Aussi à cause des célibataires...
Il manquera 10'000 logements en Suisse cette année

L'année passée en Suisse, le nombre de nouveaux logements construits n'a jamais été aussi bas depuis 2003. Il manquera donc 10'000 logements cette année dans notre pays. Cela fait grimper les loyers.
Publié: 31.03.2023 à 13:02 heures
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En Suisse, les logements se font de plus en plus rares. Même les immeubles d'habitation autrefois vides sont désormais très convoités.
Photo: Philippe Rossier
Dorothea Vollenweider

La pénurie de logements en Suisse continue de s'aggraver. D'une part, parce que le nombre de ménages augmente fortement, et d'autre part, parce que la quantité de nouvelles constructions diminue depuis des années. En 2023, des permis de construire ont été demandés pour seulement 42'200 logements: il s'agit du chiffre le plus bas depuis 2003.

Pourtant, c'est justement maintenant qu'un grand nombre de logements supplémentaires seraient nécessaires. C'est ce que montrent les nouveaux chiffres de l'étude immobilière de Wüest Partner. Dans l'édition de printemps de son Immo-Monitoring, l'entreprise de conseil a calculé le nombre de ménages supplémentaires créés chaque année. Ce chiffre devrait passer de 50'000 en 2021 à environ 55'000 en 2023.

La construction de nouveaux logements piétine

Parallèlement, selon l'étude, environ 46'000 nouveaux logements seront construits cette année. Ce chiffre comprend les nouvelles constructions et les transformations, ainsi que les surélévations. Si l'on compare les créations de ménages au nombre de permis de construire délivrés chaque année, il est clair qu'il manquera environ 10'000 logements en Suisse dès 2023.

Cela ne signifie certes pas que 10'000 ménages seront prochainement sans abri, mais ces logements manquent en tant que réserve de fluctuation. Il s'agit des logements qui devraient rester libres pour que les ménages existants puissent déménager. «Si cette réserve de fluctuation est trop faible, il s'est avéré par le passé que les loyers augmentent particulièrement fortement», explique Robert Weinert, responsable de l'Immo-Monitoring chez Wüest Partner.

De plus en plus de personnes vivent seules

Outre la baisse des nouvelles constructions, la demande contribue également à la pénurie de logements. L'une des principales raisons de la forte demande est la croissance démographique. Mais d'autres facteurs s'y ajoutent. «Il est prouvé que la taille des nouveaux ménages a diminué», explique Robert Weinert. Et plus les ménages sont petits, plus la demande de logements est importante. Ce phénomène est directement lié à la prospérité: si davantage de personnes peuvent se permettre de vivre seules, cela entraîne une augmentation du nombre de ménages. De même, l'augmentation de l'espérance de vie fait que davantage de personnes vivent dans des ménages d'une seule ou deux membres.

De plus, la structure de la société évolue: les gens divorcent ou mettent fin à une relation plus souvent qu'avant. Cela entraîne également une augmentation du nombre de nouveaux ménages. À cela s'ajoute l'immigration. Plus le taux de chômage est bas en Suisse, plus les entreprises doivent recourir à de la main-d'œuvre étrangère. Cela augmente aussi le nombre de ménages dans certaines régions.

Construire plus pour combattre la hausse des loyers

Tout ceci rend urgente la construction de logements supplémentaires. C'est le seul moyen de freiner la hausse des loyers. Actuellement, Wüest Partner prévoit une augmentation moyenne des loyers de 3,2% pour les logements mis au concours en 2023. Les baux existants seront également plus chers. Le 1er juin 2023, le taux d'intérêt de référence devrait être relevé à 1,5%. Les loyers des contrats de location en cours pourront ainsi être augmentés de 3% à la prochaine date de résiliation, fin septembre 2023.

«L'objectif ne devrait certes pas être de construire à tout prix de nouveaux immeubles d'habitation partout», explique Robert Weinert. Néanmoins, les autorités pourraient davantage utiliser la marge de manœuvre existante et adapter le cadre juridique, selon l'expert: «Par exemple en assouplissant certaines réglementations comme l'ordonnance sur la protection contre le bruit.» Ou en augmentant les réserves d'utilisation – c'est-à-dire en permettant de construire plus de logements par surface de terrain – si la construction est écologique et durable.

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