La retraitée Blanca Hug a été arrêtée et placée en détention provisoire pendant plus d'un mois, et ce, parce qu'elle avait aidé à faire adopter des chiens en Suisse. Comme le montre un récent rapport de la Fondation Susy Utzinger pour la protection des animaux, la septuagénaire n'est pas seule dans ce contexte. Au même moment, deux autres retraitées avaient été placées en prison.
«Tout cela est systématique et place de nombreux amis des animaux dans des situations difficiles. Ils entrent en conflit avec la loi en soutenant inconsciemment des organisations peu sérieuses, explique Susy Utzinger, l'une des défenseuses les plus connues de Suisse. Avec notre rapport actuel, nous essayons de prendre le contre-pied.» Mais que se passe-t-il?
«La situation est grave»
Le rapport de la fondation donne à réfléchir et apporte quelques pistes de compréhension. «La situation est grave et va plutôt empirer», déclare Corinne Frana, responsable de projet à la Fondation. Elle dirige les activités liées au rapport sur le commerce des animaux. «Il s'agit de la vente de chiens sous le couvert de la protection des animaux, précise-t-elle. Le terme 'protection des animaux' n'est pas protégé, chaque association ou fondation peut l'avoir dans son nom.»
Corine Frana ajoute: «Les amis des animaux comme Blanca Hug ont certes de bonnes intentions, mais elles se retrouvent dans le collimateur de la justice pour commerce illégal de chiens.» Et ce, parce qu'ils ont apporté leur aide à la mauvaise personne.
14,25 millions de francs avec des chiens importés
Selon les recherches de la fondation Susy Utzinger, 34'545 chiens ont été importés en Suisse en 2022. A cela s'ajoutent 7372 chats. Les organisations ont réalisé un chiffre d'affaires de 14,25 millions de francs avec cette vente. Mais comme la plupart du temps il ne s'agit que d'argent, il faut agir vite.
«Les animaux sont remis à leurs nouveaux propriétaires en l'espace de quelques minutes sur des parkings, au milieu de camions. Ils signent le contrat sur place, des amis des animaux ahuris prennent en charge des chiens complètement épuisés», poursuit Corinne Frana.
Et pire encore: «On ne vérifie pas si le chien et le propriétaire sont vraiment compatibles ou si le nouveau propriétaire est capable de s'occuper d'un chien.» Un trafic qui ne se soucie pas du bien-être de l'animal.
La fondation exige des contrôles stricts
Avec le rapport sur le commerce des animaux, la fondation de Susy Utzinger veut s'attaquer au cœur du problème – une situation qu'elle décrit comme catastrophique. Mais des mesures et des sanctions peinent à être mises en œuvre. La protectrice des animaux déclare, désemparée: «Nous avons demandé à 47 organisations de rendre transparent le placement de chiens. Seules trois d'entre elles ont répondu. Beaucoup s'y opposent même avec véhémence.»
Parmi les autres mesures, la Fondation pour la protection des animaux demande des conditions plus strictes pour les autorisations de commerce d'animaux et les contrôles. «Il ne faut pas que les commerçants abandonnent les animaux avant la frontière suisse et contournent ainsi les contingents et les droits de douane», martèle Corinne Frana. Mais une épine dans le pied des défenseurs persiste également au plus au haut niveau de la société: «Le placement des chiens n'est toujours pas réglementé par la loi.»