Aïe, ça pique! Ilias Panchard défie Bernard Nicod dans un coup de gueule magistral sur nos plateformes, ce 5 mars. En toile de fond: la crise du Service du logement de la Ville de Lausanne, dirigée par «sa» municipale, l’écologiste Natacha Litzistorf.
Sollicité par Blick, le célèbre promoteur immobilier fait savoir ce jeudi qu’il ne descendra pas dans l’arène politique. Pas question de débattre publiquement avec le remuant conseiller communal (législatif) et co-président de la section locale des Vert-e-s, qui estime que l’entrepreneur n’a pas suffisamment «le cul propre» pour «monter à l’arbre». En clair: que ses affaires ne sont pas exemptes de tout reproche et qu’il est par conséquent mal placé pour faire la leçon aux autorités.
La déception n’est toutefois que de courte durée. Car le septuagénaire accepte de répondre — par écrit — aux fions téléguidés par l’élu. Les deux hommes au verbe haut se rendent coup pour coup. Interview.
Bernard Nicod, pour reprendre la formule d’Ilias Panchard, avez-vous le cul suffisamment propre pour tailler la Ville de Lausanne et son Service du logement?
Je regrette profondément que vous repreniez à votre compte les termes utilisés par Ilias Panchard, dont le discours semble empreint d’une immaturité surprenante pour un sujet d’une telle importance. La question de la propreté, dans le sens où elle est formulée, détourne l’attention des véritables enjeux qui devraient être au cœur de notre discussion.
Quel est donc le cœur du débat, d’après vous?
La gestion de la Ville de Lausanne et son Service du logement, ainsi que la qualité, l’efficacité et le coût de leurs prestations. Mon propos est de contribuer à une réflexion constructive, loin des attaques personnelles qui ne servent qu’à polariser le débat et à éloigner des solutions concrètes et pragmatiques.
Agissez-vous en sous-marin pour le compte du PLR et plus généralement de la droite, que vous financez et soutiendrez lors des prochaines élections communales?
Ma démarche, contrairement à ce que certains pourraient suggérer, n’est pas guidée par des ambitions politiques. Mon intervention dans ce débat est celle d’un expert du domaine immobilier, apportant une perspective fondée sur 50 années d’expérience et non sur une affiliation partisane.
À vos yeux, la Verte Natacha Litzistorf est-elle une bonne municipale du logement?
Ma position, telle que je l’ai exprimée dans ma chronique parue dans «24 heures», est que le rôle d’une autorité en charge de la politique du logement, quelle qu’elle soit, devrait se concentrer sur la définition de cette politique et non sur sa mise en œuvre directe. Cela implique une collaboration étroite avec les acteurs du secteur privé, qui disposent de l’expertise, des ressources et de la flexibilité nécessaires pour répondre efficacement aux besoins et exigences du propriétaire, qu’il soit un acteur public ou privé, en tenant compte du marché.
Vous ne voulez pas vous mouiller et nous livrer votre appréciation sur sa personne?
Mon approche n’est pas de juger les personnes sur une échelle de valeur mais plutôt de considérer l’efficacité de leur stratégie et de leur action. Dans ce contexte, l’essentiel est d’œuvrer pour que la Ville de Lausanne bénéficie d’une politique du logement équilibrée, qui réponde aux besoins de tous ses habitants, en s’appuyant sur les compétences de chaque acteur impliqué, public comme privé.
Entre nous, vous rêvez secrètement de gérer les logements de la Ville, non?
La gestion politique des logements ne figure pas dans mes aspirations. Mon domaine, c’est l’immobilier, un univers où j’apporte mon expertise là où elle est la plus utile. Cependant, votre question doit nous pousser à réfléchir sur les agendas que cette situation révèle. Si l’on suit la logique des passions exprimées par Ilias Panchard, pourrait-on déduire qu’il a lui-même des ambitions spécifiques pour un rôle au sein de la Municipalité, notamment au service du logement? Ses propos enflammés dans l’article laissent penser qu’il a peut-être des vues précises sur cette position. Un cas classique de projection, non?
Ilias Panchard vous invite à débattre publiquement avec lui. Vous relevez le défi?
Je préfère réserver mes débats à ceux qui mettent l’intelligence et l’intégrité au cœur de la conversation, plutôt qu’à une partie de leur anatomie.