Chris Christie, opposant à Trump, déclenche un débat
Cet homme est-il trop gros pour la Maison-Blanche?

Cette semaine, Donald Trump a qualifié son adversaire républicain Chris Christie de «gros porc». L'incident a déclenché un débat sur l'éligibilité des hommes politiques en surpoids. Les conclusions scientifiques à ce sujet sont particulièrement choquantes.
Publié: 14.08.2023 à 11:33 heures
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Dernière mise à jour: 14.08.2023 à 12:01 heures
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Chris Christie veut devenir président des Etats-Unis
Photo: keystone-sda.ch
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Samuel Schumacher

Donald Trump met le paquet dans la course à la Maison-Blanche. Comme à son habitude, le républicain ne recule devant aucune provocation. Cette semaine, il a traité à deux reprises de «gros porc» son concurrent aux primaires, Chris Christie, lors d'une réunion de campagne dans l'Etat américain du New Hampshire.

Ce n'est pas une nouveauté pour l'ancien président. Depuis des années, Trump — qui, avec ses 110 kilos pour une taille d'à peine 1,90 mètre, n'est pas lui-même un petit gabarit — se moque de ses adversaires sur des critères physiques. C'est ce qu'on appelle le fat-shaming aux États-Unis.

Les Américains «normaux» sont généralement débarrassés de cette pratique désagréable à l'âge du lycée, mais Donald Trump ne s'est apparemment jamais remis du rôle de «l'enfant qui se moque dans la cour de récréation». C'est du moins ainsi que Chris Christie a lui-même commenté le dernier dérapage de son concurrent.

Ces attaques ne le dérangent toutefois pas vraiment, a tenu à relativiser l'ancien chef du gouvernement du New Jersey, qui a toujours assumé ouvertement son problème de poids. Avant la pose d'un anneau gastrique en 2013, le candidat à la présidence pesait près de 200 kilos pour une taille de 1,75 mètre.

Le physique, important en politique

Chris Christie a récemment soulevé la question cruciale lors d'un interview sur Fox News: «Quel est le rapport entre mon poids et ma capacité à être président des États-Unis?» Malheureusement pour lui, un lien plus important qu'il ne l'espère...

C'est du moins ce que révèle un sondage de l'université américaine Rutgers, dans lequel 53% des personnes interrogées avaient déclaré peu avant les avant-dernières élections que Chris Christie n'avait «pas le physique» pour être président des États-Unis.

Discriminatoire? Absolument. Mais cela ne joue aucun rôle dans la lutte acharnée pour le pouvoir politique en Amérique. «Les politiques accusent souvent leurs adversaires d'être 'gros' pour les faire passer pour des personnes malsaines et faibles de caractère», écrit le chercheur en communication Michael Bruner, qui étudie le fat-shaming à l'université d'Etat de Humboldt en Californie.

Il faut noter que cela n'arrive pas qu'aux Etats-Unis. La cheffe des Verts allemands, Ricarda Lang, en sait quelque chose. La politicienne est régulièrement attaquée en raison de son surpoids. Jusqu'à présent, son poids n'a toutefois pas eu d'influence négative sur sa carrière fulgurante. Mais c'est une exception, comme le montre l'étude des deux psychologues Patricia et Mark Roehling de la Michigan State University.

Les deux scientifiques arrivent à la conclusion qu'il existe un lien significatif entre le poids des candidats politiques et leurs perspectives de succès électoral. Pour les femmes politiques en particulier, les chances d'être élues diminuent rapidement lorsque l'indice de masse corporelle (IMC) augmente. Ce que l'on sait depuis longtemps sur le marché des rencontres et du travail s'applique également à la politique: les personnes en surpoids ont la vie dure.

Plus on est lourd, plus on est corrompu

Il y a trois ans, Pavlo Blavatskyy, de la Montpellier Business School, est arrivé à une conclusion encore plus étonnante. Plus un homme politique est gros, plus il est corrompu, a affirmé le professeur d'économie après avoir examiné de près les ministres de 15 ex-républiques soviétiques.

Il n'est toutefois pas certain que cette conclusion s'applique aussi aux présidents américains. William Howard Taft (1857-1930), avec ses 150 kilos, le président (1909 à 1913) le plus lourd de l'histoire américaine jusqu'à présent, n'a rien à se reprocher. Donald Trump — le numéro trois après le démocrate Grover Cleveland (1837-1908) sur la liste éternelle des chefs de gouvernement américains les plus lourds — bénéficie pour l'instant de la présomption d'innocence, malgré trois inculpations.

Il est frappant de voir les efforts déployés par les candidats masculins dans la course actuelle à la Maison-Blanche pour se présenter à l'électorat comme des hommes en forme.

Donald Trump se rend dans une arène de boxe aux côtés de combattants professionnels. Le sénateur Tim Scott, 57 ans, envoie des vidéos de selfies de biceps depuis une salle de musculation de l'Iowa. Le maire de Miami Francis Suarez, 45 ans, fait du jogging à travers sa ville natale, pendant que l'entrepreneur Vivek Ramaswamy, 37 ans, invite à un match de tennis et que le gouverneur de Floride Ron DeSantis, 44 ans, raconte volontiers l'époque où il était capitaine de l'équipe de baseball de l'université de Yale.

Trois Américains sur quatre sont en surpoids

Le président américain Joe Biden, 80 ans, tente de faire oublier son âge en faisant de longues randonnées à vélo. Et son adversaire démocrate Robert Kennedy, 69 ans, se vante dans une vidéo de faire des pompes torse nu.

Quel que soit le vainqueur de la course du 5 novembre 2024, les États-Unis d'Amérique seraient bien servis si le gouvernement se penchait sur la question de l'obésité au-delà de cette campagne électorale toxique. 73% des adultes américains sont en surpoids (IMC de 25 ou plus). Selon le ministère de la santé, les coûts de la gestion des problèmes de santé causés par l'obésité s'élèvent à 173 milliards de dollars par an aux États-Unis et la tendance est fortement à la hausse.

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