Le cas de Windisch, en Argovie, suscite l'indignation: 49 locataires doivent quitter leur logement pour laisser la place à une centaine de demandeurs d'asile. La commune s'oppose pourtant fermement aux plans du Canton. Les critiques fusent également du côté du monde politique.
«Ce cas est un scandale», déclare le président de l'UDC, Marco Chiesa, à Blick. Et ce n'est pas une situation isolée. «Expulser des Suisses de leur appartement pour y loger des demandeurs d'asile est la pire décision que l'on puisse prendre», tempête-t-il. Le Tessinois y voit une «preuve du chaos qui règne dans notre pays autour de la question de l'asile».
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Appel à Jean-Pierre Gallati, responsable de l'asile en Argovie
Le conseiller d'État responsable de l'asile dans le canton d'Argovie, Jean-Pierre Gallati, fait pourtant partie lui aussi de l'UDC. «Je peux certes comprendre que la situation en matière d'asile pose des problèmes aux Cantons, explique Marco Chiesa. Mais il ne faut pas que les Suisses soient désavantagés à cause de cela et qu'ils se retrouvent à la rue.»
Il a donc une demande claire à adresser à son collègue de parti: «Dans la situation actuelle, Monsieur Gallati doit revoir sa copie et faire en sorte que les locataires puissent rester dans leurs appartements.»
Le chef de l'UDC a un autre conseil à donner à Jean-Pierre Gallati. «Les Cantons doivent s'imposer et dire clairement à la Confédération: ça suffit maintenant!, déclare le Tessinois. La politique d'asile aberrante de la Confédération est responsable de la situation insoutenable dans les cantons – la ministre de la Justice, Élisabeth Baume-Schneider, doit enfin faire quelque chose.»
L'UDC veut freiner l'immigration
Selon Marco Chiesa, les cantons et les communes se retrouvent à payer les pots cassés par la Confédération: «Nous avons depuis longtemps mis en garde contre les dysfonctionnements, c'est pourquoi ces cas ne sont pas surprenants.»
L'UDC a présenté un document de position à ce sujet, ajoute-t-il. «Nous devons mettre un terme à la migration illégale des demandeurs d'asile, affirme Marco Chiesa. Il n'est pas acceptable que ces gens viennent en Suisse de la moitié de l'Afrique et de l'Asie pour y vivre aux dépens de la population qui travaille.»
Selon lui, le «chaos de l'asile» et «l'immigration démesurée» ont pour conséquence que les logements deviennent de plus en plus rares et chers: «C'est pourquoi nous devons faire en sorte qu'à l'avenir, moins de gens viennent dans le pays.» Cette année encore, l'UDC veut lancer une nouvelle initiative sur l'immigration.
«Les fausses solutions à court terme sont dangereuses»
En Argovie même, la pression politique pour renoncer au centre d'hébergement pour requérants d'asile prévu à Windisch s'accroît. «Les fausses solutions à court terme sont dangereuses», écrit l'association Netzwerk Asyl Aargau dans une prise de position. Le Canton ne dispose d'aucune stratégie pour faire face à l'augmentation du nombre de demandeurs d'asile et il n'a pas mis en place des infrastructures temporaires qui pourraient être rapidement mobilisées en cas de besoin,souligne l'association, plutôt ancrée à gauche. La répartition des réfugiés entre les communes n'aurait pas fait ses preuves dans la pratique.
Le parti Vert'libéral fait également remarquer que le canton «se simplifie trop la vie» en ce qui concerne Windisch. Trois jeunes partis argoviens se sont également emparés du sujet. Les Jeunes libéraux-radicaux ont parlé de «défaillance de l'État» et d'«abus de la force publique». Les Jeunes socialistes ont écrit qu'il ne devait pas y avoir de «politique d'asile au détriment des plus faibles financièrement». Les Jeunes UDC ont lancé une pétition en ligne. Elle demande au Conseil d'État de stopper les projets d'hébergement. Mardi à midi, ce texte comptait environ 3000 soutiens.
Le Canton ne s'exprimera que plus tard
Le Département cantonal de la santé et des affaires sociales du conseiller d'État Jean-Pierre Gallati n'a pas souhaité s'exprimer plus précisément sur le cas de Windisch pour l'instant. Interrogé lundi soir, il a indiqué qu'il s'agissait d'une location régulière de deux anciens immeubles dont la rénovation est imminente, et non d'une saisie.
Le Service social cantonal (SSC) a reçu mercredi dernier une lettre du conseil communal de Windisch. Le SSC répondra à cette missive dans les prochains jours. Il dit ne pas souhaiter «régler les différends existants par le biais des médias». Après l'envoi de la réponse au conseil communal, le service informera également le public de son contenu.