Des faits qui font froid dans le dos
Ce Suisse tortionnaire d'animaux répond de ses actes devant un tribunal

Pendant des années, le paysan Ulrich K. a maltraité des animaux dans sa ferme de Hefenhofen, en Thurgovie. Le tortionnaire risque désormais six ans et demie de prison. Le procès au Tribunal de district d'Arbon (TG) commence ce mercredi.
Publié: 01.03.2023 à 13:43 heures
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Dernière mise à jour: 21.03.2023 à 16:05 heures
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Le présumé tortionnaire d'animaux Ulrich K. comparaît à partir de mercredi devant le Tribunal de district d'Arbon (TG).
Photo: Tele Top
Sandro Zulian, Michael Sahli

Des chevaux amaigris, couchés dans leurs propres excréments, pour certains morts et déjà à moitié décomposés. Ces horribles images – publiées par la version alémanique de Blick le 2 août 2017 – avaient déclenché une tempête d'indignation.

Une initiée de la ferme du paysan Ulrich K.* de la commune thurgovienne de Hefenhofen ne supportait plus la vue de ces animaux souffrants et avait décidé de documenter l'injustice. Au moins 13 chevaux étaient déjà morts à ce moment-là, indiquait-elle à l'époque.

Manifestations et évacuation par la police

La suite? Sans plus attendre, des manifestants se sont rassemblés sur le trottoir en face de la ferme d'Ulrich K., et l'affaire a pris de l'ampleur. Le Canton de Thurgovie, qui n'avait pas adopté de mesures pendant des années malgré les agissements connus de l'homme, a dû agir.

Le 8 août 2017, le Conseil d'État thurgovien a fait évacuer la ferme d'Ulrich K. par un grand nombre de policiers et de militaires. Les fonctionnaires ont sauvé 93 chevaux, 80 porcs, 50 bovins, 25 moutons et 3 chèvres.

Certains animaux ont dû être abattus en urgence en raison de leur mauvais état, d'autres ont été remis à l'armée. L'ancien vétérinaire cantonal Paul Witzig et certains de ses collaborateurs devront répondre du fait d'avoir attendu plusieurs années avant d'agir, ainsi que de la vente subséquente des animaux dans le cadre d'une procédure judiciaire séparée.

L'acte d'accusation fait 40 pages... et froid dans le dos

Le procès contre l'agriculteur est prévu pour durer quatre jours. L'acte d'accusation du Ministère public de Bischofszell (TG) ne compte pas moins de 40 pages et les faits reprochés remontent jusqu'à 2013.

En somme, Ulrich K. est accusé de cruauté envers les animaux dans des dizaines de cas. Il aurait par exemple donné du pain moisi à manger à ses bêtes et ne se serait pas du tout occupé de leurs soins.

L'acte d'accusation indique que l'homme n'a pas donné suffisamment de nourriture à 31 de ses 93 chevaux, qui ont ensuite souffert d'un amaigrissement léger à important. De plus, «Ulrich K. a omis de soigner tous les sabots de tous les chevaux de manière appropriée et régulière.»

Il aurait laissé huit chevaux dans un tel état de délabrement que leur «crin était tellement sale qu'il s'est collé à plusieurs endroits». Les chevaux, à l'origine bruns, auraient ainsi pris une teinte de plus en plus noire. En outre, les autorités ont trouvé dans l'écurie de la ferme un squelette de cheval complet qui gisait dans la boue.

Ramifications jusque dans les Grisons

Peu avant l'évacuation de sa ferme, l'homme possédait aussi une jument et un poulain placés sur un alpage d'estivage dans le canton des Grisons. Le Canton de Thurgovie les a confisqués par décision du 7 août 2017, mais Ulrich K. les a entre-temps vendus pour près de 6000 francs.

Il voulait d'autre part y faire venir six autres animaux d'un autre alpage pour les cacher. L'office vétérinaire et la police cantonale des Grisons lui ont toutefois mis des bâtons dans les roues.

Le Thurgovien aurait également gardé des poules dans des poulaillers inadaptés, n'aurait pas emmené chez le vétérinaire des moutons blessés aux onglons et aurait abandonné à leur sort des chèvres infestées de parasites.

Beaucoup de ses animaux souffraient du manque d'espace. L'une de ses chiennes aurait reçu une nourriture inadaptée et si peu d'exercice qu'elle «est devenue massivement en surpoids.»

Une liste de chefs d'accusation longue comme le bras

Selon l'acte d'accusation, le paysan ne tenait pas de registre des animaux dans de nombreux cas. Les autres chefs d'accusation vont de la non-délivrance de plaques d'immatriculation à la violation de domicile, en passant par l'emploi d'étrangères ou d'étrangers sans autorisation, l'atteinte à l'honneur, l'injure, la diffamation, la suppression de documents et la mise en danger de la vie d'autrui.

Avec un duo de bouchers également inculpés, Ulrich K. aurait engraissé des porcs dans un état physique déplorable, au lieu de les abattre directement. De la viande non autorisée et non contrôlée est ainsi arrivée sur le marché suisse et finalement chez les consommatrices et consommateurs.

Le paysan et ses partenaires commerciaux se sont aussi énormément enrichis. Les bouchers auraient empoché plus de 100'000 francs grâce à ce commerce, et Ulrich K. environ 20'000 francs. Il n'y a jamais eu de preuves ou de documents concernant ce commerce.

Lourde peine demandée par le Parquet

Le Ministère public de Bischofszell requiert pour Ulrich K. une peine de six ans et demi d'emprisonnement ainsi qu'une interdiction d'exercer sa profession pendant 20 ans. S'y ajouteraient une peine pécuniaire globale de 4500 francs et une amende de 3500 francs. Les frais d'enquête de près de 72'000 francs seraient également à la charge du Thurgovien. Outre Ulrich K., quatre autres personnes sont accusées: son amie de l'époque, une ancienne collaboratrice et les deux bouchers mentionnés.

Le procès a débuté ce mercredi matin à 8h30 au Tribunal de district d'Arbon. L'homme bénéficie de la présomption d'innocence. Son avocat n'a pas répondu à la demande de Blick.

*Nom connu de la rédaction

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