La Suisse doit actuellement faire face à une forte hausse de demandes d'asile, qui viennent s'ajouter aux Ukrainiens ayant trouvé refuge en Suisse. La situation sur le front de l'hébergement des requérants est tendue. Le Conseil fédéral a ainsi décidé en décembre dernier d'engager l'armée en appui.
Un maximum de 500 militaires peut être engagé. Près de 3000 places d'hébergement supplémentaires ont pu ainsi être mises à disposition. Les militaires n'effectuent pas de missions sécuritaires et sont libérés dès que leurs tâches peuvent être reprises par du personnel civil du SEM, des civilistes ou des prestataires privés.
Comme cet engagement dépasse trois semaines, le Parlement doit donner son feu vert. Il n'entraîne pas de dépenses supplémentaires pour la Confédération, a rappelé Pierre-Alain Fridez (PS/JU) pour la commission. Le financement, environ 20 millions de francs, sera réglé dans le cadre du budget ordinaire de l’armée.
Pas le choix
La protection civile aurait pu représenter une alternative, mais elle est déjà engagée dans le soutien aux cantons, villes et communes. Quelque 140 civilistes ont également été engagés pour travailler auprès du SEM. Mais cela ne suffit pas, la pénurie de main-d'œuvre sur le marché du travail est trop importante, a constaté Pierre-Alain Fridez.
Les militaires apportent leur soutien pour l'aménagement, la gestion et l'exploitation des infrastructures militaires. Ils s'occupent également du transport des personnes en quête de protection et des requérants d'asile. Jusqu'à présent, jamais plus de 10 à 20 membres de l'armée n'ont été convoqués en même temps, a encore précisé la conseillère fédérale Viola Amherd.
Seule l'UDC s'est opposée au projet, en vain. «Nous créons un précédent», a critiqué Thomas Hurter. Une fois de plus, après la pandémie de Covid-19, l'armée doit intervenir pour une mission qui n'est pas la sienne: «Pourquoi n'avons-nous pas davantage recours aux nouveaux civilistes?» Le SEM doit mieux se préparer, selon l'élu schaffhousois.
Situation tendue
En 2022, près de 24'500 demandes d'asile ont été déposées en Suisse, soit environ 64% de plus que l'année précédente. À cela s'ajoutent quelque 75'000 demandes de statut de protection S, déposées par des personnes ayant fui l'Ukraine. Pour 2023, le SEM prévoit entre 24'000 et 40'000 demandes d'asile.
Le feu vert du Parlement intervient alors que le SEM s'est dit prêt à faire des concessions lors d'une récente rencontre avec les cantons. Au vu de la situation tendue, la Confédération serait d'accord de procéder à un arrêt temporaire des attributions si un canton le demande, selon la «SonntagsZeitung». Les requérants d'asile resteraient plus longtemps dans les structures de la Confédération.
(ATS)