Pénurie de logements
En fuyant les villes, les Suisses provoquent une augmentation des loyers en périphérie

Dans toutes les grandes villes de Suisse, les logements ne sont pas assez nombreux. Conséquence: de plus en plus de Suisses décident de vivre en périphérie, là où les liaisons de transports publics sont bonnes. Cet exode provoque une hausse des loyers en périphérie.
Publié: 19.04.2023 à 06:13 heures
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Dernière mise à jour: 19.04.2023 à 11:58 heures
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Des personnes à la recherche d'un logement font la queue devant un immeuble à Zurich
Photo: Keystone
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Dorothea Vollenweider

Vivre en périphérie d'une grande ville plutôt que de payer un loyer faramineux pour un minuscule deux pièces au centre? La tendance est en hausse dans toute la Suisse. Les Zurichois, notamment, font ce choix: ils sont toujours plus nombreux à s'installer dans des communes voisines, voire même un peu plus loin.

En effet, le taux de vacance est historiquement bas à Zurich. Parallèlement, le nombre de demandeurs de logement devrait augmenter de 9000 personnes cette année en raison de la croissance de l'emploi à Zurich. C'est ce qu'annoncent les nouveaux chiffres de la Banque cantonale zurichoise (ZKB).

Ruée sur les communes les mieux desservies

Dans une étude, la banque a examiné pour la première fois où vont les personnes qui ne trouvent plus de logement en ville. Le résultat n'est pas surprenant: elles s'installent surtout là où les liaisons avec la ville par les transports publics sont bonnes.

Il s'agit souvent des communes environnantes. Mais les Zurichois s'installent de plus en plus loin. Par exemple à Frauenfeld et Schaffhouse, car ces villes sont bien desservies. «Les citadins sont également de plus en plus attirés par l'Argovie», explique Ursina Kubli, responsable de la recherche immobilière.

La grave pénurie de logements à Zurich a donc des conséquences au-delà des frontières cantonales. Cela signifie-t-il aussi qu'en dehors de la ville, les conditions de location seront bientôt à l'image de celles à Zurich? Cela dépend fortement de la capacité des différentes communes à amortir la demande croissante. «La pression sur le marché du logement va augmenter dans certaines régions», analyse Ursina Kubli. Cela signifie que les loyers vont augmenter et qu'il sera difficile de trouver un nouveau logement.

Mais lorsque le taux de vacance d'une localité est élevé, les nouveaux habitants n'auront pas de mal à trouver un logement à prix avantageux, comme à Volken par exemple.

D'autres villes sont également concernées

Les Zurichois ne sont pas les seuls à essaimer. Ce comportement s'observe également dans d'autres villes de Suisse. «C'est un phénomène propre aux grandes villes, qui sont très populaires», explique Patrick Schnorf, partenaire de la société de conseil Wüest Partner. Outre Zurich, il s'agit de Lausanne, Genève, Bâle et Berne. Le besoin en logements y est très important, ne serait-ce qu'en raison du nombre d'emplois. L'offre actuelle ne suffit pas.

Dans toutes ces villes, les communes limitrophes sont très demandées. «De telles agglomérations connaissent une croissance plus forte que les villes elles-mêmes, et la demande de logements est plus importante que l'offre», explique Patrick Schnorf. De ce fait, les loyers augmentent plus fortement que la moyenne suisse. Jusqu'à présent, ils ont augmenté de 1,5% ou plus par an dans les communes concernées. Au cours des deux prochaines années, l'augmentation devrait être encore plus élevée. «Des hausses allant jusqu'à 4% sont possibles», prédit Patrick Kubli.

Un enjeu politique

La situation est grave et va encore s'aggraver. Les experts s'accordent à dire qu'il faut construire, plus que jamais, de nouveaux logements. «Nous devons maintenant mettre toute notre énergie à rendre possible la construction de nouveaux logements», souligne Patrick Kubli. Seulement, en Suisse, ce n'est pas si simple. «Le nombre d'oppositions a atteint un niveau malsain», déplore Patrick Kubli. Selon lui, la situation ne vaut pas uniquement pour les villes, mais aussi pour les campagnes. C'est devenu un problème à l'échelle fédérale.

Patrick Kubli plaide pour une limitation des possibilités de recours. Par exemple, en protégeant moins les intérêts individuels que ceux de la collectivité, à l'avenir. Selon lui, il faut se poser la question: Qu'est-ce qui est le plus important? Un toit pour tous ou que quelques personnes ne soient pas dérangées par le bruit?

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