Travail le jour et match le soir
La double vie des footballeuses de l'équipe de Suisse

En pleines qualifications pour le Mondial, et avant le match décisif de mardi à Thoune, l’entraînement est intense pour la sélection féminine. Cela n’empêche toutefois pas les sportives de jongler vaillamment entre travail, études et leur poste au sein de la Nati...
Publié: 12.04.2022 à 15:04 heures
Fabienne Humm travaille à 100% à côté de son poste d'attaquante à la Nati et au FC Zurich.
Photo: Sven Thomann
Cléa Mouraux et Gaëlle Monayron

À 25 ans, Julia Stierli est l’une des neuf défenseures de l’équipe nationale de foot féminine. Mais pas d’illusion: ce poste ne la dispense d’aucune obligation. Comme la plupart de ses coéquipières, la jeune femme est contrainte de gérer simultanément sa carrière de sportive et ses études. Il arrive donc que la future physiothérapeute soit même forcée de manquer des matches à cause de ses révisions ou de certains cours obligatoires. Mais «si elle loupait ses examens, elle devrait refaire une année entière, ce qui serait pire», estime Niels Nielsen, sélectionneur de l’équipe nationale qui, après s’être qualifiée pour l’Euro cet été, espère participer à la Coupe du monde 2023.

Si parmi les 23 joueuses helvétiques, quelques-unes ont la chance de vivre de leur passion et peuvent se consacrer entièrement aux entraînements, la majorité n’a pas d’autres choix que d’enfiler une double casquette. En dehors de la pelouse, certaines travaillent pour subvenir à leurs besoins et d’autres étudient afin de s’assurer une deuxième carrière. Car faire partie d’un grand club européen ne permet malheureusement pas toujours de payer les factures.

Gaëlle Thalmann, 36 ans, travaille par exemple à temps partiel pour l’Association suisse de football (ASF), où elle s’occupe d’un programme qui tend à encourager les jeunes filles de 5 à 8 ans à s’essayer au foot. La gardienne semble toutefois plutôt satisfaite: «C’est sûr que le fait de travailler à côté des entraînements peut ajouter de la fatigue, mais pour moi c’est aussi un bon moyen de me vider la tête et de varier mon quotidien. J’ai toujours eu quelque chose d’autre à côté du foot pour me changer les idées.» Elle ajoute: «D’autant que j’ai un job motivant, donc ce n’est pas une charge. J’ai conscience de la chance que j’ai de pouvoir travailler à l’ASF, car mon employeur est très compréhensif. Ma carrière de joueuse passe avant tout. C’est donc mon travail qui s’adapte à mes horaires d’entraînement, et non l’inverse.»

«Il faut concilier les deux»

En temps normal, les joueuses s’entraînent cinq fois par semaine, parfois quatre si des matches sont prévus le week-end. Dans les clubs suisses, les entraînements ont principalement lieu le soir. À l’étranger, les encadrements plus professionnels permettent aussi d’offrir une meilleure récupération et des soins plus poussés.

Le sélectionneur, Niels Nielsen, constate pour sa part que travailler à côté a davantage un impact sur l’organisation de la vie quotidienne des joueuses que sur leurs entraînements. Il se montre d’ailleurs clément face à cette réalité. Selon lui, la meilleure solution «c’est de les laisser concilier les deux, tant que ça marche». D’ailleurs, «je n’ai pas envie de leur dire qu’elles seront remplacées si elles ne viennent pas s’entraîner, car elles ont le droit d’avoir d’autres obligations, c’est incontournable. C’est un peu comme si elles étaient blessées, en soi.» À titre d’exemple, il cite notamment Fabienne Humm, qui travaille à 100% en dehors de son poste d’attaquante. «Elle a un super niveau et elle arrive bien à gérer les deux en même temps. Elle connaît l’équipe et n’a donc pas besoin d’être là à tous les entraînements, ce n’est pas grave si parfois elle en manque.»

Regarder vers l’avenir

À 26 ans, Luana Bühler jongle de son côté entre son poste de défenseure et un master en économie: «Oui, il a fallu trouver un équilibre, mais j’ai la chance de pouvoir suivre mes cours en ligne. C’est vraiment un luxe, car ça me permet d’avancer à mon rythme, de choisir quand j’étudie ou non et, si besoin, de remettre une partie du travail à plus tard.» L’athlète considère que ses études sont surtout une sécurité pour la suite: «On ne peut pas juste faire du foot et voir ce qu’il se passera après, il faut se préparer car on n’aura jamais assez d’économies pour étudier plus tard, ou même pour ne pas avoir besoin de travailler.»

Les études sont aussi pour elle une manière d’être stimulée différemment sur le plan mental: «Au foot, l’accent est beaucoup mis sur le physique. Mon master me permet de développer des compétences complètement différentes, c’est donc plus équilibré.»

L'avenir du journalisme

Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.

Les productions des étudiants de l'AJM avant la «finale» contre l'Italie:

Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.

Les productions des étudiants de l'AJM avant la «finale» contre l'Italie:

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