Blick le révélait ce mardi 24 octobre: le municipal lausannois David Payot ne se représentera pas. L’élu du Parti Ouvrier Populaire (POP), chargé de l’Enfance, de la jeunesse et des quartiers, ne souhaite pas rempiler après dix ans de mandat.
Aux prochaines élections communales de 2026, il remettra ainsi en jeu le siège de la gauche de la gauche. Risqué, et son parti n’aura pas le droit à l’erreur de casting. En effet, les électrices et électeurs choisiront alors pour la première fois leurs autorités communales avec un bulletin unique. Le poids des personnalités pourrait donc bien passer avant les alliances ficelées par les partis.
La fin de l’effet de liste
Pour un fin observateur de la politique vaudoise, le bulletin unique signe la fin de l’effet de liste. La preuve, selon lui, avec les dernières Fédérales, où les Vaudoises et les Vaudois l’utilisaient pour la première fois.
«L’écart entre le Vert Raphaël Mahaim (ndlr: 48’087 suffrages) et le socialiste Pierre-Yves Maillard (ndlr: 101’880 suffrages) dans la course au Conseil des États montre bien qu’il ne suffit plus d’avoir une locomotive au sein de l’alliance pour tirer les wagons.» Il enchaîne: «À Lausanne, la droite peut se frotter les mains. L’extrême gauche a réellement du souci à se faire pour son siège à la Municipalité.»
Manque de recul
David Payot, lui, calme le jeu. «Nous manquons de recul, tempère le popiste. Les résultats au Conseil des États, les premiers pour lesquels l’on utilise le bulletin à cocher, montrent que les 'locomotives' se sont bien différenciées de leurs colistiers. Mais on observe aussi que les colistiers Raphaël Mahaim et Michaël Buffat (ndlr: le candidat de l’Union démocratique du centre allié au libéral-radical Pascal Broulis) ont obtenu beaucoup plus de voix que les listes de leurs partis.»
Le municipal résume les choses ainsi: «On voit que les alliances jouent quand même un rôle important. Mais moins qu’avec les listes électorales, c’est vrai.» Pour lui, l’essentiel sera donc de constituer une entente forte. Il précise: «Dans le camp bourgeois, les électeurs ne suivent pas forcément quand les libéraux-radicaux s’associent à l’UDC.» Les tractations pour un futur mariage à gauche ont-elles déjà commencé? David Payot assure que non.
La droite «amer»
Contacté par Blick, le président du POP vaudois, Luca Schalbetter, affirme qu’il est «beaucoup trop tôt» pour s’inquiéter pour le siège lausannois de son parti. Différents facteurs sont à prendre en compte pour aborder la réélection d’un popiste en 2026.
Les discussions et les stratégies n’ont pas encore été élaborées, répète-t-il en substance. «Par amertume, la droite a attaqué par le passé le siège de David Payot, le considérant illégitime avec le système de listes, peste le conseiller communal (législatif) yverdonnois. Je pense qu’il ne faut pas prendre les votants pour des imbéciles. Ils ont voulu un popiste, j’ai confiance en leur volonté d’en réélire un.»
Luca Schalbetter prend un peu de hauteur. Le vingtenaire trouve la décision de son municipal «noble». «Il a fait un choix pour la démocratie, lance-t-il. Cela en dit long sur lui, et sur notre parti qui ne veut pas créer des carrières politiques et des élus qui s’accrochent à des sièges. David Payot avait une vie professionnelle et militante avant d’être à la municipalité, il en aura une après.»