Il est dans le viseur de la commission de gestion
La chasse au loup se transforme en chasse à Albert Rösti

La Commission de gestion (CdG) va examiner l'ordonnance sur le tir des loups. Après les organisations de défense de la nature, c'est au tour des parlementaires de taper du poing sur la table. Même les bourgeois s'opposent au massacre initié par Albert Rösti.
Publié: 20.12.2023 à 07:25 heures
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Dernière mise à jour: 20.12.2023 à 08:42 heures
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Les projets d'abattage de loups d'Albert Rösti font débat.
Photo: Keystone
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Tobias Ochsenbein et Pascal Tischhauser

C'est un véritable retour de bâton. Le massacre des loups retombe désormais sur le dos du ministre de l'Environnement Albert Rösti. Celui qui voulait tant réduire la population de loups à douze meutes est à présent lui-même dans le viseur. 

Au-delà des recours déposés auprès du Tribunal administratif fédéral par des organisations de protection de la nature, la chasse aux loups d'Albert Rösti est en train de se transformer en véritable chasse à l'homme.

Chasse à Albert Rösti déclarée

Cette chasse au grand prédateur à laquelle le conseiller fédéral UDC et son secrétaire général Yves Bichsel ont initialement appelé, provoque également des remous au Palais fédéral. «Je demande à la Commission de gestion d'examiner comment l'ordonnance sur le tir des loups, probablement illégale, a pu être adoptée», déclare la conseillère nationale Gabriela Suter (PS) à Blick.

En tant que membre de la Commission de gestion (CdG) visant à surveiller la gestion du Conseil fédéral et de l'administration fédérale en réalisant des inspections et des enquêtes, l'élue socialiste demande des éclaircissements sur la manière dont le Département de l'environnement (DETEC), sous la direction d'Albert Rösti, peut imposer de telles ordonnances.

Son collègue de la CdG, le conseiller national des Vert-e-s Michael Töngi, estime lui aussi qu'il serait judicieux que les contrôleurs de gestion «posent au moins des questions» sur les tirs de prévention.

Le chef de la CdG est UDC

Un autre membre de la CdG apporte des précisions à ces interrogations. «Il est de fait impossible de ne pas enquêter sur les processus qui ont conduit à l'ordonnance ratée, car illégale, sur l'abattage des loups.»

Pendant ce temps, le nouveau chef de la CdG, Erich Hess, UDC, – comme Albert Rösti – ne semble pas être très éveillé depuis le début de sa présidence. Un comportement qui nuirait à la CdG en elle-même, mais pas que. Il semblerait en effet que le nouveau chef de droite ne fasse pas vraiment d'efforts pour examiner de près cette chasse au loup: «Je ne pars pas du principe qu'une enquête de la CdG est nécessaire.» La procédure au Tribunal administratif fédéral (TAF) concernant l'ordonnance sur le loup montrera si le président avait raison.

Si le tribunal devait accepter les recours déposés par les organisations de défense de la nature contre l'autorisation des tirs, le Parlement pourrait procéder à des corrections «et éventuellement dénoncer la Convention de Berne». Selon celle-ci, le loup est un animal strictement protégé. L'idée du président Hess, au lieu de rappeler Albert Rösti et le DETEC à l'ordre – est de modifier la loi. Mais ce projet ne devrait pas réunir une majorité de voies, en dehors de l'UDC.

Dans la Berne fédérale, on s'accorde à dire que le bras droit d'Albert Rösti sera sans doute aussi visé dans le cadre de cette affaire. L'ancien secrétaire général de l'UDC Yves Bichsel est considéré comme l'ange gardien du chef du DETEC. Tout comme le conseiller fédéral UDC Guy Parmelin s'est vu adjoindre Martin Baltisser, un ancien secrétaire du parti, Albert Rösti a hérité, avec Yves Bichsel, d'un «surveillant» de l'UDC, raconte-t-on.

Les bourgeois aussi critiquent Rösti

Mais le fait que les citadins de gauche et les associations de protection des animaux ne soient pas les seuls à s'élever contre le massacre des loups tombe particulièrement mal pour Albert Rösti et Yves Bichsel. Des politiciens bourgeois, qui sont en principe favorables à une régulation du loup, ont également exprimé des critiques.

L'ancien bourgeois démocrate bernois et chasseur Lorenz Hess a déclaré à ce sujet: «Si le Conseil fédéral tire au-delà du but, c'est contre-productif.» La manière dont la chasse au loup a été organisée dans le canton du Valais est mauvaise pour l'image de la chasse, selon lui. Le conseiller national du centre est d'avis que la responsabilité de la régulation des meutes de loups devrait être confiée aux gardes-chasse – du moins, dans un premier temps.

Son collègue du Conseil national Matthias Jauslin (PLR) va dans son sens. «Si les loups leaders d'une meute sont abattus et que les animaux survivants se dispersent aux quatre vents, nous produirons précisément des loups problématiques que nous n'avions pas prévu.» Le loup est le prédateur le plus intelligent sous nos latitudes et il est tout à fait capable d'apprendre, rappelle le radical. Nous devrions lui montrer continuellement ses limites et le chasser dans les endroits où nous ne voulons pas le voir.»

Que faire contre l'arbitraire du Conseil fédéral?

Par ailleurs, la conseillère nationale socialiste Martina Munz a déposé une motion sur la question lors de la session en cours. Elle souhaite que le Conseil fédéral lui explique pourquoi des autorisations qui violent la loi et la Constitution ont été acceptées, et pourquoi la Convention de Berne, ratifiée par la Suisse, n'est pas respectée.

Le Conseil fédéral devra également s'exprimer sur le nombre de meutes. Car Martina Munz a fait un constat: pourquoi douze meutes suffiraient tout à coup à maintenir une population de loups en bonne santé, alors qu'auparavant, on en exigeait toujours au moins vingt?

La socialiste demande finalement des précisions sur la manière dont la population peut se défendre contre les violations de la Constitution, des lois et des conventions par le Conseil fédéral. De biens mauvaises nouvelles pour Albert Rösti... mais excellentes pour les loups.

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