Niels Nielsen tient enfin son premier grand rendez-vous à la tête de l’équipe de Suisse: l’Euro féminin en Angleterre, cet été. Le Danois a toutes les raisons de croire à un «exploit d’outsider» avec les Suissesses, lui qui avait mené le Danemark à la médaille d’argent de l’édition 2017.
Confiant, il ose même le parallèle avec son ancienne équipe: «Nous tenons un rôle assez similaire à celui des Danoises il y a cinq ans. Nous avons ce qu’il faut pour créer la surprise.» Le sélectionneur garde toutefois la tête sur les épaules, soulignant que la Suisse a tiré dans son groupe «les deux équipes les plus dominantes en Europe, la Suède et les Pays-Bas».
Mais avant ces possibles étincelles à l’Euro, Nils Nielsen et la Nati doivent sécuriser leur première place dans le groupe G des qualifications pour la Coupe du monde 2023. Après avoir concédé un nul décevant vendredi à Bucarest contre la Roumanie (1-1), les Suissesses accueilleront leurs dauphines italiennes, qu’elles devancent d’un petit point, pour une «finalissima» mardi à Thoune (17h45). Une rencontre où la science tactique de l’entraîneur des Suissesses pourrait se révéler déterminante.
L’homme à tout faire… parfois trop
Souriant et détendu lors de la conférence de presse précédant le match en Roumanie, le Danois semble tout connaître de la recette pour transcender ses joueuses. Si «ne pas confondre peur et nervosité» est un ingrédient principal, sa bonne humeur communicative pourrait bien être l’assaisonnement qui fait toute la différence.
Même en pleine conférence de presse, Nils Nielsen reste volontiers blagueur et n’hésite pas à taquiner ses protégées. Luana Bühler a ainsi été «piquée» sur son niveau d’anglais. Elle qui ne voulait d’abord pas se mouiller dans la langue de Shakespeare, finit par prouver à son coach qu’elle en est parfaitement capable. L’air de rien, une leçon de pédagogie.
À l’évocation des différences de traitement entre la Nati des hommes et celle des femmes, le sourire de Nils Nielsen s’efface. Alors que Murat Yakin peut se consacrer à temps plein à Shaqiri et ses coéquipiers, lui chapeaute également les équipes féminines M17 et M19.
«Cette organisation implique que nous devons souvent définir des priorités, chose dont les hommes n’ont pas à se soucier.» Des priorités qui ne prennent pas toujours en compte la santé du staff, par exemple, qui travaille «beaucoup trop». Au bout de la chaîne, «ce sont les filles qui en paient le prix», déplore l’entraîneur danois. Quant à la qualité de la formation, le bilan est en demi-teinte. «Nous avons un bon programme de développement des talents ici en Suisse, mais trop peu de ressources à disposition», résume Nielsen.
Partir jouer à l’étranger, une solution?
Face à ces infrastructures peu développées, certaines joueuses suisses choisissent la route de l’exil pour progresser. En France, en Angleterre ou en Allemagne, les clubs sont plus compétitifs et peuvent compter sur des moyens largement plus importants. L’appât a tout pour plaire aux Suissesses de talent, mais aux yeux de Nils Nielsen, ce n’est pas forcément la solution. «Je ne pense pas que ça soit nécessairement bon pour toutes les joueuses de partir. Elles doivent plutôt être là où elles se sentent heureuses», estime le sélectionneur. Mais pas question de rester les bras croisés.
Pour éviter cet exode et permettre à chacune «de faire les bons choix au bon moment», le Danois reconnaît un rôle important à sa fédération helvétique, qui doit accélérer le développement des clubs. Dans une dernière démonstration de bienveillance, Nils Nielsen refuse de considérer les «expériences ratées des jeunes joueuses à l’étranger» comme des échecs définitifs: «Cela n’a souvent rien à voir avec leur talent, mais simplement avec une question de timing qui n’était pas bon.» Plus qu’un entraîneur, les Suissesses de la Nati tiennent là un philosophe...
Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.
Les productions des étudiants de l'AJM avant la «finale» contre l'Italie:
- Une qualification pour le Mondial féminin couvre à peine les frais
- Pourquoi la Nati chasse-t-elle le (gazon) naturel?
- Nils Nielsen, l'entraîneur philosophe à la tête de la Nati
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- Les Suissesses se font une place dans la cour des grandes
- La Suisse compte sur ses revenantes contre l'Italie
- La double vie des footballeuses de l'équipe de Suisse
- Nati féminine: en vingt ans, peu de changement
Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.
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