Trafic d'êtres humains, blanchiment d'argent...
La mafia italienne s'en met plein les poches grâce à la guerre en Ukraine

Le crime organisé italien profite de la guerre en Ukraine pour élargir ses bénéfices, avec quatre domaines d'activité: le trafic d'armes, la traite d'êtres humains, les subventions illégales de l'Etat et le blanchiment d'argent pour les oligarques russes.
Publié: 31.03.2022 à 13:07 heures
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Dernière mise à jour: 01.04.2022 à 11:05 heures
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Le chef antimafia italien, Federico Cafiero de Raho, prévient que la mafia tente de profiter un maximum de la guerre en Ukraine.
Photo: zVg
Fabian Vogt

La mafia italienne n'est jamais à court d'idées et de nouvelles opportunités de revenus. Même si ceux-ci proviennent tout droit de l’Ukraine en pleine guerre. C’est ce qu’ont découvert Federico Cafiero De Raho et Nicola Gratteri, deux des «chasseurs de mafia» les plus renommés d’Italie.

Et ils tirent la sonnette d’alarme, comme le rapporte la «Basellandschaftliche Zeitung». Les clans mafieux italiens sont dans les starting-blocks pour tirer profit de la guerre, en profitant notamment pour détourner des armes à grande échelle vers l’Italie.

Nicola Gratteri, le procureur général de Calabre met chaque année des centaines de membres de la mafia derrière les barreaux. Il compare le conflit en Ukraine à la guerre en Bosnie, qui a été «un cadeau du ciel pour la 'Ndrangheta». Il affirme: «Dans les entrepôts d’armes de la mafia, lors de nos raids, nous découvrons encore aujourd’hui des restes de ce conflit.»

Les Ukrainiennes et leurs enfants deviennent des proies faciles

Le trafic d’êtres humains est également dans le viseur de la justice. Les réfugiés ukrainiens sont principalement constitués de femmes et d’enfants, les hommes restant pour défendre leur pays sur le front. Les experts craignent ainsi que de nombreuses femmes ne deviennent les proies d’organisations criminelles. La méthode est simple et terriblement cynique: aider les femmes à fuir le pays pour ensuite enlever leurs enfants et les forcer à se prostituer. Certains enfants seraient même vendus illégalement comme enfants adoptés.

Federico Fossa, du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a déclaré au journal «La Repubblica» que l’on n’a déjà «plus aucune trace de centaines d’Ukrainiennes et de leurs enfants ayant fui leur pays». Le HCR et l’organisation de protection de l’enfance «Save the Children» demandent un moratoire immédiat sur les adoptions dans toute l’Europe.

Les oligarques paient la mafia pour du blanchiment d’argent

Un autre domaine d’activité de la mafia concerne l’encadrement et l’hébergement des réfugiés. Selon le «Basellandschaftliche Zeitung», l’Italie a mis à disposition environ 440 millions d’euros dans le domaine de l’aide aux réfugiés. Selon la police italienne, la 'Ndrangheta, la Camorra et la Cosa Nostra auraient déjà créé un réseau d’associations d’utilité publique afin de pouvoir postuler à ces missions du gouvernement.

Comme si cela ne suffisait pas, les oligarques russes auraient également recours aux services de la mafia. Ils voudraient profiter de l’expérience des clans mafieux pour protéger leurs biens d’une confiscation par les autorités.

Typiquement, les yachts des oligarques sont concernés, par exemple en les transférant rapidement dans des paradis fiscaux à l’étranger. Et qui pourrait mieux aider que la mafia, qui a des décennies d’expérience dans la contrebande et pour faire passer les richesses à travers les mailles du filet des autorités.

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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