Coke, haschisch, captagon
Un Suisse dirigeait un gigantesque trafic de drogue depuis Lugano

Depuis Lugano, ce Suisso-Italien dirigeait un trafic de drogue de grande envergure. Mais son château de cartes s'est effondré: il est poursuivi par la justice... et par la mafia albanaise.
Publié: 08.12.2021 à 08:34 heures
|
Dernière mise à jour: 08.12.2021 à 15:53 heures
1/5
Ces amphétamines en provenance de Syrie étaient utilisées comme stimulants par les combattants de l'Etat islamique.
Photo: Guardia di Finanza
Myrte Müller

Armando D.* espérait devenir riche. Mais il a joué trop gros. Il est désormais en danger de mort. Ce Tessinois d’adoption de 45 ans originaire de Sicile s’est frotté à la mafia albanaise. Comment en est-il arrivé là?

Tout a commencé à Lugano. Armando monte un trafic de drogue international par le biais d’une société fournissant des services au secteur de l’aviation et de la navigation.

L’histoire, digne d’une série américaine, prend ensuite de l’envergure. De la cocaïne acheminée d’Amérique du Sud et bien d’autres drogues sont introduites en Italie via des jets privés et des bateaux. Des tonnes et des tonnes. Et puis, un jour, une livraison capote.

Après une grosse saisie, il est mis sur écoute

Le 11 juin 2020, des enquêteurs italiens remontent la trace d’Armando. Dans le port de Salerne, près de Naples, la police saisit quatre conteneurs dans lesquels elle découvre pas moins de 17 tonnes de drogue.

Les policiers mettent la main sur du haschisch ainsi que sur 14 tonnes de pilules, cachées parmi des articles de mode et des rouleaux de carton. Il s’agit de captagon, une amphétamine qui sert notamment de stimulant aux combattants de l’État islamique.

Jamais une si grande quantité de cette drogue n’avait été saisie auparavant. La substance provenait de Syrie et devait être réexpédiée en Libye, rapporte le journal italien «La Città».

C’est à ce moment-là que le nom d’Armando apparaît sur le radar des autorités. Soupçonné, il est mis sur écoute. Le parquet italien recueille des informations sur son mode opératoire, découvre ses transactions financières sophistiquées, qui remontent jusqu’à sa société basée en Suisse, et ses communications via des téléphones cryptés.

Sa famille menacée par la mafia albanaise

Le 3 août 2021, Armando et un complice sont arrêtés par les douanes italiennes. Les enquêteurs ne soupçonnent pas encore que l’arrestation de l’Italo-Suisse va le mettre dans de beaux draps.

Il venait de recevoir un acompte de 520’000 euros de la mafia albanaise pour un transport de drogue depuis le Paraguay. Près de 600 kilos de coke, cachée dans 20 valises, devaient être acheminés en Italie par un avion de ligne. Mais le transport échoue.

Les acheteurs, qui attendent en vain leur marchandise, sont de mauvaise humeur. «Ils ont menacé de tuer ma famille si je ne leur rembourse pas l’argent, explique Armando à son voisin de cellule dans une prison romaine. Qu’est-ce que je peux faire? Je ne peux pas m’échapper.»

Les enquêteurs ont vent des menaces qui planent sur leur suspect. Ils en profitent pour faire coup double. Grâce à des écoutes téléphoniques supplémentaires, ils réussissent un beau coup de filet: à Pistoia, Pise, Rome, Milan, Novare, Salerne et Varèse, la police arrête onze suspects du réseau de drogue albanais. C’était vendredi dernier. Cela sera-t-il suffisant pour sauver la vie d’Armando?

*Prénom d’emprunt

(Adaptation par Jocelyn Daloz)


Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la