C’est un match qui avait fait date. Le 30 mars dernier, plus de 91 500 supporters avaient pris place dans les tribunes du Camp Nou, à Barcelone. Ils ne venaient pas soutenir Pedri, Piqué, ou Alba mais l’équipe féminine du Barça, qui affrontait leurs rivales du Real Madrid. Un record d’affluence dans l’histoire du football féminin qui met en évidence un intérêt populaire en hausse ces dernières années.
Un record vieux de quatre ans
Pour les joueuses, la mobilisation de leurs fans fait toute la différence. Gaëlle Thalmann, joueuse au Betis Séville et gardienne de l’équipe nationale, le vit en Espagne où le derby de Séville avait aussi attiré les foules: «Ça fait plaisir, c’est tellement plus motivant.»
Un engouement qui pourrait rendre service à la Nati féminine dans leur match contre l’Italie mardi prochain, après leur performance décevante à Bucarest vendredi dernier (1-1).
Si les Suissesses gagnent, elles feront un grand pas vers la Coupe du monde 2023. Cette affiche de prestige sera aussi l’occasion de franchir un nouveau record pour la sélection nationale (voir ci-contre). Le football féminin a le vent en poupe et remplit de plus en plus les stades, à l’étranger comme en Suisse.
La Nati devrait atteindre un nouveau record de spectateurs ce mardi contre l’Italie (17h45). Certains secteurs de la Stockhorn Arena de Thoune affichent déjà complets. 4700 billets avaient été vendus dimanche.
En 2018, 5148 personnes ont assisté au match de barrages contre les Pays-Bas à Schaffhouse. Là aussi, il s’agissait d’un match capital pour les qualifications en vue de la Coupe du monde.
Le record absolu pour un match de football féminin en Suisse ne sera par contre pas contesté à Thoune puisque la capacité totale du stade bernois est inférieure à 10 000 places.
L’automne dernier, 12 782 supporters s’étaient déplacés au Stade de Genève pour l’affiche entre Servette Chênois et Chelsea en phase de groupes de la Ligue des champions.
Matthias Dubach
La Nati devrait atteindre un nouveau record de spectateurs ce mardi contre l’Italie (17h45). Certains secteurs de la Stockhorn Arena de Thoune affichent déjà complets. 4700 billets avaient été vendus dimanche.
En 2018, 5148 personnes ont assisté au match de barrages contre les Pays-Bas à Schaffhouse. Là aussi, il s’agissait d’un match capital pour les qualifications en vue de la Coupe du monde.
Le record absolu pour un match de football féminin en Suisse ne sera par contre pas contesté à Thoune puisque la capacité totale du stade bernois est inférieure à 10 000 places.
L’automne dernier, 12 782 supporters s’étaient déplacés au Stade de Genève pour l’affiche entre Servette Chênois et Chelsea en phase de groupes de la Ligue des champions.
Matthias Dubach
Stratégie centrée sur la proximité
En 10 ans, l’affluence moyenne des supporters pour les matches à domicile de l’équipe nationale féminine a augmenté. À titre d’exemple, lors du match de qualification pour la Coupe du Monde de 2014 contre l’Islande, on comptait 1340 spectateurs, alors qu’en octobre dernier, ils étaient 3803 à soutenir la Nati lors de leur rencontre avec la Roumanie. De manière générale, malgré les fluctuations, il semble qu’une tendance à la hausse se confirme.
Alors comment expliquer ce phénomène? Le chef de presse de la Nati féminine, Dominik Erb, avance une première hypothèse: «C’est notamment parce qu’on fait plus de promotion pour les clubs, plus particulièrement pour l’équipe des juniors. Pour les jeunes générations, regarder des hommes ou des femmes jouer, ça n’est plus très différent», se réjouit-il.
Une cheffe de file ambitieuse
Davantage de promotion avec une stratégie précise, centrée sur les villes où se jouent les matches: «Le public est très régional. Nous devons alors miser sur les personnes qui habitent aux alentours du stade. Et ça marche!»
Un engouement salutaire pour l’équipe féminine et qui a aussi ses avantages financiers: plus de ventes et plus de sponsors entraînent plus de revenus. Cette augmentation reste toutefois à relativiser: «Il s’agit d’une centaine de billets, on ne compte pas en milliers, comme c’est le cas pour l’équipe masculine».
L’Association suisse de football compte mettre ainsi les bouchées doubles pour promouvoir les matches de son équipe nationale féminine.
C’est un des combats de Tatjana Haenni, responsable du foot féminin à l’ASF: «Le foot, c’est aussi du business! Le défi majeur est de montrer que la médiatisation du football féminin bénéficie à tous les acteurs du secteur et que si cela est bien fait, elle n’a rien à envier au foot masculin.»
«Le football féminin, c’est comme les sodas sans sucre»
La dirigeante tient par ailleurs à relativiser la différence d’audience par rapport au football masculin, en rappelant que même les hommes ne remplissent pas toujours les stades. L’affluence se remarque surtout lors d’événements importants. «Pour le football féminin, même si de base il y a moins de public, c’est la même chose, affirme-t-elle. Quand nos athlètes affrontent des matchs importants, la réponse du public est positive.»
Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Encore aujourd’hui, la différence par rapport à l’argent investi dans le foot masculin est immense, même si cela commence à évoluer. «J’aime toujours bien donner l’exemple des sodas sucrés, explique Tatjana Haenni. Pendant longtemps il s’agissait du produit phare. Puis, les marques ont développé des versions light et sans sucre. Ça a pris beaucoup de temps, mais aujourd’hui dans les ventes, elles dépassent les ventes de sodas ordinaires.»
Attirer davantage d’amateurs de ballon rond aux matches de football féminin, c’est donc un peu comme le Coca Zéro: ça ne s’impose pas du jour au lendemain.
Candidature suisse pour l’Euro 2025
La cause du football féminin pourrait d’ailleurs bientôt trouver un tremplin de choix. En décembre, la Suisse sera peut-être choisie pour organiser l’Euro en 2025. Une perspective qui met des étoiles dans les yeux de tous les fans de foot, dont Dominik Erb qui s’exclame: «Si la Suisse obtient l’Euro, ce serait magnifique».
L’occasion de faire une belle promotion du football féminin auprès du grand public. Qui ne rêverait pas de voir les gradins du Wankdorf pleins à craquer pour un match opposant la Nati féminine à la légendaire équipe nationale des Pays-Bas? Le record de 2018 et les 5148 billets vendus paraîtrait alors bien modeste.
Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.
Les productions des étudiants de l'AJM avant la «finale» contre l'Italie:
- Une qualification pour le Mondial féminin couvre à peine les frais
- Pourquoi la Nati chasse-t-elle le (gazon) naturel?
- Nils Nielsen, l'entraîneur philosophe à la tête de la Nati
- Un record d'affluence pour l'équipe de Suisse ce soir?
- Les Suissesses se font une place dans la cour des grandes
- La Suisse compte sur ses revenantes contre l'Italie
- La double vie des footballeuses de l'équipe de Suisse
- Nati féminine: en vingt ans, peu de changement
Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.
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