Et ce n'est pas fini
Les loyers n'ont jamais été aussi élevés qu'en mars dernier

Les loyers ont atteint un nouveau record historique en mars. Et les prix devraient continuer de grimper. L'association des locataires reproche aux bailleurs de profiter de rendements trop élevés.
Publié: 06.04.2023 à 08:52 heures
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Dernière mise à jour: 06.04.2023 à 08:59 heures
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C'est en Suisse centrale que les loyers ont le plus augmenté en mars.
Photo: Zamir Loshi
Kälin Milena

Se loger devient de plus en plus cher. Dans toute la Suisse, les loyers ont augmenté en moyenne de 0,8% à l'emménagement à la fin mars – et atteignent ainsi un nouveau record historique. C'est environ 5% de plus que l'année précédente. Mais ce n'est pas tout: les loyers devraient encore augmenter cette année. C'est la conclusion à laquelle parvient le Swiss Marketplace Group en collaboration avec le cabinet de conseil immobilier CIFI.

C'est la Suisse centrale qui enregistre la plus forte hausse. En mars, les loyers y ont augmenté de 2,2%. Ce sont surtout le centre économique de Zoug et Lucerne qui ont fait grimper les prix.

Les rendements des bailleurs sont nettement surévalués

La Suisse centrale a toujours été attractive sur le marché de l'immobilier. «La région est bien desservie, abrite des emplois attrayants et la charge fiscale est moins élevée qu'à Zurich ou en Suisse romande», explique Simon Hurst, conseiller au CIFI. Le problème: en Suisse centrale, il n'y a guère de place pour plus de logements. «Il est possible de densifier, mais cela prend du temps et est source de conflits», explique-t-il.

Les régions où les loyers étaient déjà élevés n'ont pas été épargnées. La hausse a été tout aussi forte tant dans la grande région de Zurich (+1,0%) que dans la région lémanique (+0,9%). Ces deux régions sont connues pour leurs logements locatifs particulièrement chers.

«De plus en plus de personnes doivent dépenser 35%, voire plus, de leur revenu pour se loger. C'est définitivement beaucoup trop», déclare Michael Töngi, vice-président de l'Association des locataires (Mieterinnen-und Mieterverband, MVS). L'idéal serait de ne pas dépenser plus d'un quart du revenu.

Pour la MVS, le cas est clair: les rendements des bailleurs sont massivement surévalués – surtout dans les régions urbaines. «Plus la pression est forte, plus le rendement est élevé», explique Michael Töngi. Il voit toutefois une solution: un contrôle des loyers qui interviendrait également en cas de besoin. Selon lui, il est difficile pour les locataires de prouver un rendement trop élevé.

Beaucoup de logements disponibles au Tessin

Mais il existe encore des régions avantageuses: sur le Plateau, les loyers n'ont guère évolué en mars. Dans le nord-ouest de la Suisse et au Tessin, les appartements ont même baissé légèrement de prix: de 0,3% chacun. «Au Tessin notamment, beaucoup de logements locatifs ont été construits. Il faut d'abord les remplir», explique Simon Hurst. Enfin, on trouve beaucoup de régions rurales dans le nord-ouest, «le marché n'y est donc pas aussi tendu.»

Le 1er juin, la décision concernant le taux d'intérêt de référence sera prise. Celui-ci devrait être relevé à 1,5%. De ce fait, les loyers des contrats de location en cours pourront aussi être augmentés de 3% à la prochaine date de résiliation, fin septembre 2023. Les loyers proposés devraient donc continuer à augmenter. «Un prix plus élevé sera alors plus facile à justifier pour le bailleur», explique Simon Hurst.

Tant que la Suisse connaîtra une migration de travail aussi importante, le marché de la location restera tendu. «Nous voulons bien sûr rester attractifs. Mais peut-être pas tout à fait aussi attractif – il y aura alors à nouveau plus de place», dit Simon Hurst. Une chose est sûre: la pénurie de logements actuelle ne s'améliorera pas avec l'augmentation de l'immigration. Selon une étude de Wüest Partner, il manquera déjà environ 10 000 logements en 2023.

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