Cette petite phrase était l’une des immenses tempêtes de son unique quinquennat. Avec son célèbre «casse-toi pauv' con», l’ancien chef d’État français Nicolas Sarkozy avait agité les passions. De notre côté de la frontière, c’est un tout autre genre de président — mais président quand même — qui vient de cracher cette insulte, constate Blick. Il s’agit de Niels Rosselet-Christ, tête de proue de l’Union démocratique du centre (UDC) du canton de Neuchâtel et député au Grand Conseil.
La semaine dernière, l’élu au verbe haut s’est pris le bec sur Facebook avec Steve Claude, un pharmacien jurassien connu pour détricoter les fake news concernant le Covid sur les réseaux sociaux. Tout part d’une publication du sociologue Gérald Bronner — qui défend la controversée cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris — partagée par l’apothicaire.
Niels Rosselet-Christ rebondit en commentaire sur une phrase écrite par l’universitaire français dans son billet. Il adjoint à ses mots une pluie d'émojis hilares: «'Le caractère héroïque'… Voir des drag queens se dandiner et des polygames s’exposer aux yeux de tous, vous appelez ça de l’héroïsme?»
Steve Claude sort son gros bazooka en réaction: «Je vois deux problèmes à votre commentaire: D’abord, il démontre votre incapacité à interpréter un texte (il y a plus de deux phrases, je vous l’accorde). Ensuite, par cherry-picking, vous extrayez deux scènes d’un show de quatre heures pour généraliser l’ensemble […]. Bref, commencez peut-être par gratter la couche d’idéologie anti-’woke' qui impacte pathologiquement votre capacité de discernement.»
Coup de sang assumé
Face à ce mépris non dissimulé, celui qui présidait par ailleurs jusqu'à fin juin le Conseil général (législatif) de Val-de-Travers s'étrangle: «Vous me traitez donc de débile… C’est noté, pauvre con.» À froid, la figure romande de l’UDC regrette-t-elle d’avoir cédé à l’injure? Ou, à l’inverse, le Neuchâtelois estime-t-il qu’une personnalité politique peut se permettre ce type d’outrage dans le cadre d’un débat vif?
Blick a contacté le principal intéressé, ce lundi 5 août. D’abord peu enclin à répondre, il consent finalement à s’expliquer dans la matinée: «Des gens insultent quotidiennement les politiciens — de droite comme de gauche — en direct sur les réseaux sans aucune retenue, pensant qu’ils peuvent tout se permettre. Pour ma part, j’ai du répondant et quand ça va trop loin, je bloque.»
Il enchaîne, non sans rappeler le pétage de plomb sarkozien daté de 2008: «Les politiciens restent des êtres humains, ce que beaucoup oublient derrière leurs écrans. Je n’ai pas (ou peu) de filtres, je parle franchement. J’ai du respect et apprécie le débat, à la condition que cela se fasse avec respect. À force de se faire traiter de tous les noms d’oiseaux, un 'pauvre con' qui se glisse dans un échange houleux ne me semble guère excessif, un peu comme l’expression d’une goutte d’eau qui ferait déborder le vase dans un mauvais jour. J’assume tous mes propos.»
Vérification a été faite. Tous les commentaires du parlementaire conservateur ont été effacés de la publication initialement partagée par Steve Claude. «J’ai bloqué cet individu et supprimé son message initial car sa présence n’était plus souhaitée sur mon profil, justifie l’élu. Il n’y a aucune volonté de dissimulation ou de rétractation de ma part.»