Ilias Panchard sort l’une des formules dont il a le secret. Le Lausannois, coprésident des Vert-e-s de la capitale olympique, persifle, au bout du fil, ce lundi 11 mars: «Bernard Nicod, c’est le Cédric Doumbé du débat public: beaucoup de vantardise, mais un rien le fait renoncer.»
En clair: le conseiller communal (législatif) assure ne pas être surpris du refus de Bernard Nicod de débattre avec lui. Le trentenaire lie avec malice cette fin de non-recevoir à la défaite de Cédric Doumbé, combattant de MMA star des réseaux sociaux, jeudi soir, à Paris. Après avoir tancé son rival des mois durant, le Franco-Camerounais s’est incliné… à cause d’une épine dans le pied.
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Pour mémoire, Ilias Panchard avait invité le célèbre promoteur immobilier à croiser le verbe sur nos plateformes, mardi dernier. Dans la foulée, le septuagénaire, réputé pour ses saillies assassines, avait déploré le niveau d’argumentation de l’élu local. Une critique utilisée pour balayer d’un revers de main l’idée même d’une joute verbale avec l’ancien coprésident des Jeunes Vert-e-x-s suisses.
Tant pis: le débat sur la politique du logement menée par la Ville de Lausanne aura bel et bien lieu. Mais sans le richissime entrepreneur. Blick a invité la présidente du Parti libéral-radical (PLR) du chef-lieu vaudois à se mouiller à sa place.
Grignoter le privé
Le parlementaire écolo ouvre le bal et veut tourner la page de la crise qui secoue le Service du logement de la Ville de Lausanne. Un service, rappelons-le, sous la responsabilité de la Verte Natacha Litzistorf. «Le centre du débat, ce ne sont pas les 6% du nombre total des logements sur lesquels la Municipalité peut agir directement, tonne Ilias Panchard. Mais ce sont les 94% en mains privées.»
Toujours d’après lui, «le public doit continuer à gagner en puissance et grignoter le privé»: «Cela passe par construire davantage de logements d’utilité publique, soutenir encore plus les coopératives et renforcer le droit de préemption.» Pour rappel, dans le canton de Vaud, depuis 2020, le droit de préemption permet aux communes situées dans des régions en pénurie de logements d’acquérir de manière prioritaire — donc de force — un bien-fonds sur le point d’être vendu à un privé pour développer des logements d’utilité publique.
«Renforcer le droit de préemption fait peur aux géants du privé et enrage la droite qui les défend et préférerait leur vendre les terrains communaux, enchaîne Ilias Panchard. C’est toutefois un outil indispensable: à Lausanne, du moins dans certains quartiers, il est de plus en plus difficile de se loger si on n’a pas de bons salaires à disposition.» Aux yeux de l’élu, «cette tendance inquiétante renforcée par l'inflation» sera «l’un des enjeux» des prochaines élections communales. «La population donnera un siège supplémentaire à l’Exécutif au PLR ou aux Vert-e-s en fonction de la politique du logement qu'elle souhaitera», pronostique-t-il même.
Un échec de la gauche?
Mathilde Maillard aiguise son arme, puis tacle: «La politique du logement menée par la municipale du parti d'Ilias Panchard et par le syndic socialiste Grégoire Junod est un cuisant échec. Après 130 millions de francs dépensés en préemption, pas un seul des loyers des immeubles préemptés n’a baissé.»
Attaquée sur le fait de vouloir vendre les terrains communaux aux privés, la conseillère communale riposte: «Garantir le droit à la propriété pour construire des logements nous paraît en effet essentiel! N’en déplaise à la gauche majoritaire, qui vient pourtant de perdre 3705 logements sous gestion, soit les trois quarts de son portefeuille.»
Mathilde Maillard fait ici allusion à la décision de la Caisse de pension du personnel communal (CPCL), qui a résilié son contrat de gérance avec la Ville. Une sacrée écharde dans le pied — cette fois — des autorités. «Cela dénote d’un gros problème de gestion au sein de l'administration, fusille l’avocate. Qui dit mauvaise gestion au sein de l'administration, dit mauvaise gestion de l'argent public. Une fois encore, cela montre comment la majorité de gauche traite l'argent de nos contribuables et de nos entreprises.»
Les prochaines élections communales n'auront lieu que 2026. Mais le siège laissé vacant par le municipal popiste David Payot aiguise les appétits. La guerre est déjà bel et bien déclarée.