Le thème de la pénurie de logements préoccupe la Suisse. Des propositions pour y remédier ont été discutées vendredi lors d'une table ronde avec le conseiller fédéral Guy Parmelin à Berne. Elles ont été faites au préalable aussi bien par l'Association des locataires que par la société de conseil immobilier Iazi.
Une proposition d'Iazi en particulier fait parler d'elle. Il s'agit des surélévations. Dans le document de propositions, un potentiel de 30'000 nouveaux logements est identifié pour la seule ville de Zurich, si un étage supplémentaire était construit sur la moitié des immeubles d'habitation. Avec une moyenne de trois pièces, il y aurait ainsi des logements supplémentaires pour environ 60'000 personnes, sans utiliser un mètre carré de terrain à bâtir en plus.
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Selon Iazi, cette méthode permettrait même de créer plus de 67'000 nouveaux logements dans les cinq plus grandes villes suisses, soit des logements pour environ 135'000 personnes, précise le «Tages-Anzeiger».
Une faisabilité contestée
Cette proposition est-elle réellement réalisable? La Société suisse des entrepreneurs pense que oui. Les maîtres d'ouvrage devraient surélever les bâtiments lors des rénovations énergétiques ou des projets de construction de remplacement. Pour ce faire, les autorités devraient également mettre en place un cadre juridique permettant d'exploiter le terrain de manière relativement simple.
Le problème réside en effet dans les restrictions du droit de la construction, par exemple la limitation du nombre d'étages autorisés par respect pour le site. En outre, les bâtiments classés monuments historiques ne peuvent pas être surélevés. Pour d'autres bâtiments, la stabilité de la construction pourrait poser problème.
Dans le «Tages-Anzeiger», l'architecte Sibylle Wälti estime que le potentiel de surélévation en ville de Zurich n'est que d'environ 8500 logements, ce qui permettrait d'accueillir 17'000 personnes. Cela ne représenterait qu'un tiers du potentiel identifié par Iazi.
Il faut monter en gamme
Malgré tout, ce serait déjà une contribution essentielle afin d'atténuer la pénurie de logements. Seulement, il ne suffit pas d'annuler les réglementations administratives et d'accélérer les permis de construire.
Les surélévations sont complexes. Pour les propriétaires, une telle solution n'est vraiment intéressante que si plusieurs étages peuvent être ajoutés. Pendant les travaux, les locataires devraient quitter les lieux pour aller habiter ailleurs. Les oppositions des locataires et des riverains pourraient également entraver les travaux de surélévation.
Cette démarche n'apporte pas de solution rapide au problème de la pénurie de logements. Mais on constate depuis des décennies que la densification oblige tôt ou tard à construire en hauteur. La ligne d'horizon du quartier new-yorkais de Manhattan s'explique avant tout par le fait que 1,7 million de personnes vivent sur 60 kilomètres carrés. Dans la banlieue zurichoise de Dübendorf, de plus en plus de logements sont actuellement construits dans des tours.