Arrestation après des années dans l'opulence
La fête est finie pour le chef présumé de cette mafia turco-suisse

Jeudi, le patron présumé d'une mafia spécialisée en paris a été arrêté à Zurich. Il aurait gagné des millions en organisant des paris sportifs et des jeux de hasard illégaux en Suisse. Il serait à la tête d'un gigantesque réseau.
Publié: 18.09.2023 à 20:03 heures
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Dernière mise à jour: 18.09.2023 à 20:04 heures
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La police cantonale a arrêté cinq personnes soupçonnées d'avoir gagné des millions grâce aux jeux de hasard illégaux. Parmi elles, le chef présumé de cette mafia, Emir Yaman.
Photo: Facebook

La police a enquêté pendant quatre ans sur un clan mafieux en Suisse. On reproche à ce clan turco-suisse d'avoir procédé à du blanchiment d'argent, des jeux de hasard illégaux et fait usage de menaces. Cette mafia spécialisée en paris aurait gagné des millions avec des paris sportifs illégaux et des machines à sous. Jeudi, la police a fait une percée et cinq suspects âgés de 30 à 45 ans ont été arrêtés. Emir Yaman*, le patron présumé de cette mafia, en fait partie.

Cela fait depuis 2019 que le ministère public zurichois enquête sur le clan. Emir Yaman aurait «généré un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de millions» avec ses activités mafieuses, a écrit la police cantonale zurichoise dans un communiqué. Le chef de la mafia aurait mis en place un vaste réseau en Suisse s'étendant sur plusieurs cantons. Avec l'aide de spécialistes en informatique et de collecteurs de fonds, il parvenait à empocher l'argent que les clients jouaient dans des établissements généralement turcs.

Plusieurs millions de francs générés chaque mois

Sur des sites comme siskowin.com, solobet.com ou sportwin.com, les clients pouvaient jouer à des jeux de hasard et placer des paris sportifs. Les sites étaient régulièrement bloqués par les autorités, mais ils réapparaissaient peu de temps après sous une forme sensiblement modifiée. Ils sont d'ailleurs encore accessibles sur internet aujourd'hui. Selon une source proche du dossier, le chef de la mafia Emir Yaman aurait généré suivant les périodes plusieurs millions de francs par mois grâce à ces sites.

Une grande partie de ces revenus a été transférée en Turquie. Les gains n'ont jamais été imposés en Suisse. «La police a trop longtemps fermé les yeux», explique à Blick une source qui souhaite rester anonyme. «C'est une vraie mafia. Si tu ne peux pas payer, ils sont six devant ta porte», poursuit-il. Emir Yaman aurait créé une véritable pyramide de Ponzi, qui est devenue incontrôlable ces dernières années. Le ministère public zurichois n'est pas le seul à l'avoir remarqué.

Les agissements illégaux du clan turco-suisse ont été révélés pour la première fois par la SRF en octobre 2022. «Vous, les chacals, n'avez toujours pas appris que ce n'est PAS fini tant que je n'ai pas dit que c'est fini!!!», avait réagi Emir Yaman sur Instagram. Mais il se peut qu'il ait été trop confiant. Il semble que c'est aujourd'hui bel et bien fini. Le jour de son arrestation, des objets ont été saisis et plusieurs propriétés ont été perquisitionnées.

Exploitation du système de paiement illégal AntePAY

Selon la police, Emir Yaman aurait participé à l'exploitation du système de paiement AntePAY. Il s'agit d'un système de paiement prepaid utilisé par exemple pour des jeux de hasard illégaux. L'avantage de ce service est qu'il ne laisse aucune trace de transaction financière. Il a eu du succès dans un premier temps: AntePAY était sponsor du club de football FC Zurich. Mais les recherches de SRF Investigativ et Reflekt ont révélé qu'il n'y avait «jamais eu de modèle commercial légal et fonctionnel» derrière AntePAY. Beaucoup d'argent a fini par se retrouver dans les poches de la mafia.

Comme souvent, quand on a de l'argent, on gagne en influence. Le chef de la mafia des paris a été reçu en juillet par le président de la République de Chypre du Nord Ersin Tatar, comme le montre une photo sur Facebook. Chypre est considérée comme un haut lieu du jeu et Emir Yamar avait, semble-t-il, l'intention d'y établir un deuxième pied-à-terre. Le tribunal a demandé la détention provisoire des cinq personnes arrêtées.

*Le nom a été modifié

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