Le thème de la pénurie de logements est en tête de l'agenda de la Berne fédérale. Vendredi prochain, le 12 mai, le ministre de l'Économie Guy Parmelin convoquera les acteurs du marché du logement à une table ronde pour adresser la crise.
Les scientifiques et les experts en immobilier – qui n'y sont pas conviés – ont déjà fourni des propositions. C'est le cas de l'institut immobilier Iazi, qui a introduit dans la discussion un plan en dix points contre la pénurie de logements. «Nous avons nous-même créé la pénurie de logements, estime le CEO de l'institut immobilier, Donato Scognamiglio. La pénurie de logements n'est pas une loi de la nature. Elle peut être résolue par un changement de cap.»
Blick a montré les 10 propositions d'Iazi à des experts immobiliers. Christian Kraft, directeur du centre de compétences immobilières à la Haute école de Lucerne, et David Kaufmann, professeur assistant en développement territorial et politique urbaine à l'EPF de Zurich, aident à classer ces propositions pas toujours nouvelles, mais urgentes et parfois même provocantes.
Simplification du permis de construire grâce à la numérisation
Le permis de construire numérique permettrait d'accélérer considérablement la procédure jusqu'à l'autorisation de construire. En Suisse, il faut en moyenne 140 jours entre le dépôt de la demande de permis de construire et l'obtention de celui-ci. En Estonie, l'administration numérisée met 103 jours pour y parvenir.
Dans les faits: C'est une idée qui pourrait faire bouger les choses. Toutefois, il faudra sans doute du temps pour que les plus de 2000 communes de Suisse soient entièrement numérisées. Car les permis de construire sont l'affaire des communes en Suisse.
Limitation des oppositions
Il faut des règles raisonnables pour limiter les oppositions des voisins. Car plus encore que la rapidité la procédure pour les autorisations de construire, celles-ci retardent la construction.
Dans les faits: Les oppositions sont effectivement un problème. De nombreux voisins surestiment les conséquences négatives de la construction dans leur voisinage. Souvent, il s'agit uniquement d'empêcher la construction. Pour de nombreuses personnes, il est important que la construction soit sociale et écologique. Mais pour cela, il n'y a pas besoin d'oppositions privées, les votes sur les grands projets suffisent pour la légitimation démocratique.
Des règles claires en matière d'aménagement du territoire
Au lieu de décider individuellement de chaque projet, un zonage basé sur des règles et des principes pourrait faciliter la construction. L'avantage: celui qui évolue dans le cadre réglementaire obtient automatiquement une autorisation pour son projet.
Dans les faits: Il y a là un grand levier contre la pénurie de logements. En effet, de nouvelles règles pourraient mettre fin à l'insécurité juridique, surtout au niveau des communes. Mais il reste important que les pouvoirs publics aient leur mot à dire dans les grands projets.
Planifier des zones comme au Japon
Le Japon ne connaît que douze zones d'aménagement et il est possible de construire dans chacune d'entre elles.
Dans les faits: Les experts n'approuvent pas cette idée. Le Japon est considéré comme un exemple extrême de marché du logement libéralisé. Une telle solution n'aurait aucune chance en Suisse.
Densifier et surélever
Il s'agit ici d'utiliser le plus efficacement possible le parc immobilier existant. Dans une ville comme Zurich, un étage de plus sur des immeubles peut conduire à la construction de nombreux nouveaux logements, sans pour autant consommer davantage de surface au sol.
Dans les faits: Il est important de surélever à grande échelle, des tours de prestige isolées n'aident guère à lutter contre la pénurie de logements. Le problème: pour des raisons statiques, tous les immeubles ne se prêtent pas à un étage supplémentaire.
Rénover au lieu de démolir
Rénover au lieu de démolir est plus rapide à mettre en œuvre et généralement plus acceptable socialement que les nouvelles constructions.
Dans les faits: Selon les experts, cela a surtout un sens sur le plan écologique. Toutefois, l'acceptabilité sociale est plutôt garantie dans les coopératives, les locataires actuels restent souvent à l'écart des rénovations luxueuses.
Habiter dans un bureau
La transformation de bureaux qui ne sont plus utilisés en logements peut créer de l'espace de vie supplémentaire.
Dans les faits: C'est une bonne idée qui, dans la pratique, échoue généralement parce qu'il faut davantage que quelques cloisons pour transformer un bureau en un appartement acceptable.
Échanger les appartements
Les seniors pourraient échanger leur grand appartement avec de jeunes familles. Il faut pour cela des plateformes centrales de mise en relation.
Dans les faits: Au mieux une expérience qui échoue souvent parce qu'il n'y a pas assez d'appartements adaptés – et abordables – à l'échange dans le quartier.
Repenser le logement
«Les appartements pour la vie» ou le «Co-Housing» sont de nouveaux concepts de logement dans lesquels différentes générations vivent sous le même toit ou partagent des espaces communs. Cela permet d'économiser de l'espace de logement.
Dans les faits: Cela représente pour l'instant une goutte d'eau dans l'océan, il manque l'expérience à long terme de tels projets.
Subventionner les locataires plutôt que les projets
Pour obtenir des logements abordables, il n'est pas nécessaire de subventionner la construction de logements, l'argent pourrait aller directement aux locataires pour payer un logement (trop) cher.
Dans les faits : Cette proposition suscite un éternel débat. D'une part, les prix des logements locatifs continuent d'augmenter, d'autre part, il serait plutôt stratégique d'éviter que des personnes qui n'en ont pas besoin ne vivent dans des logements bon marché.