Cette arme de la justice américaine a déjà fait tomber plus d'un parrain de la mafia. La loi dite «Rico» a déjà balayé dans les années 80 les grandes familles mafieuses, les «Gambino», «Bonnano», «Lucchese» et «Colombo» du milieu new-yorkais. Leurs chefs se sont retrouvés en prison avec des peines de prison à vie – grâce à cette loi fédérale datant 1970 qui vise le crime organisé.
Dans l'État américain de Géorgie, le «Rico» Act (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations) est désormais appliqué contre une autre personnalité: Donald Trump. L'ancien président ainsi que 18 de ses anciens compagnons sont accusés d'avoir participé à une entreprise criminelle d'extorsion de fonds. Ils ont tenté, de manière conspiratrice et illégale, de faire basculer le résultat des élections présidentielles de 2020 en Géorgie en faveur de Donald Trump. C'est ce qu'a déclaré la procureure Fani Willis, lors d'une conférence de presse lundi à Atlanta.
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Un document audio accablant
L'application du «Rico» Act fait de Donald Trump le «parrain» des républicains qui ont qualifié l'élection de Joe Biden de gros mensonge. Sans oublier qu'ils ont tenté de manipuler le résultat des élections, en intimidant notamment des agents électoraux par des campagnes de diffamation.
Trump lui-même a demandé, lors d'une conversation téléphonique, à Brad Raffensperger, alors ministre de l'Intérieur de Géorgie, de «provoquer» les 12'000 voix qui lui manquaient pour obtenir une majorité dans l'État. Le document audio fait partie des preuves tangibles de l'accusation.
L'ancien président peut désormais être tenu pour responsable, en tant que commanditaire, des mauvais coups de ses coaccusés. Dans l'équipe des prévenus, il y a l'ancien avocat de Trump Rudolph «Rudy» Giuliani ou le chef de cabinet de l'époque Mark Meadows.
Entre 5 et 20 ans de prison
Fani Willis et son équipe ont enquêté pendant deux ans. L'acte d'accusation de 97 pages est truffé de 161 violations du droit et de 41 infractions. Il en résulte 13 chefs d'accusation qui pourraient conduire à des condamnations allant de cinq à 20 ans de prison ou à de lourdes amendes.
Pour Donald Trump, c'est un coup dur. Car contrairement aux jugements rendus par un tribunal fédéral, le républicain ne pourrait pas se gracier lui-même en cas de jugement en Géorgie s'il était réélu président.
Des mandats d'arrêt ont été émis contre les accusés. La possibilité leur est donnée de se rendre volontairement jusqu'au 25 août, à midi, a ajouté l'accusatrice.
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Arroseur arrosé?
Comble de l'histoire, personne ne connaît mieux l'efficacité du «Rico Act» que Rudolph «Rudy» Giuliani, l'un des coaccusés. Lorsqu'il était procureur fédéral dans le district sud de New York (de 1983 à 1989), il a parfaitement appliqué cette loi pour mettre fin aux clans mafieux italo-américains.
«Rudy» Giuliani a démantelé la «Pizza Connection», un réseau international de trafic d'héroïne et de cocaïne. Il a résolu des affaires de corruption dans le monde politique et a fait le ménage à Wall Street. De 1994 à 2001, le procureur le plus efficace des Etats-Unis a même été maire de New York.
Trump toujours populaire
Pour Donald Trump, c'est la quatrième procédure qui lui tombe sur le dos durant sa campagne électorale. Début août 2023, le procureur spécial Jack Smith a inculpé Trump de conspiration contre les Etats-Unis, qui a culminé le 6 janvier 2021 avec la prise du Capitole, dont le procès devrait débuter en janvier 2024.
En mars, suivra le procès concernant le paiement de 130'000 dollars à la star du porno Stormy Daniels à New York. Pour ce versement, Trump avait falsifié des documents commerciaux.
Le procès suivant se déroulera à Miami en mai 2024. Il s'agit de dossiers top secrets que Donald Trump a dérobés à la Maison-Blanche. Il a stocké les documents par caisses entières dans sa résidence de Mar-a-Lago et les a même montrés à certains de ses invités.
Un procès médiatisé
La procureure de Géorgie, Fani Willis, ne souhaite qu'une chose: que le procès se déroule le plus rapidement possible. Il devrait débuter dans six mois et sera médiatisé par les chaînes télévisées du pays.
Malgré ses lourdes charges, il n'est pas certain que cela affaiblisse la campagne électorale du républicain. Les gros titres négatifs n'ont jusqu'à présent pas réussi à diminuer la popularité de Trump. Au contraire, elles semblent même l'encourager.