlement a adopté la loi sur le CO2.
Les événements dits «du siècle» se multiplient. L'utilisation de ce terme a-t-elle encore un sens?
Nous savons que de telles catastrophes vont devenir de plus en plus fréquentes. Il y aura davantage de précipitations extrêmes, comme celles que nous avons connues récemment, mais aussi plus de périodes de sécheresse. Nous devons nous y préparer et prendre des mesures. Si l'on se base sur un événement de ce genre tous les 300 ans, il s'agit d'une hypothèse purement statistique. L'événement peut se produire demain – et à nouveau après-demain.
Ce sont des perspectives assez sombres...
Les perspectives ne sont effectivement pas roses. Mais je ne veux pas non plus broyer du noir. Nous avons le pouvoir de continuer sur la voie que nous avons choisie. Nous devons agir maintenant, il n'est plus possible de repousser à plus tard. Différentes études montrent que l'inaction nous coûte beaucoup plus cher que si nous prenions maintenant les mesures nécessaires.
La Suisse n'en fait donc pas assez?
En tant que directrice de l'OFEV, je ne peux jamais être satisfaite. Mais nous devons trouver des solutions susceptibles de recueillir une majorité dans le système politique. Lorsque la première loi sur le CO2 a échoué dans les urnes, nous avons pu tirer les leçons nécessaires. Ce sont de petits pas dans la bonne direction, et chacun d'entre eux nous fait avancer.
Interrogée il y a deux semaines et demie sur la menace de glissements de terrain causée par les fortes précipitations, vous avez déclaré, dans «Tagesgespräch» de la SRF, que l'OFEV donnerait bien sûr l'alerte en cas d'urgence. Cela n'a toutefois pas eu lieu durant les intempéries qui ont frappé le val Mesolcina. Comment expliquer cela?
Les autorités ont mis en garde contre les fortes précipitations et les glissements de terrain. Mais ni nous, ni les forces d'intervention régionales ne pouvons prédire exactement où les fortes pluies orageuses s'abattront et quels effets domino surviendront. La Suisse a atteint un niveau très élevé en matière de prévention et de protection. Mais la sécurité absolue n'existera jamais.
Près de Lostallo (GR), l'A13 a été emportée sur une longueur de 200 mètres. Pourtant, il y avait depuis longtemps des signes que ce tronçon pouvait être menacé. Des laves torrentielles se sont déjà produites à plusieurs reprises au même endroit, la dernière en 2019.
Après la lave torrentielle de 2019, la digue existante a été renforcée et une deuxième a été construite pour protéger la route nationale. Les digues ont fait leur effet il y a un peu plus d'une semaine. Cependant, nous devons tous nous rendre à l'évidence: Nous ne pourrons pas non plus prédire un événement d'une telle violence à l'avenir, malgré une base de données et des modélisations toujours plus performantes. Et lorsqu'une telle quantité de pluie tombe en si peu de temps, toutes les mesures de protection atteignent leurs limites.
La conclusion est donc que nous devons apprendre à vivre avec le risque?
Nous devons prévenir et prendre des mesures de protection là où c'est nécessaire, alerter la population à temps si possible et prévenir les dégâts. Mais oui, en fin de compte, nous ne pourrons pas éviter de vivre avec de tels événements.
Selon la carte des dangers, un Suisse sur cinq vit aujourd'hui dans une zone inondable. A-t-on été trop négligent dans la construction par le passé?
En Suisse, le sol est limité. Le type et la force des événements augmentent. Et des événements extrêmes se produisent aussi à des endroits où ça n'avait encore jamais été le cas. Nos ancêtres ne pouvaient pas s'y attendre. De très nombreuses mesures ont été prises pour protéger les gens contre de tels événements.
A Mitholz (BE), des habitants doivent quitter le village pour évacuer les restes de munitions dans la montagne. Les personnes vivant dans des zones fortement touchées par les dangers naturels risquent-elles aussi d'être contraintes de déménager?
Les déplacements de population sont un sujet sensible. Il s'agit toujours d'une possibilité existente. D'autres options techniques et d'aménagement du territoire doivent d'abord être évaluées. Les cantons et les communes concernés le font avec discernement.
La population urbaine augmente, elle se densifie. Et bien que le problème des îlots de chaleur soit reconnu, on continue d'aménager des déserts de pierres. Qu'est-ce qui ne va pas?
Aujourd'hui, près de deux tiers des surfaces urbanisées sont imperméabilisées. Le béton et les pierres chauffent jusqu'à 50 degrés. Dans les grandes villes suisses, la création d'un maximum d'espaces verts fait désormais partie de la norme. Les parcs, les allées, les toits végétalisés et les étangs rafraîchissent, purifient l'air et nous rendent plus résistants au changement climatique.
L'agriculture intensive entraîne également un compactage des sols.
Des sols sains et soigneusement cultivés ne sont pas seulement importants pour les agriculteurs et leurs récoltes. Ils sont également utiles au climat, à la population ou au tourisme. C'est pourquoi nous faisons bien de laisser suffisamment d'espace à la nature, que ce soit en ville ou même à la campagne.
Les agriculteurs ne sont pas de cet avis. Ils ont combattu avec succès le projet de la Confédération d'aménager 3,5% de surface de propice à la biodiversité dans les champs.
L'agriculture a déjà fait beaucoup pour la biodiversité. Mais nous devons le constater de manière générale: La biodiversité est sous pression. C'est pourquoi nous travaillons à un nouveau plan d'action qui comprendra des mesures concrètes.
Le président de l'Union suisse des paysans Markus Ritter ne voit pas de crise de la biodiversité. Y a-t-il vraiment une extinction des espèces en Suisse?
Pour certaines espèces, la situation s'est améliorée au cours des dernières années. Les libellules, par exemple, se portent mieux. Pour les abeilles sauvages ou différentes espèces de poissons, la situation est toutefois moins bonne. C'est pourquoi il faut prendre aussi des mesures en ce qui concerne les pesticides ou d'autres pollutions.
Les loups aussi allaient mieux. Jusqu'à ce que votre chef, le conseiller fédéral Albert Rösti (UDC), autorise l'automne dernier les tirs préventifs sur ces animaux – avec un succès mitigé. Maintenez-vous malgré tout votre stratégie?
Le Parlement a adopté la régulation préventive des loups. Un nouveau concept a ainsi été mis en œuvre. Les cantons peuvent désormais plus seulement abattre des loups isolés qui causent des dommages, mais également des meutes entières à titre préventif. A partir du 1er septembre et jusqu'à fin janvier 2025, la population de loups pourra à nouveau être régulée de manière préventive. Une consultation est actuellement en cours à ce sujet ainsi que sur d'autres dispositions d'application.
Après la dernière période de chasse, il s'est avéré que l'on s'était trompé de loup. On n'a pas pu prouver que les animaux abattus avaient tué des moutons.
Ce ne sont plus des loups isolés qui sont prélevés, mais des meutes. C'est un terrain inconnu pour la Confédération et les cantons. Les chasseurs me disent qu'il est très difficile de capturer des meutes entières.
Il est évident que vous et votre chef n'êtes pas toujours du même avis en ce qui concerne les loups. Quelle est votre relation avec le conseiller fédéral Rösti?
La relation est bonne, je dirais même très bonne. Je travaille avec lui comme j'ai travaillé auparavant avec les conseillères fédérales Simonetta Sommaruga et Doris Leuthard. Nous proposons toujours différentes variantes au chef du département, nous mettons tous les avantages et inconvénients en avant. Notre tâche est de fournir des bases factuelles qui permettent de prendre une décision politique.
Pour que les loups perdurent, il faut 20 meutes. Le conseiller fédéral Rösti en veut 12. Vous êtes donc en désaccord.
Encore une fois: nous proposons des variantes. Et en tant qu'office fédéral, nous élaborons des bases factuelles pour le Conseil fédéral et le Parlement. Celui qui ne parvient pas à gérer avec ce système ne restera pas longtemps dans l'administration.
A ce propos, avez-vous déjà trouvé un successeur au garde-chasse en chef, après le départ à la retraite anticipée de Reinhard Schnidrig?
Vous pouvez imaginer que la recherche n'est pas simple. On sait quel dossier il faudrait traiter. On n'a presque pas d'amis.
L'impression que les thèmes environnementaux ne sont pas prioritaires pour le conseiller fédéral Rösti est-elle trompeuse?
Le fait que les thèmes environnementaux aient généralement plus de mal que par le passé est une réalité sociétale. Mais ils n'en sont pas moins importants. Dans la politique environnementale, il y a toujours eu et il y aura toujours des fenêtres d'opportunité pour certaines préoccupations. Il s'agira d'être prêt lorsqu'une telle fenêtre s'ouvrira.
Quelles sont les fenêtres ouvertes chez le conseiller fédéral Albert Rösti?
Comme chacun sait, le conseiller fédéral Albert Rösti est originaire de Kandersteg, un village des Alpes bernoises. Il a une sensibilité particulière pour les dangers naturels. Le thème de l'adaptation aux nouvelles circonstances est très important pour lui. Par exemple dans le débat actuel sur la protection contre les inondations ou sur les forêts résistantes au climat.